La filiale française du premier distributeur mondial* de solutions technologiques affiche un bilan positif à l’issue de l’année 2022 malgré le ralentissement du marché des PC et de la mobilité et les incertitudes économiques et politiques. Entretien avec Pascal Murciano, son président.

Channelnews : quel bilan faites-vous de l’année écoulée en termes d’activité pour TD Synnex France ?

Pascal Murciano : Cela a été une année correcte dans un contexte plutôt difficile. La croissance a été conforme aux attentes mais avec des disparités selon les marchés. Les investissements des entreprises sont restés soutenus sur les matériels et les logiciels d’infrastructures, et les technologies de croissance telles que le Cloud, la cyber, l’analytique… Mais les pénuries ont pesé sur l’activité et celle des clients, surtout sur les serveurs et les produits réseaux. Les backlogs [arriérés de commandes, ndlr] ont continué de gonfler sur ces segments de produits. Par ailleurs, on a beaucoup souffert du ralentissement du marché du PC et de la mobilité, en particulier sur le second semestre. Après les deux années incroyables de 2020 et 2021, il fallait s’y attendre. Mais c’est arrivé un peu plus vite que prévu. On reste toutefois sur des niveaux légèrement supérieurs à ceux de 2019. En résumé, dans un contexte économique, politique et sanitaire pas simple TD Synnex France s’est montré plutôt résilient et a montré sa capacité à continuer d’innover.

Channelnews : Au final, la croissance TD Synnex France est-elle inférieure, conforme ou supérieure à celle du marché ?

Pascal Murciano : Context donne une croissance de 4,5% pour le marché français de la distribution IT. La croissance TD Synnex France est au-dessus.

Channelnews : Le PDG de TD Synnex, Rich Hume, a récemment annoncé que les technologies de croissance pesaient 20% du mix global. Que pèse la division Advanced solutions (qui distribue les produits dits à valeur) ?

Pascal Murciano : Elle pèse désormais 40% de l’activité. Un poids en progression malgré les pénuries.

Channelnews : TD Synnex France a montré sa capacité à continuer d’innover, disiez-vous. C’est-à-dire ?

Pascal Murciano : Je veux parler de notre digitalisation, de notre capacité à améliorer notre plateforme, nos outils e-commerce, nos outils marketing… On a par exemple un programme de référencement sur notre site qui permet de mettre en avant des produits et des fournisseurs en fonction des demandes. On a des outils marketing qui permettent à nos fournisseurs d’être plus efficaces dans leur ciblage. Surtout on continue de travailler sur nos services pour accompagner les partenaires dans leur développement. On leur propose par exemple des services managés. On a aussi beaucoup travaillé sur notre plateforme Green IT : TD Renew, qui permet de reprendre les parcs et produits usagés, et sur notre offre platform as a service, qui permet se procurer du matériel sous forme de souscription.

Channelnews : Pour la reprise de parcs, vous avez initié un partenariat avec ATF Gaia. Comment fonctionne ce partenariat et avez-vous commencé à proposer des équipements reconditionnés ?

Pascal Murciano : Le partenariat avec ATF commence à prendre de l’ampleur. Il vise à encourager la reprise de parc. On travaille également avec CMR, une entreprise du groupe, spécialisée dans le recyclage de smartphones. En revanche, il n’est pas prévu de vendre de matériel reconditionné pour l’instant.

Channelnews : Pourquoi ?

Pascal Murciano : Les fournisseurs que l’on représente n’y sont pas encore prêt. Ils ont besoin de pouvoir valider la qualité de ces produits remis sur le marché. Pour l’instant, la chaîne logistique n’est pas suffisamment bien organisée pour leur permettre de s’en assurer.

Channelnews : Avez-vous continué à enrichir le portfolio ? Et si oui, quelles marques référentes avez-vous signé ?

Pascal Murciano : Oui, la stratégie de TD Synnex reste de proposer le portfolio le plus large possible. Et pour cela, on continue de l’étendre régulièrement. Nous avons signé une dizaine de nouvelles marques en 2022 parmi lesquelles Google Cloud, AWS, Pure Storage ou Infinidat… Avec Microsoft Azure, nous avons ainsi au catalogue les trois plus grands hyperscalers. Un business qui a beaucoup progressé via notre plateforme StreamOne.

Channelnews : Pourtant, ces hyperscalers ont tendance à vous concurrencer sur la cible des revendeurs et des prestataires du numérique via leurs places de marché. Commencez-vous à ressentir leur présence ?

Pascal Murciano : Non, cette concurrence reste anecdotique. Elle n’a aucun impact sur les volumes.

Channelnews : L’un des événements marquants de cette année 2022 a été votre changement de nom, Tech Data ayant laissé la place à TD Synnex. Cette nouvelle dénomination a-t-elle eu ou aura-t-elle un impact sur votre organisation, gouvernance, stratégie ?

Pascal Murciano : Non, cela ne change rien de fondamental au niveau européen. Le changement de nom est consécutif à la fusion de Tech Data et de Synnex. L’année 2022 a été consacrée à l’intégration de deux structures. Cela concernait essentiellement les USA, Synnex n’étant pas présent en Europe. Un chantier qui n’était pas simple vu la taille des entreprises mais qui a été très bien mené : celui-ci s’est achevé mi-octobre sans que le groupe ait perdu de clients, ou qu’il ait subi un trou dans son activité. Mais cette fusion apportera très certainement des opportunités de business à l’Europe à travers l’uniformisation des outils ou l’intégration de nouvelles marques

Channelnews : Quelles sont vos prévisions pour 2023 ?

Pascal Murciano : Je pense que le premier semestre va être difficile sur les PC et la mobilité. Mais on n’est pas à l’abri d’une reprise sur le second semestre, les entreprises commençant à renouveler les parcs achetés au début de la crise sanitaire. L’activité solutions à valeur continuera d’être soutenue car les entreprises ont besoin de technologies pour améliorer leur productivité et leur business. Leur digitalisation va s’accélérer. J’ai aussi l’espoir que les pénuries vont s’estomper permettant aux backlogs d’être libérés. On ne voit pas d’annulations massives de commandes passées non encore livrées. D’une manière générale, notre activité va continuer d’être tirée par les partenaires, qui ont de plus en plus besoin du support qu’on leur apporte via nos plateformes, nos équipes d’experts et nos services connexes. Je pense enfin que la consolidation va se poursuivre, le marché ayant de plus en plus besoin de masse critique.

 

*En France, TD Synnex réalise environ 2,5 milliards de chiffre d’affaires et emploie 1.800 personnes.