Le projet est né dans le foisonnement du premier confinement de la rencontre de quatre entrepreneurs spécialisés dans la donnée : Lauren Sayag et Stéphane Messika (fondateurs de l’intégrateur Kynapse), Arnaud Muller (fondateur de la plateforme DataOps Saagie) et Jérôme Valat (fondateur d’oXya).

Réunis dans le cadre du collectif coData qui visait à aider les acteurs publics dans la lutte contre le Covid via l’utilisation des technologies de gestion et de valorisation de données, ils ont fait le constat que les acteurs français de la data, malgré la richesse de leur écosystème, étaient incapables de lutter contre les grands acteurs américains du type Palentir ou C3 IoT qui proposent des hubs de données complets et tout intégrés.

D’où l’idée de fédérer dans une plateforme unique l’ensemble des solutions françaises et européennes permettant de « proposer un parcours complet et toutes les fonctions dont les clients ont besoin pour exploiter le potentiel de leurs données », expose Jérôme Valat. Ensemble, Lauren Sayag, Stéphane Messika, Arnaud Muller et Jérôme Valat ont donc créé Cleyrop en décembre dernier. « L’objectif, c’est de faire de Cleyrop une courroie d’entraînement de l’écosystème européen de la donnée et de l’intelligence artificielle (data/IA), détaille Jérôme Valat.

En pratique, Cleyrop embarque une bonne dizaine de solutions existantes : la partie orchestration repose sur la technologie Saagie et le catalogage sur l’offre de Data Galaxy. Toucan Toco apporte sa solution de visualisation, Open Datasoft, son offre de partage de données, Ekimetrics ses librairies d’algorithme d’intelligence artificielle, Cosmian, sa technologie de chiffrement des flux de données, Sekoia son offre de protection des données et Wallix son offre de protection des accès à privilège. Enfin, des accords ont été négociés avec OVH et Outscale, qui permettent à Cleyrop d’ajouter une dimension souveraine à son offre. Des contacts sont en cours avec d’autres clouds souverains tels Scaleway et Bleu (l’alliance Orange-Capgemini).

Le marché est particulièrement porteur à en croire Jérôme Valat. « La crise a permis de réaliser que nous étions collectivement très consommateurs de données, et notamment de données enrichies ayant vocation à servir de support  à la décision ». À l’image de l’initiative de Guillaume Rozier, ce jeune ingénieur de 24 ans, dont le site CovidTracker, basé sur des restitutions de données publiques continue d’influencer jusqu’à aujourd’hui la politique sanitaire gouvernementale. « La digitalisation des entreprises associée à la généralisation du télétravail revient à migrer vers un monde plus centré sur la donnée », poursuit Jérôme Valat. Ce dernier note au passage que ce marché est extrêmement créateur d’emplois et que la création d’un acteur souverain tel que Cleyrop est de nature à pérenniser ces emplois en Europe.

L’initiative séduit en tout cas les investisseurs. L’entreprise vient de recevoir 4 M€ apportés pour moitié par Bpifrance et pour l’autre moitié par une vingtaine de business angels (investisseurs physiques). Des fonds qui lui permettront de se développer de manière, autonome jusqu’en 2023, année de lancement de son expansion européenne, qui nécessitera une nouvelle levée de fonds.

Cleyrop compte actuellement une vingtaine de collaborateurs et devrait passer le cap des 35 d’ici à la fin de l’année. L’entreprise compte réaliser 3 M€ sur cinq clients cette année et atteindre 10 M€ dès l’année prochaine en portant le nombre de ses clients à une quinzaine.