Les cinq semaines de grèves du printemps 2010 et les 174 licenciements qui ont suivi, ont laissé des traces dans les comptes de Surcouf, qui accuse une baisse de plus de 20% de son CA et 34 M€ de perte pour l’exercice 2010.

 

Surcouf a certainement payé au prix fort les cinq semaines de grève du printemps 2010 et les 174 licenciements – quasi-exclusivement des vendeurs – qui ont suivi. Le chiffre d’affaires a plongé de plus de 20% sur l’exercice clos en mars 2011 (à 170 M€ à comparer aux 270 M€ sur 15 mois de l’exercice précédent) et les pertes ont atteint 34 M€ obligeant l’enseigne à procéder à une recapitalisation de 20 M€ en octobre dernier. Ces chiffres, non publics, viennent d’être dévoilés en interne à l’occasion d’une réunion CCE. Contactée pour les commenter, l’enseigne n’a pas réagi.

 

Les perspectives restent sombres sur l’exercice en cours malgré l’optimisme de façade des dirigeants. La fermeture des magasins de Strasbourg et de Belle-Epine cet été risquent d’aggraver la chute du chiffre d’affaires. Et la direction a d’ores et déjà prévenu que l’activité resterait déficitaire malgré les coupes sombres opérées dans la masse salariale. Celle-ci aurait en effet baissé de plus de 40% en deux ans.

 

Une baisse obtenue en partie par la réduction des effectifs, passés de 650 personnes en 2009 à 510 en septembre dernier, mais également par la baisse des rémunérations des vendeurs. Autrefois indexé sur le chiffre d’affaires réalisé, le calcul de la part variable de leur salaire a été modifié en 2010. Cette rémunération variable est désormais constituée d’une prime de satisfaction clients et d’une commission sur la marge. Mais l’une comme l’autre sont soumises à des seuils de déclenchement, évidemment rarement atteints.

 

Des primes plus virtuelles que réelles qui n’incitent pas au zèle et décourageraient les vocations. Dix-huit mois après le plan social, Surcouf n’a semble-t-il toujours pas stabilisé son effectif de vendeurs. Un rapide coup d’œil sur le site Internet permet de le vérifier que cinq magasins sur les six que compte l’enseigne continuent d’en rechercher.

 

Au-delà de ce problème de rémunération, l’ambiance sociale reste plombée par la pression mise sur  « l’annexe », nom donné à l’ancien siège social parisien, dont la majorité de l’équipe a refusé de rejoindre Lille, où le siège a été transféré. Mais si le projet a été suspendu, il n’a pas été abandonné. De source syndicale les départs s’y multiplieraient, soit par ruptures conventionnelles soit par convocations pour entretien préalable. Et ils ne seraient plus qu’une trentaine à résister contre une cinquantaine à l’origine.

 

Parmi les départs, celui de Vincent Arnaud, directeur général de l’enseigne, en octobre, qui n’est pas passé inaperçu mais qui n’a surpris personne en interne, tant les divergences de stratégie étaient devenues profondes avec Hugues Mulliez, le PDG. Mais celle de Yahia Hajji, directeur général multicanal, en charge de l’exploitation des magasins, a été « une totale surprise« .

 

[MAJ du 2/03/2012] : Hughes Mulliez a finalement confirmé hier le chiffre d’affaires et les résultats de l’exercice 2010-2011 aux Echos. L’enseigne aurait donc réalisé 160 M€ de CA à l’issue de cet exercice (et non pas 170 M€ comme nous l’avons indiqué) et 34 M€ de pertes.