Le contexte sanitaire n’a pas entamé le potentiel de croissance du bordelais Cap Ingelec qui a enregistré en 2020 une augmentation de 30% de son activité, similaire à celle qu’il avait connue en 2019. Une croissance d’autant plus remarquable que l’entreprise d’ingénierie spécialisée dans la conception et la réalisation de bâtiments techniques complexes a atteint une taille respectable avec ses 110 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé en 2020 et ses plus de 300 salariés.
Cap Ingelec profite notamment du boom du marché des datacenters qui pèse plus de la moitié de son chiffre d’affaires. Un marché dont Cap Ingelec estime la croissance autour 15% par an à l’échelle mondiale. En France, où l’entreprise réalise encore l’essentiel de ses revenus, et en Espagne, où elle est implantée, la croissance est même supérieure à 15%, selon Olivier Labbé, son directeur général adjoint. « La France est un marché déjà mature donc c’est vraiment une excellente performance », souligne-t-il.
Les fortes croissances que connaissent actuellement la France et l’Espagne s’expliquent selon lui par la réglementation européenne sur la protection des données qui a obligé les Gafam à construire des datacenters sur le continent en privilégiant les villes comme Marseille ou Madrid vers lesquelles convergent de nombreux câbles de télécommunication sous-marins (en provenance d’Asie et du Moyen-Orient pour la première et d’Amérique du Sud pour la seconde).
Autre facteur de croissance pour Cap Ingelec, l’émergence d’un marché de datacenters de proximité (edge), stimulé par la nécessité pour les acteurs de l’hébergement d’aller au plus près des utilisateurs ou des sources de données pour gagner en temps de réponse sur les traitements associés aux usages 5G, aux objets connectés, aux villes intelligentes, etc.
Si elle délaisse habituellement le segment des petits centres de données, qui ne lui permet pas d’exprimer pleinement toute la palette de son savoir-faire, la société d’ingénierie se trouve à son aise sur ces centres de données edge, certes plus petits que les centres de données régionaux mais aussi – voire plus – complexes. « Ces datacenters sont généralement urbains et doivent à ce titre respecter un environnement très contraint : forme atypique des surfaces à aménager, niveau sonore à ne pas dépasser, faible capacité des lieux à recevoir des équipements volumineux ou lourds… », explique Olivier Labbé.
« Les datacenters edge offrent en général des surfaces de 100 à 400 m² de salle IT avec une densité électrique de l’ordre de 1,2 à 1,5 kW/m², détaille le directeur général adjoint. Ils accueillent 40 à 160 baies et demandent une puissance de raccordement au réseau Enedis comprise entre 300 kW et 1.200 kW. Ils s’appuient sur des secours de type groupe électrogène fuel ou pile à combustible, voire batteries. Ils sont refroidis par compression (avec utilisation de gaz frigorigène à faible potentiel de réchauffement global), par « geocooling » (utilisation de la température constante du sous-sol) ou par le réseau de froid urbain. »
Pour mieux saisir les opportunités de ce marché, Cap Ingelec s’est associé il y a un an avec le spécialiste de la transaction immobilière d’entreprise CBRE. Grâce à ce partenariat, Cap Ingelec est en mesure de s’engager en maîtrise d’ouvrage sur la totalité des projets de centres de données edge, de l’identification de l’emplacement à sa transformation en centre de donnée, en passant par la transaction immobilière.
Cap Ingelec bénéficie également du dynamisme de son activité internationale représentée par sa filiale Cap DC, qui pèse pour 25% de ses revenus. Un dynamisme conforté par le choix de la société de se concentrer sur l’Europe du Sud et l’Afrique francophone, pays sur lesquels elle n’a pas à affronter la concurrence des acteurs anglo-saxons. « Les normes administratives et techniques des pays d’Europe du Sud et d’Afrique francophone sont très différentes de celles dont ont l’habitude les sociétés d’origine anglo-saxonne, ce qui rend très difficile leur réussite sur ces marchés », décrypte Olivier Labbé.
Comme dans tout le secteur IT, Cap Ingelec évolue sur un marché en forte carence de profils expérimentés. Du coup, l’entreprise recrute beaucoup de jeunes diplômés. Et pour attirer et surtout fidéliser ses collaborateurs, elle mise sur l’actionnariat salarié. Depuis 2017, ces derniers ont la possibilité d’entrer au capital de l’entreprise. Une initiative qui a rencontré un vif succès puisque 80% des salariés sont actuellement actionnaires de l’entreprise à hauteur de 20% de son capital. Un dispositif qui participe très certainement au succès de l’entreprise.