Malgré les inconnues qui demeurent autour des tarifs, des performances des produits et du rôle du réseau de distribution, les revendeurs voient globalement positivement l’arrivée de Microsoft sur le marché des tablettes.

 

À l’heure où les tablettes commencent à envahir les entreprises, force est de constater qu’Apple continue de dominer largement la compétition avec son iPad. ABI Research crédite la tablette d’Apple de 65% de parts de marché à l’échelle mondiale au premier trimestre. En France, Philippe Goullioud, directeur général de la division distribution d’Econocom confirme que la grosse majorité des ventes en entreprises s’oriente vers l’iPad. « De nombreux clients professionnels se tournent aujourd’hui vers les tablettes Apple faute de vraies tablettes Windows », regrette pour sa part Henri Clement, directeur général du revendeur perpignanais HCI Informatique.

Car si Apple fait beaucoup d’efforts pour élargir sa couverture des marchés professionnels en signant de nouveaux accords de distribution (notamment avec Computacenter, SCC, Econocom et même Osiatis), la plupart des revendeurs continuent d’être exclus de l’écosystème Apple. Une situation de plus en plus mal vécue par les intéressés. D’où l’intérêt suscité par l’annonce de Microsoft. Beaucoup veulent croire aux chances du géant de Redmond. S’il parvient à bousculer la domination d’Apple, il leur ouvrira les portes de ce marché.

« C’est avec impatience que nous attendons […] la convergence PC-tablette-smartphone [proposée par Microsoft] », énonce ainsi Charles Flourez, le Pdg du revendeur pétrocorien (de Périgueux) Le Zéro et l’infini. Pour Philippe Roux, dirigeant d’Alpes Conseil Informatique, la demande est bien là : « j’ai quelques prospects en réserve qui perçoivent [la tablette Microsoft sous Windows 8] comme un outil professionnel susceptible de s’intégrer dans leur organisation informatique ».

« Reste à connaitre son niveau de prix et ses performances réelles, nuance-t-il. On en attend beaucoup, en espérant ne pas être déçu. Steve Ballmer n’est pas Bill Gates ! ». De fait, il subsiste encore beaucoup de zones d’ombre autour des produits présentés par Microsoft. L’ergonomie, l’autonomie, la fiabilité, la rapidité de démarrage, la connectivité… tous ces points seront examinés à la loupe, Apple ayant placé la barre très haut.

Le rôle exact que Microsoft souhaite donner au channel n’est pas non plus bien déterminé. Curieusement Microsoft n’a pas informé ses partenaires de ses intentions. Mais ceux-ci ne s’en émeuvent guère, faisant là encore confiance en la faculté de Microsoft à les associer à son business. Personne ne s’étonne non plus que Microsoft ait choisi de lancer ses propres produits au risque de se fâcher avec ses partenaires constructeurs. « Microsoft a dû comprendre l’intérêt qu’il y avait de maîtriser à la fois l’OS et la plate-forme matérielle », estime l’un d’eux. « Le marché de la tablette est un marché grandissant et Microsoft se doit d’y être présent », juge pour sa part Noël Minard, patron de l’intégrateur A2Com.

Pour autant, les partenaires sont sans illusions, notamment sur la question des marges. « Les marges sur ce type de produit sont infimes et ça ne devrait pas s’arranger », professe Dominique Oliveira, de MCI 47. « Ceux qui ne trouveront pas une méthode rapidement pour générer de la marge avec ces produits seront mal dans pas longtemps vu la vitesse de [transition du marché] vers le cloud », assène pour sa part Christophe Benec’h, directeur commercial d’ABI France, à Rennes.