Alors que la virtualisation progresse à un rythme rapide dans les entreprises, VMware entend profiter de sa position de force pour accompagner ses clients vers le cloud, en s’appuyant sur ses produits et ceux de l’alliance VCE.

 

Un mois à peine après l’édition américaine de VMworld, l’édition européenne de la conférence utilisateur de VMware n’a guère apporté de nouveautés côté produit, un fait qui était sans doute prévisible au vu de la proximité des deux événements. VMworld Europe 2010 aura toutefois permis à l’éditeur de faire l’étalage de sa puissance sur le marché des datacenters d’entreprises avec près de 6000 visiteurs – alors que l’éditeur n’en attendait à l’origine que 5000. Le salon aura aussi été l’occasion de faire le point sur le déploiement de la virtualisation dans les entreprises et sur les efforts de l’éditeur en matière de cloud.

Montée en puissance des déploiements de clouds


L’accent était notamment mis sur le cloud privé, mais aussi sur les premières offres de cloud public labellisées vCloud – la marque qu’accole VMware aux offres des opérateurs faisant usage de sa solution d’orchestration vCloud Director. Colt a ainsi levé le voile sur son offre vCloud, qui sera lancée en Angleterre en novembre, avant de faire son apparition dans d’autres pays européens, dont la France, dans le courant 2011. Comme celle d’Orange, l’offre de Colt s’appuie sur les solutions de VMware, mais également sur des serveurs Cisco UCS et sur les baies de stockage d’EMC.

La montée en puissance de VMware, dans les offres de cloud, s’effectue en parallèle d’une adoption croissante de la virtualisation dans les datacenters d’entreprise et d’une industrialisation des processus liés à cette adoption. Comme l’explique Jean-Pierre Brulard, le patron de l’éditeur en Europe, VMware estime aujourd’hui que ses grands clients ont virtualisé environ 30% de leurs serveurs, un chiffre qui devrait passer à plus de 75% d’ici deux ans, si l’éditeur en croit les discussions qu’il mène avec ses clients. Pour un VMware qui truste les grands comptes européens et dont la solution équipe 38 des 40 entreprises du CAC 40, cela augure d’une jolie croissance pour les années à venir, d’autant que l’éditeur a désormais bien plus à vendre que son hyperviseur.

Ce succès et l’intensification des efforts autour du cloud se traduisent par une croissance à vitesse accélérée des effectifs de l’alliance VCE (VMware Cisco, EMC) en Europe. VMware a ainsi récemment multiplié les embauches notamment dans les secteurs du commercial, de l’avant-vente et du consulting. Et Cisco et EMC continuent, eux-aussi, à muscler leurs effectifs. Enfin, la structure Acadia, qui porte l’intégration des vBlocks, les composants d’infrastructure prêts à l’emploi de l’alliance, est à la recherche de son patron pour l’Europe. Le patron monde est quant à lui connu, puisqu’il n’est autre que Michael Capellas, l’ex-patron de Compaq puis de WorldCom, qu’il a dirigé au cours de sa période de redressement, jusqu’au rachat par Verizon.

En musclant ainsi ses effectifs, l’objectif de l’alliance VCE est d’épauler les grands clients dans l’industrialisation de leurs infrastructures virtualisées et de les accompagner dans la migration vers des modèles de type cloud (interne ou externe). Les acteurs de l’alliance ont également renforcé leurs liens avec les grands intégrateurs systèmes tels que Capgemini ou Steria. L’annonce par VMware de ses résultats la semaine prochaine devrait permettre d’en savoir plus sur l’état de l’adoption de la virtualisation, mais si l’on se fie au dynamisme observé sur VMworld Europe, ces résultats devraient être stellaires…

Citrix et Microsoft eux aussi en progression

Face à VMware, Cisco et EMC, les autres fournisseurs d’outils de virtualisation, affichent eux aussi un vrai dynamisme, même si leur empreinte sur le marché reste très inférieure à celle de VMware. Citrix qui était présent sur la conférence, annonce ainsi que près de 1000 serveurs sont virtualisés chaque jour avec sa solution XenServer. Un rythme qui devrait permettre à l’éditeur d’accroitre sa part de marché à environ 18% des serveurs virtualisés en 2010, selon Simon Crossby le CTO de la firme. La réalité autour d’Hyper-V est plus confuse, l’hyperviseur de Microsoft étant embarqué dans Windows Server, il est difficile de savoir le taux d’activation du rôle Hyper-V dans les licences Windows Server vendues par Microsoft. Toutefois, si Hyper-V n’a visiblement pas encore le caractère stratégique que revêt vSphere pour nombre de grandes entreprises, cela n’empêche pas l’éditeur de multiplier les installations à caractère plus tactique. Microsoft, comme Citrix, mise aussi sur le fait que les entreprises ne voudront pas dépendre d’un seul et unique fournisseur d’hyperviseur dans les années à venir. Et de fait, nombre d’entreprises devraient progressivement adopter une stratégie impliquant deux fournisseurs ou plus (« dual sourcing »).

Une bataille bien plus ouverte sur le marché des PME


Une autre bataille d’importance se joue entre Microsoft, Citrix et VMware sur le terrain des PME. Une bataille où les deux challengers sont sans doute en bien meilleure position que sur le marché des datacenters. Le marché des PME représente environ 50% des revenus de VMware en Europe et c’est un marché où historiquement Microsoft et Citrix sont très présents. Si VMware propose avec vSphere Essentials une solution abordable et fonctionnellement intéressante, Microsoft n’a pas à rougir avec le couple Windows Server / System Center Essentials 2010 qui, outre la virtualisation des serveurs, apporte les outils de management nécessaire à la gestion des postes de travail. Quant à Citrix, il peut se prévaloir de la gratuité de son hyperviseur et surtout de son optimisation pour ses solutions de virtualisation de poste de travail – un point qui pourrait intéresser bien des PME. La bataille entre les trois éditeurs sur ce segment devrait donc être totale et bien malin celui qui peut dire qui l’emportera. Une chose est toutefois quasi-certaine : il sera difficile pour VMware d’obtenir, dans les PME, la position dominante qu’il a acquis dans les datacenters des grands comptes.

Mais où est donc passé Oracle VM ?

Attendue à l’origine pour le troisième trimestre 2010, la version 3.0 de l’hyperviseur d’Oracle est pour l’instant portée disparue. Basé sur Xen, OracleVM 3.0 doit être le fruit de la fusion entre les technologies d’Oracle, de Virtual Iron et de Sun. Mais le projet a pris du retard et n’est désormais plus attendu qu’en 2011.

Une explication possible de ce retard est la décision d’Oracle de développer son propre noyau Linux (Unbreakable Kernel) en lieu et place du noyau Red Hat qu’il utilisait jusqu’alors dans sa distribution Linux. Il est vraisemblable que ce noyau soit utilisé pour OracleVM, dans la mesure ou de toute façon, Red Hat a décidé de ne plus inclure le support de Xen dans ses propres noyaux. L’arrivée d’un nouveau noyau dans Oracle Linux, a sans doute aussi contraint Oracle à redévelopper une partie de ses pilotes paravirtualisés (les pilotes paravirtualisés actuels font planter le nouveau kernel au boot dans Oracle VM 2.2).

Une autre explication possible est que le monde Xen est en cours de transition entre les versions 3.x et 4.x. Oracle qui est resté très discret sur le sujet a donc peut-être décidé de se donner un peu de temps pour inclure Xen 4.x dans son hyperviseur et profiter des innovations apportées par cette mouture. Impossible toutefois d’avoir confirmation. Les questions du MagIT à Oracle sur Oracle VM restant desespérement sans réponse. Seule certitude, Oracle continue à contribuer massivement au code Open Source Xen. Les développeurs de l’éditeur sont donc au travail…


Egalement sur LeMagIT :

Sanofi-Aventis : «le SSO améliore la satisfaction et la productivité des utilisateurs»

Marché PC : «les tablettes affectent les ventes d’ordinateurs» selon Gartner