Il faut bien se rendre à l’évidence, le projet franco-allemand Quaero lancé en 2008 n’a pas donné naissance au « Google européen » comme l’espéraient ses initiateurs. D’autant que la plupart des

partenaires allemands ont rapidement fait faux bond, seule l’université d’Aix-la-Chapelle restant fidèle au projet. Les quelque 200 millions injectés dans l’opération – la moitié provenant d’Oséo le reste d’industriels (Orange, Technicolor) -, n’ont cependant pas été investis en pure perte. C’est ce qui ressort du pré-bilan de l’opération présenté le 28 mars, à 9 mois de la clôture du projet. Le millier de personnes, de 35 nationalités différentes, issues de 32 partenaires publics (BNF, CNRS, INRIA…) ou privés mobilisés à travers l’Europe ont permis de déposer 31 brevets et, surtout de développer 35 prototypes d’applications, dont certains sont déjà exploités commercialement aussi bien par des grands groupes que par des PME.

Le projet CloudView qui permet d’indexer les documents multimédias (image, parole, musique) provenant du web et de les enrichir avec des annotations sémantiques est ainsi utilisé par l’Elysée pour transcrire les discours en vidéo du Chef de l’Etat. MediaCentric, porté par Bertin Technologie, qui extrait automatiquement les informations multimédia pertinentes provenant de la toile, a quant à lui donné naissance à un projet pilote du ministère de la Défense en matière de cyberdéfense.

Plus opérationnel, le système de transcription de la parole VoxSigma  est proposé en mode SaaS par Vocapia. Il est utilisé sur les 5 continents, notamment pour la transcription des téléconférences des sociétés du Fortune 500 ou le sous-titrage de la télévision aux Pays-Bas.

On peut également citer comme projets aboutis SYSTRANLink qui permet notamment de traduire un site web dans la langue locale, utilisé par des clients chinois, américains, néerlandais, français etc. ou encore la plateforme de numérisation et d’indexation des documents de Jouve qui a permis de convertir 300.000 ouvrages en e-books en 4 ans.

Reste à savoir si le jeu en valait vraiment la chandelle, si les 200 millions injectés l’ont été à bon escient. « Le véritable impact de ce programme ne pourra être pleinement mesuré qu’après quelques années d’exploitation », reconnaît Laure Reinhart, directrice générale déléguée d’Oséo, dans le dossier de presse du projet. Affaire à suivre au long cours donc.