Le revendeur de licences logicielles suisse SoftwareOne a annoncé aujourd’hui le rachat de son homologue allemand Comparex. Le premier a réalisé 5,22 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017 avec un effectif de plus de 3.000 collaborateurs répartis dans 80 pays. Le second affiche 2,54 milliards d’euros de revenus annuels avec 2450 collaborateurs et une présence dans une trentaine de pays (essentiellement européens). Le nouvel ensemble devrait donc peser près de 8 milliards d’euros de revenus annuels et prendre la tête des ventes mondiales de licences logicielles devant Insight (5,82 milliards de dollars de revenus en 2017 avec un effectif de 6700 personnes).

En France aussi l’addition de Comparex, qui a publié un chiffre d’affaires de 73,7 M€ à fin mars 2018 (+83%) avec 22 collaborateurs, et de SoftwareOne, qui revendique 140 M€ de volume d’affaires annuel (113,4 M€ en 2016, dernier exercice connu) avec un effectif d’une soixantaine de personnes, pourrait remettre en question la domination d’Insight, qui a publié un revenu de 184,5 M€ pour l’exercice 2016 (dernier connu) et dont les ventes reculent chaque année depuis 2010 ( -62% en l’espace de six ans).

Hervé Le Fell, actuel patron de Snow Software France, qui a dirigé pendant trois ans la filiale française de Comparex n’est pas surpris de cette annonce qui va dans le sens de l’inévitable consolidation du marché. « Depuis plusieurs années, les revendeurs de licences logicielles sont confrontés à une baisse des marges sur leur activité traditionnelle et opèrent un virage vers les services, explique-t-il. Ce qui est surprenant, c’est qu’un tel rapprochement ne soit pas arrivé avant ».

Du moins en France. Car en réalité le mouvement est déjà à l’œuvre depuis des années à l’échelle internationale. On rappellera notamment le rachat de Software Spectrum par Insight en 2006 ou plus récemment (2012) celui de Datalog Software par Comparex (qui n’est autre que l’ex-PC-Ware).

Cette pression sur les marges est bien sensible en France où Insight et Comparex affichent des pertes récurrentes. Comparex France a fait état d’une perte nette de 374 K€ en 2017 et de 580 K€ en 2016. La filiale française n’a jamais été profitable depuis 2012. Insight France a perdu 1,78 M€ en 2016 et plus de 3 M€ en 2015. SoftwareOne France est rentable depuis 2015 mais sa rentabilité est inférieure à 1%.

Bien réel, le mouvement vers les services prend de multiples formes : optimisation des contrats de licences, accompagnement des clients sur les bonnes pratiques d’achats, gestion des actifs logiciels, services de migration vers le Cloud. Les acteurs concernés savent que leur profitabilité future en dépend. On notera que SoftwareOne n’a pas hésité à prendre une participation de près de 9% au capital de son concurrent Crayon, réputé orienté services nativement.