Alors que le premier semestre est en passe de s’achever, Didier Taupin, directeur général délégué de Keyrus, fait le point sur le niveau d’activité du groupe, sa stratégie cloud et ses dernières signatures de partenariat.

 

Channelnews : Vous venez d’annoncer un accord de partenariat international avec l’éditeur de solution de BI Qliktech. Or vous travaillez ensemble depuis déjà des années. Vous avez même été élu Partner of the year pour l’année 2009. Qu’est ce qui change exactement dans vos relations avec cet accord ?

 

Didier Taupin : En effet, nos relations ne datent pas d’hier puisque nous sommes leur premier partenaire en France depuis 2007. Mais le partenariat a été initialisé en France. Ce contrat établit que nos deux sociétés ont mis leur organisation en ligne pour travailler ensemble selon les mêmes protocoles partout dans le monde, y compris dans les pays les plus lointains. Cela va permettre de généraliser les bonnes pratiques et de travailler de manière plus efficace, dans la confiance.

 

Avez-vous formalisé une stratégie autour du cloud ?

 

Didier Taupin : Oui nous avons monté notre propre plate-forme de cloud privé virtuel il y a un an. Elle est issue de notre offre d’hébergement classique. On met des capacités à la disposition des clients qu’on leur facture en fonction de leur utilisation. En général, les clients nous demandent de reproduire des environnements ou des applications existantes. Nous utilisons aussi cette plate-forme pour accélérer ou développer des projets : on propose sous forme de service des applications que les clients ne peuvent pas ou ne veulent pas acheter sous forme de licence. Mais le cloud ne se résume pas à l’externalisation d’applications. On propose aussi les services de tiers comme ceux de Bime, qui propose une offre de business intelligence dans le cloud.

 

Ça ne vous pose pas de problème de relayer des offres purement cloud qui risquent de cannibaliser votre business traditionnel ?

 

Didier Taupin : Notre rôle, c’est de connaître ce qui existe, de bien faire le tri pour conseiller les offres adaptées aux besoins et aux usages des clients et de les intégrer à leur existant. Si une offre est bonne, on n’a qu’une alternative : la préconniser ou l’ignorer, au risque de sortir tôt ou tard du marché. Certes certaines offres vont peut-être contribuer à faire baisser notre ratio de services. Ce n’est pas une raison pour rester tétanisé. Du reste, je ne suis même pas persuadé que l’on ait à y perdre. Certes le cloud peut simplifier les choses dans un premier temps. Mais cela permet de dégager des moyens pour d’autres projets. Et dès lors que le nombre d’utilisateurs et de données à gérer augmente, la complexité ressurgi justifiant le recours à l’expertise. L’innovation est positive. Le drame, c’est quand il n’y en a pas.

 

Le déploiement de votre stratégie cloud représente-t-il des investissements importants ?

 

Didier Taupin : On voit bien que le cloud va décoller, que ce n’est plus seulement un sujet abstrait mais une réalité. On se doit de suivre le marché et d’intégrer les offres de nos partenaires dans nos réflexions. Cela suppose en effet des investissements. Il faut sélectionner les offres, les tester, les incuber, démontrer leur intérêt pour les faire passer dans les pratiques… C’est le rôle de notre centre d’innovation. Mais cela reste un des domaines dans lequel nous investissons au même titre que la mobilité ou la haute performance.

 

Parleriez-vous d’accélération de votre croissance au premier semestre ?

 

Didier Taupin : Non. Notre activité évolue au même rythme que l’année dernière. Nous sommes sur une croissance de l’ordre de +13% sur l’activité BI et +4% sur les ERP (soit environ 11% au global) contre respectivement +17% et 0% l’année dernière. L’activité BI bénéficie du dynamisme des grands comptes internationaux, tandis que l’activité ERP reflète plutôt la situation des PME françaises, dont l’accès au crédit reste difficile malgré un mieux.

 

Comment évoluent vos prix et votre taux journalier moyen ?

 

Didier Taupin : À prestation comparable, on ne constate pas d’inflation sur les prix. Les clients restent très attentifs à ce paramètre. En revanche, on parvient à faire monter notre taux journalier moyen en accroissant la valeur moyenne de nos projets, notamment en accroissant la part de conseil et d’expertise.

 

N’éprouvez-vous pas comme beaucoup de vos confrères des difficultés à recruter ?

 

Didier Taupin : Il est vrai que le recrutement est assez compliqué mais avec de l’organisation et des efforts, on trouve les bons profils. On n’est pas dans la situation que l’on a pu vivre il y a quelques années où à force d’élargir les sources de recrutement, on finissait par embaucher des profils qui n’étaient pas nécessairement au niveau.

 

Les salaires ont-ils tendance à augmenter ?

 

Didier Taupin : Il y a un peu d’inflation sur certains profils, notamment sur les experts BI Finance. Mais nous ne sommes pas de ceux qui participent à une éventuelle flambée des rémunérations.

 

Avez-vous des acquisitions en vue ?

 

Didier Taupin : Nous sommes de nouveau à l’affut d’opportunités depuis le début de l’année après avoir terminé le chantier de rationnalisation de notre organisation entamé en 2009. Mais les cibles potentielles doivent être pourvoyeuses de synergies très fortes en termes d’activités, d’expertises ou de clients, nous être culturellement compatibles et être à un prix raisonnable. Cela exlut d’emblée les sociétés de services traditionnelles, où la volatilité est importante. Nous visons des retours sur investissement de deux à trois ans maximum.

 

Comment démarre votre activité conseil en management ?

 

Didier Taupin : Elle bénéficie d’une très bonne dynamique du fait de sa forte complémentarité avec l’activité BI. On vient ainsi de gagner AB InBev dans le cadre d’un contrat de refonte de leur BI inititié en Belgique et qui est en train de s’étendre aux autres filiales du groupe.

 

Comment se présente la deuxièma partie de l’exercice ?

 

Didier Taupin : Si le ciel ne nous tombe pas sur la tête, il n’y a pas de raison que l’activité faiblisse sachant que la demande et l’innovation sont au rendez-vous.