Malgré une activité en recul, TD Synnex France tire un bilan plutôt positif de l’année écoulée. Retour sur les succès et les événements marquants de 2024 avec Pascal Murciano, son directeur général pour la France et vice-président Europe du Sud.
Channelnews : TD Synnex a subi plusieurs trimestres de recul de son activité à l’échelle mondiale. Comment la filiale française a traversé cette période ?
Pascal Murciano : Bien-sûr, l’année n’a pas été simple. Mais le groupe se porte bien. Il a gagné des parts de marché, en particulier sur le continent américain, et il est positionné sur tous les sujets liés aux technologies de croissance, à savoir : le Cloud, l’intelligence artificielle, la cybersécurité et j’en passe. Des marchés qui nous permettent d’équilibrer les segments qui sont un peu plus en souffrance depuis quelques trimestres.
Pour autant, on ne va pas dire que le marché se porte super bien et que tout va bien. Le marché est difficile. Beaucoup d’acteurs tirent la langue. Et je dois dire qu’on n’a pas été épargné en France cette année. On a eu la totale. En plus d’un marché difficile, on a eu la crise politique et maintenant que la crise politique semble à peu près réglée, on va avoir l’impact de la réduction des dépenses liée à la volonté de réduire les déficits. Le secteur public, qui représente une part importante de la consommation IT, est en première ligne. Quant aux entreprises, elles font aussi attention à leurs dépenses. Elles décalent les projets qui ne sont pas indispensables et investissent là où le ROI est clair et rapide. Tout ça affecte le secteur, qui est plutôt en ralentissement, même si la décroissance n’est pas très significative.
Channelnews : Du coup, comment cela se traduit sur l’activité de TD Synnex France ?
Pascal Murciano : Context, qui est la société d’études de référence pour la distribution IT, évoque une décroissance globale du secteur de l’ordre de 4% à 5% pour la France cette année. La baisse marquée sur le PC étant équilibrée par les technologies de croissance que j’évoquais à l’instant.
La bonne nouvelle, c’est qu’il y a un optimisme latent pour les mois et les trimestres à venir. Tout le monde voit 2025 bien meilleur que 2024. Context, mais également IDC, prévoient des croissances assez significatives, entre 5 et 8%. On attend tous un redémarrage, notamment du marché du PC qui, après deux années très difficiles, devrait bénéficier du renouvellement des PC dans lesquels les entreprises ont massivement investi pendant le Covid. Des renouvellements qui devraient également être stimulés par l’arrivée de Windows 11 et des PC prêts pour l’IA.
Channelnews : Comment s’est comportée la division valeur ajoutée (« advanced solutions ») en France ?
Pascal Murciano : l’infrastructure a beaucoup baissé, le réseau aussi. Ça a été équilibré par le logiciel et les technologies de croissance comme le Cloud, la cybersécurité et l’infrastructure dédiée pour l’intelligence artificielle. À ce propos, on a embarqué pas mal de marques autour de l’intelligence artificielle comme Nvidia, Supermicro, DDN (stockage de données haute performance). À noter que ce sont surtout les cloud providers et les gros projets de cloud avec une part dédiée à l’intelligence artificielle qui ont tiré les ventes. Au final, la tendance est légèrement négative mais meilleure que pour la division postes de travail.
Channelnews : vous aviez annoncé l’année dernière la création d’une unité d’affaires cyber. Comment fonctionne cette BU et pouvez-vous nous dire ce que pèse désormais le SaaS dans votre activité logiciels et comment vous appréhendez cette évolution du marché ?
Pascal Murciano : Le SaaS, on l’appréhende sereinement car c’est un segment qui tire la croissance. Il y a six mois on a basculé l’ensemble de nos clients sur une nouvelle plateforme d’agrégation complètement repensée et renouvelée, StreamOne Ion, qui corrige tous les dysfonctionnements qu’on a pu avoir dans le passé. Les retours sont très positifs.
Sur la cybersécurité, on a embarqué plusieurs nouvelles marques majeures telles que RSA, Palo Alto, Proofpoint, Stormshield… On commence à avoir un portefeuille cybersécurité étoffé, avec une quinzaine de marques dédiées – sans compter les offres de cybersécurité des grands acteurs comme Cisco, Microsoft, IBM que nous portons également – et une équipe de huit experts capables d’apporter le bon support aux clients.
Channelnews : On parle de décrochage économique entre les États-Unis et l’Europe. Est-ce que vous le ressentez à l’intérieur du groupe ?
Pascal Murciano : Je ne crois pas qu’il faille percevoir les choses de cette façon. Je ne parlerais pas d’un décrochage mais d’un décalage. On a toujours eu un décalage entre la croissance (ou la décroissance) aux États-Unis et son arrivée en Europe. L’activité commence à reprendre aux États-Unis et ça va arriver en Europe, il faut être patient.
Channelnews : On a vu qu’aux États-Unis, l’effectif avait été réduit via des licenciements et un plan de départs volontaires. Est-ce que la France a suivi le même mouvement en réduisant son effectif ? Et si oui, de quelle manière ?
Pascal Murciano : on a réduit dans une certaine mesure, pas de manière très significative. On a réduit pour pouvoir réinvestir sur les bons sujets. On n’a pas fait de de plan de réduction massive d’effectifs comme on a pu le constater chez d’autres dans l’écosystème. Cette réduction s’est faite en partie par attrition naturelle. L’effectif tourne actuellement autour de 750 employés, logistique comprise.
Channelnews : L’année a été marquée par l’arrivée d’un nouveau PDG au niveau mondial. Est-ce que ça a entraîné des changements dans la stratégie, l’orientation, l’organisation ?
Pascal Murciano : Non. Sa priorité a été de traiter les États-Unis où il y avait des ajustements à faire suite à la fusion entre Tech Data et Synnex. Ce travail est maintenant terminé. Il commence tout juste à travailler sur la stratégie des prochaines années.
Channelnews : TD Synnex France aussi a annoncé le mois dernier des nominations à son comité de direction. Est-ce que cela sous-tend des évolutions dans la stratégie ?
Pascal Murciano : Non, ça change pas la ligne directrice. Notre stratégie consiste toujours à apporter de la valeur au marché et à être toujours en avance de phase sur les nouvelles technologies. On travaille année après année à renforcer notre portfolio, notamment sur les technologies de croissance évoquées plus haut, et à étoffer notre panel de services pour permettre à nos clients de capter le plus d’opportunités possible.
Channelnews : Justement, dans quelle mesure avez-vous amélioré votre offre de services au cours des douze derniers mois ?
Pascal Murciano : On a développé notre Business solution Center qui permet à nos clients de de tester un grand nombre des solutions qu’on distribue, y compris des solutions d’intelligence artificielle. Ça intéresse beaucoup de nos clients qui viennent faire des POC et qui invitent leurs propres clients à tester nos solutions.
On a aussi des offres de services qui se développent autour du delivery (installation/mise en route). On a la possibilité d’aller chez le client final pour le compte de nos clients en marque blanche pour réaliser des installations. On peut aussi fournir de la maintenance à distance.
Channelnews : Quelle actualité marquante voudriez-vous que l’on retienne de l’année écoulée pour TD Synnex France ?
Pascal Murciano : Probablement le fait que l’on agrège l’offre la plus complète du marché en solutions d’intelligence artificielle. On a créé pour cela une division dédiée et on a lancé un programme baptisé Destination AI, destiné à fournir un maximum d’informations à nos clients. On y trouve des informations sur les produits, des cas d’usage, des idées…
Dans ce cadre, on lance également un événement dédié à l’IA, le Techx IA Tour qui se tiendra le 5 décembre à l’Aquarium de Paris. On y proposera des ateliers pratiques avec des experts et des keynotes inspirantes pour leur permettre de s’orienter dans ce nouvel écosystème.
À noter également, on a reçu cinq awards ChannelWatch Context il y a quelques semaines, dont celui de distributeur de l’année et de distributeur le plus innovant. On en est assez fier car c’est une belle reconnaissance du travail des équipes.
Channelnews : Le taux de défaillance d’entreprises monte en flèche actuellement, y compris dans l’IT. Est-ce un sujet pour TD Synnex ?
Pascal Murciano : Oui, bien sûr. C’est vrai qu’il y a un peu plus de défaillances, en particulier de la part de petits acteurs. L’autre phénomène dans notre écosystème, c’est la consolidation, Pas mal de gros acteurs rachètent des plus petits pour assurer une couverture territoriale ou un complément de compétences. On le constate depuis deux ans, de manière assez marquée. Si bien que le portefeuille de clients dans la revente IT a tendance à baisser de quelques centaines par an actuellement.