Google Cloud sonne la charge contre Microsoft l’accusant une nouvelle fois de verrouiller par ses pratiques le marché du cloud et de nuire au développement de technologies émergentes comme l’IA.

« Nous craignons que Microsoft veuille adapter ses pratiques vieilles de dix ans, où il avait auparavant un monopole important sur les logiciels sur site, et maintenant d’essayer de les transférer dans le cloud », a déclaré le vice-président de Google Cloud, Amit Zavery, dans une interview à Reuters.

« Si le cloud Microsoft ne reste pas ouvert, nous aurons des problèmes à long terme, même dans les technologies de nouvelle génération comme l’IA, car Microsoft oblige les clients à se tourner vers Azure de plusieurs manières », a-t-il prévenu.

Le dirigeant a également exprimé ses critiques dans une série de messages sur le réseau social X. Il cible en premier lieu les restrictions de Microsoft en matière de licences cloud qui selon lui « limitent les choix et créent des impacts néfastes en aval pour les entreprises, allant de coûts plus élevés à davantage de failles de sécurité, en passant par un effet dissuasif sur les petits fournisseurs de cloud et logiciels, y compris les startups européennes d’IA. »

Amit Zavery appelle aussi Microsoft à mettre fin « à la désignation arbitraire de fournisseur repertorié ». Pour rappel, suite à des plaintes, Microsoft a assoupli ces dernières années sa politique de licences mais en excluant les « fournisseurs répertoriés » qui incluent AWS, Google et Alibaba.

« Microsoft ne devrait pas être autorisé à choisir avec qui il est en concurrence. Il devrait permettre aux clients d’exécuter leurs logiciels précédemment achetés sur n’importe quelle plateforme sans payer jusqu’à 5 fois plus pour utiliser des clouds non-Azure », ajoute-t-il.

Microsoft a toutefois entamé au début du mois des négociations avec le groupe industriel européen CISPE (Cloud Infrastructure Services Providers in Europe) pour essayer de mettre fin à sa plainte auprès de la Commission Européenne pour pratiques anticoncurrentielles.

« Nous sommes heureux que Microsoft vienne à la table pour négocier », commente à ce sujet Amit Zavery. « Il s’agit d’un pas dans la bonne direction sachant que ces restrictions n’ont aucune base technique et peuvent être modifiées à la discrétion de Microsoft ».

Sans participer directement aux négociations en cours, Google peut craindre cependant que les éventuelles avancés n’aillent pas dans son sens. C’est pourquoi Amit Zavery appelle de ses vœux « un processus transparent dans lequel toutes les parties prenantes concernées ont une place à la table ». « Seule une résolution équitable pour tous sur le marché du cloud créera des conditions de concurrence équitables pour tous », ajoute-t-il.

Le dirigeant reste persuadé que la solution viendra des autorités de la concurrence et les exhorte une nouvelle fois à agir :

« Je pense que les régulateurs doivent fournir une sorte d’orientation ainsi que peut-être des réglementations qui empêchent la manière dont Microsoft développe l’activité cloud Azure, et ne permettent pas de repasser d’un monopole sur site à un monopole cloud ».

Des critiques évidemment réfutées par Microsoft qui par la voix d’un porte-parole a déclaré à Reuters :

« Nous avons écouté et travaillé de manière constructive et directe avec les fournisseurs de cloud indépendants pour modifier nos conditions de licence, en répondant à leurs préoccupations et en leur offrant davantage d’opportunités. Dans le monde, plus de 100 fournisseurs de cloud ont déjà profité de ces changements. »

Microsoft minimise aussi ses succès et gains de part de marché dans le cloud :

« Comme le montrent les dernières données indépendantes, la concurrence entre les hyperscalers du cloud reste saine », souligne son porte-parole. « En 2023, Microsoft et Google ont réalisé de légers gains sur AWS, qui continue de rester le leader mondial du marché avec une marge significative. » 

Reste que l’écart se réduit rapidement au point qu’Azure pourrait dépasser AWS en 2026 si la dynamique actuelle perdure.