Dans une lettre ouverte au ministre du redressement productif, les salariés de surcouf en colère demandent, via le comité central d’entreprise, que les actionnaires de l’enseigne financent un plan social équitable.

Nous reproduisons in-extenso ci-dessous la lettre des salariés de Surcouf.

Comité Central d’Entreprise Surcouf SAS
139 avenue Daumesnil
75012 PARIS

M. Arnaud Montebourg,
Ministre du redressement productif
Télédoc 136 139, rue de Bercy 75572 Paris Cedex 12

Lettre ouverte à M. le Ministre du redressement Productif

Monsieur le Ministre,
Nous, employés de la société Surcouf SAS et par l’intermédiaire de notre comité central d’entreprise, vous adressons cette lettre ouverte car nous sommes dans l’impasse depuis le 29 février 2012 date à laquelle notre société a été placée en redressement judiciaire.

Notre enseigne a été cédée à Hugues Mulliez, de la famille du même nom, en juin 2009, et dès lors, nous avons été de catastrophe en catastrophe et la crise n’y est pour rien.

C’est 430 salariés sur 6 sites qui sont menacés de licenciement, conséquences de choix stratégiques que nous estimons erronés de notre PDG, qui ont amené la société où elle en est aujourd’hui.

Nous savons que ce courrier, dernier espoir des salariés de Surcouf, pourrait servir à notre Direction pour justifier l’échec de « négociations » qui n’auraient eu lieu que dans la tête de notre PDG / actionnaire, Hugues Mulliez. Mais nous n’avons plus d’autres moyens à notre disposition : nous avons voté en CCE des études de comptes, mais systématiquement la Direction les réfute, ralentissant ainsi la diffusion de l’information, en assignant le CCE devant les tribunaux, le 2 octobre 2012 étant la prochaine échéance.

Nous ne pouvons pas obtenir d’information autrement car les comptes 2011 de l’enseigne Surcouf ne sont même pas encore certifiés et ceux de 2010 l’ont été avec de nombreuses réserves. Malgré les énormités relevées, notre Direction et nos actionnaires sont restés impassibles, nous menant irrémédiablement au redressement.

Nous ne tenons pas à relater notre malheur plus abruptement : toutes autres actions seraient fortement néfastes pour notre enseigne moribonde, nous en sommes conscients et nous ne souhaitons pas en arriver là.

Tous les salariés sont en attente d’information, et sont réellement en demande de reprise de l’enseigne par un meilleur management général et une politique d’entreprise efficace quoiqu’en pense notre Direction actuelle.

Mais il n’est plus question d’attendre qu’un repreneur se manifeste : nous craignons que quoi qu’il arrive, une liquidation des emplois soit mise en oeuvre. Nous savons aussi que la famille Mulliez, première fortune de France, propriétaire d’AUCHAN, de Décathlon et de Leroy Merlin pour ne citer que ceux-là, via notre PDG Hugues Mulliez, ne cherchera pas à favoriser les salariés par le paiement
de formation après la liquidation et encore moins de budgéter un PSE digne : cela a été annoncé en CCE. C’est l’Etat français et donc les contribuables que nous sommes qui paieront la facture.

Ce pourquoi nous sommes également en colère, c’est que notre enseigne a été reprise par un jeune millionnaire, soutenu par son père, Stéphane Mulliez propriétaire entre autre des magasins PICWIC, à travers la Holding LUDERIX International et actionnaire de Surcouf, qui sous couvert de leur nom, de leurs relations et d’une certaine influence n’ont fait que mettre notre société plus bas qu’elle ne l’était avant sa reprise et ceci en toute impunité jusqu’à présent.

Nous avons compris depuis la reprise de notre enseigne, qu’un nom comme Mulliez n’est pas forcément signe de réussite dans les affaires, mais quand il est associé à une telle dégringolade, à un tel échec, ce n’est pas aux contribuables français de payer les pots cassés, mais bien à ceux qui les ont fracassés.
En conclusion, c’est de l’aide que nous vous demandons Monsieur le Ministre.

A notre niveau, nous ne pouvons pas faire plus que de vous demander d’intervenir, afin que nous puissions sortir de ce marasme le plus dignement possible. Nous demandons l’établissement d’un plan social équitable, à la hauteur des années passées à nous battre pour la sauvegarde de l’enseigne. Nous voulons qu’un plan de formation soit intégré à ce PSE, qu’une aide à la création d’entreprise soit également incluse. Car pour l’instant, seuls les émoluments légaux sont prévus, payés par l’Etat Français et l’AGS. Alors que les actionnaires de Surcouf SAS ne voient qu’une chose : récupérer un maximum sans se soucier des salariés.

Nous ne pouvons concevoir qu’après deux plans sociaux effectués en 2010 et 2011, où 40% des salariés de Surcouf ont été remerciés, ceux qui ont suivi le « projet humain » d’Hugues et Stéphane Mulliez soient sacrifiés et mis au chômage avec le minimum d’indemnités, alors que son PDG, Hugues Mulliez aura spéculé sur l’immobilier grâce à l’enseigne Surcouf, et aura fait payer les dettes de son entreprise précédente (Youg’s) en l’intégrant dans les comptes de Surcouf via un mali de fusion.

C’est pourquoi, Monsieur le Ministre, nous sollicitons auprès de vous, un entretien pour que nous trouvions une solution et que vous puissiez comprendre plus amplement notre désarroi, notre colère et l’amertume qu’un tel traitement va engendrer dans la vie de 430 salariés et des familles qui y sont rattachées.

Dans l’attente d’une réponse favorable de votre part, veuillez recevoir, Monsieur le Ministre, nos sincères salutations.

Les représentants du personnel de l’enseigne SURCOUF SAS