Après des mois de flou artistique, Broadcom a enfin dévoilé les détails de sa nouvelle politique de distribution et tarifaire VMware.

En France, 80% des quelque 450 partenaires accrédités pour la vente de licences ont été invités à poursuivre leur relation contractuelle dans le nouveau programme. Comme annoncé, Broadcom a cessé la commercialisation des licences perpétuelles. Et depuis le 1er février, les partenaires ne peuvent plus commercialiser de renouvellements de maintenance. Les clients sous maintenance restent supportés mais ceux qui arrivent à échéance doivent désormais basculer en mode souscription.

Si, sur la partie revente de licences, la transition de l’ancien vers le nouveau programme se fait sans laisser trop de partenaires sur le bord du chemin, ce n’est pas le cas sur la partie Cloud : seuls ceux étant en mesure de s’engager sur un minimum de 3.500 cœurs et déjà certifiés sur la pile vSphere Cloud Foundation, soit une trentaine de partenaires sur environ 200 (l’équivalent de 15%), ont pu conserver leur contrat. Les autres, autrement dit les partenaires qui relevaient auparavant de la catégorie Registred, doivent désormais se concilier les bonnes grâces des partenaires contractuels restants (en l’occurrence les Premier et les Pinnacle) et abandonner 5% de marge, pour continuer à servir leurs clients en marque blanche car ils ne pourront plus se fournir chez les agrégateurs (les grossistes).

Du côté de ces derniers, TD Synnex et Arrow ont obtenu la reconduction de leur contrat. Ils deviennent ainsi des Cloud Commerce Manager (CCM) dans la terminologie Broadcom. En revanche, Dell Distri perd son agrément.

Quant à l’offre, elle a été, comme prévu, drastiquement rationnalisée. Exit les dizaines de références produit. Il ne reste désormais que quatre solutions : vSphere Essentials pour les environnements comprenant au plus 96 cœurs ; vSphere Standard pour les environnements comprenant au moins 16 cœurs, vSphere Foundation et vSphere Cloud Foundation (qui intègre toute la suite Vmware). Et, comme annoncé, plus question d’accéder simplement à l’hyperviseur. C’est toute la pile ou rien du tout.

Du côté de la tarification, on passe d’un calcul à la quantité de vRam à un calcul fondé sur le nombre de cœurs.  « C’est plus facile à calculer, mais cela rend toute comparaison difficile car c’est très dépendant de l’architecture existante, expose un hébergeur. Cela va pousser les hébergeurs et les clients à revoir leurs plates-formes. Sans rien changer, un client qui a des machines virtuelles vSphere sur des serveurs physiques un peu anciens, peut voir son prix multiplié par 2 ou 3 [voire 4 selon l’un de ses confrères]. Mais c’est une opportunité de refondre son architecture et d’utiliser toutes les couches applicatives disponibles dans VCF. Au final, certains clients pourraient même payer un peu moins qu’avant. »

Sur les souscriptions, les partenaires notent des augmentations allant de 20% à 45%.

Bien-sûr ces évolutions sont perçues différemment selon que les partenaires poursuivent ou non leur relation contractuelle et selon leur degré d’utilisation de la pile VMware. Les réactions vont du plus négatif au plus positif. « Cette situation nous montre la véritable image de ce qui peut être de plus détestable chez un éditeur qui n’a que faire des besoins du marché et de ses clients », déplore ainsi un hébergeur qui ne remplit pas le critère des 3.500 cœurs et qui n’utilise pas la pile complète.

Mais d’autres, qui ne remplissent pourtant pas non plus le critère des 3.500 cœurs, voient dans cette bascule vers une souscription par cœurs et l’obligation de souscrire à la pile complète, une opportunité de proposer du service. « Nous allons aider les clients à consolider leurs cœurs, pour réduire leur facture, et nous allons les accompagner vers le software define datacenter (SDDC) pour mieux utiliser la pile complète », avance un partenaire qui possède déjà toutes les certifications requises pour cela.

Mais les partenaires sont relativement unanimes pour dire que cette situation va favoriser l’émergence d’alternatives. « Nous avons une vision plutôt positive de la situation, détaille l’un d’eux. C’est une opportunité de changement. Depuis l’annonce, nous avons anticipé en nous tournant vers l’open source (KVM, Proxmox). Des technologies que l’on maitrise parfaitement et sur lesquelles la grande majorité de nos clients nous suivent pour leurs futures plateformes. »

Certes, cela va poser des défis liés notamment à la sauvegarde, à la sécurité, à la compatibilité des applications et à la formation nécessaire pour migrer vers ces nouvelles plateformes. Mais, comme le pronostique un partenaire : « comme toujours, le marché s’adaptera ».