L’offre de rachat conjointe de SFR par ses trois principaux concurrents, Orange, Bouygues Telecom et Free (Iliad), a été « immédiatement rejetée » par Altice France, maison mère de l’opérateur. Cette proposition, d’un montant de 17 milliards d’euros, visait l’acquisition de la plupart des actifs de SFR et avait été officialisée mardi 14 octobre en soirée. Le rejet a été annoncé dès mercredi matin par Arthur Dreyfuss, PDG d’Altice France, dans un message interne aux salariés, sans apporter plus de détails sur les raisons de ce refus.
Dans un communiqué commun les trois opérateurs ont pris acte de ce rejet mais réaffirmé leur volonté de « créer un dialogue constructif avec le Groupe Altice et ses actionnaires ». Ils ont également rappelé que leur projet visait à « préserver un écosystème concurrentiel au bénéfice des consommateurs » et à « favoriser la poursuite des investissements dans les infrastructures télécoms nationales ».
Pour les analystes, le rejet de cette première offre n’a rien d’une surprise, cette dernière pouvant surtout servir à poser un cadre de négociation. Selon la banque UBS, l’estimation à 21 milliards de la valeur totale d’Altice France par ses concurrents est « juste en deçà » de la valorisation moyenne calculée sur le secteur. Elle est en tout cas loin des 30 milliards qu’espérait Patrick Drahi de la vente en début d’année.
D’un autre côté, le groupe Altice a retrouvé des marges de manœuvre en finalisant le plan financier qui a permis de réduire sa dette de 24 à 15,5 milliards contre la cession de 45% du capital aux créanciers. De quoi temporiser pour essayer de faire monter les enchères. Surtout si d’autres concurrents ou fonds d’investissement viennent plus tard s’inviter dans la partie.
Au niveau des réactions politiques, le ministre de l’Économie Roland Lescure, a rappelé qu’il serait « extrêmement vigilant » sur les conséquences pour les consommateurs et la qualité de service.
Les syndicats, pour leur part, ont exprimé de vives inquiétudes quant à l’emploi, redoutant des milliers de suppressions de postes en cas de concentration du secteur. Les trois opérateurs « ont collectivement prévu un milliard d’euros pour les plans sociaux visant à supprimer les emplois en doublon suite à la découpe de SFR », a déploré la CFE-CGC Télécoms dans un communiqué.