En annonçant en octobre le rebranding de la G Suite en Google Workspace, Google avait bien évoqué un aménagement de sa grille tarifaire. À première vue, rien de trop douloureux. Google maintenait les prix de ses anciens forfaits G Suite Basic et G Suite Business, respectivement à 5,2 € et 10,4 € HT, sur ses nouveaux forfaits Google Workplace Business Starter et Google Workplace Business Standard. Moyennant certes quelques spécifications fonctionnelles revues à la baisse, notamment en termes de capacité de stockage. Pour bénéficier d’un périmètre fonctionnel proche de l’ancien G Suite Business, il fallait passer sur un nouveau forfait « Business Plus » à 15,6 € HT.

Mais le gros point noir était ailleurs : les clients n’ont pas tardé à découvrir que ces tarifs n’étaient valables que pour 299 déploiements maximum. Alors que les forfaits G Suite Basic et G Suite Business pouvaient être déployés en nombre illimité, désormais les clients doivent souscrire des licences « Enterprise » à 17,3 € HT au-delà de 300 utilisateurs.

Un partenaire Google nous remonte ainsi le cas d’un de ses clients qui avait souscrit un service Business à 10,4 € HT par mois pour 500 utilisateurs et une offre Basic à 5,2 € HT par mois pour 800 utilisateurs. Soit un budget mensuel d’environ 9.360 € HT pour 1.300 utilisateurs. Ce client se voit proposer aujourd’hui de migrer vers une offre incluant 299 comptes Starter à 5,20 € HT et 992 comptes « Enterprise » à 17,30 €. Soit un total mensuel qui double à plus de 18.700 € HT. « Qu’est-ce qui peut justifier cela ? », s’interroge ce partenaire. Et de déplorer : « Le directeur informatique de mon client s’était battu pour imposer Google en interne face à Office. Aujourd’hui, il a vraiment l’impression de se faire tordre le bras ».

« Cette obligation de passer sur une formule « Enterprise » pour les clients ayant plus de 300 utilisateurs a été ressentie comme une vente forcée pour certains clients concernés », convient un autre partenaire. « Google ne tient pas compte de la réalité des clients [en cherchant à leur] imposer par des règles absurdes des choses dont [ils] n’ont pas besoin », souligne-t-il.

L’un et l’autre reprochent au passage à Google un manque de ressources sur le segment SMB. « On court après l’information », note l’un. « Cela a été très compliqué d’avoir des informations de la part des gestionnaires de comptes de Google qui n’en savaient pas plus que nous », confirme l’autre.

Sollicité pour s’exprimer sur les raisons de cette hausse tarifaire et ses conséquences pour ses clients et ses partenaires, Google France n’a pas répondu jusqu’à présent.

On peut toutefois émettre l’hypothèse que Google a souhaité s’aligner sur la politique commerciale de Microsoft, qui oblige lui aussi les clients à payer le prix fort au-delà de 300 utilisateurs pour sa suite Office 365. Échaudé par le doublement de son budget mensuel, le client cité plus haut a demandé une cotation à Microsoft sur 365. Et curieusement, la proposition de Microsoft a été comparable à quelques centaines d’euros près à celle de Google. Microsoft lui a proposé 300 comptes Office 365 E1 à 5,81 € HT et 992 comptes Office 365 E3 (992 comptes) à 16,91 € HT, soit environ 18.500 € par mois. Inutile de préciser que ce client a renoncé à remigrer vers Office, la différence de prix entre les deux offres ne justifiant pas de reformer ses 1300 collaborateurs au produit de Microsoft après plusieurs années d’utilisation de Google.

Au moment du changement de marque de G Suite, la suite de productivité Google comptait plus de six millions de clients professionnels dans le monde, selon une information publiée par ZDnet.