La zone EMEA vient de connaitre un trimestre catastrophique pour les constructeurs de serveurs. Les ventes ont chuté de 11,6% au T2. Seul Dell arrive à progresser sur un marché porté par les machines d’entrée de gamme.
Tant en volume qu’en valeur les ventes de serveurs ont nettement fléchi au 2ème trimestre en Europe selon les derniers chiffres publiés par IDC. Le chiffre d’affaires généré s’est monté à tout juste 3 milliards de dollars soit une chute de 11,6% en un an. En volume, la baisse est un peu moins forte – du fait de la prime aux petits serveurs, moins onéreux – mais est tout de même de 5,3%, pour 514 311 unités livrées.
Paradoxalement, les serveurs d’entrée de gamme x86 voient leur part de marché se réduire un petit peu à 72,2% (moins 0,8 points) pour 2,2 milliards de dollars de chiffre d’affaires. En volume, le recul est de 4,9% pour 3,5% en valeur. Le maintien relatif de la valeur est lié selon IDC à l’adoption de produits innovants tirant les prix légèrement vers le haut comme le Xeon E5, dernière génération commercialisée des processeurs Intel.
Sur le segment des non x86 le recul en valeur est vraiment significatif avec une chute de 27,5% sur un an pour atteindre 860,3 millions de dollars, très loin du milliard atteint au T2 2011. Et encore, l’Europe de l’Est permet à ce segment de surnager avec une augmentation de plus d’un tiers des ventes de systèmes Risc/Unix dans cette région en développement de la zone EMEA. Une faible lueur de ce côté-ci alors même qu’en Europe de l’ouest les ventes reculent pour le 4ème trimestre consécutif. C’est dans cette partie la plus développée de la zone que les affaires sont les plus difficiles avec une pression sur les coûts de plus en plus forte qui explique que le marché x86 prend de plus en plus d’importance. En Europe de l’ouest, il représentait au T2 72,3% des ventes en volume contre seulement 65,3% il y a tout juste un an.
Selon Beatriz Valle, chargé de recherche Senior chez IDC EMEA, “l’Europe de l’ouest est plus affectée que n’importe quelle autre region européenne avec un chiffre d’affaires en baisse de 15,4% contre une croissance de 6,9% en Europe centrale et de l’est et un déclin moindre au moyen-orient et en Afrique (moins 4,9%). Le marché est à la fois frappé par un changement technologique qui conduit à une migration accélérée vers des infrastructures x86 et par la baisse de la demande des entreprises dans un contexte macro-économique compliqué. »
En termes de segments, même le marché x86 marque le coup donc avec un recul en valeur de 3,5%. Sur les non x86, le déclin est de 27,5% avec notamment une chute de 35,9% sur le segment mainframe, de 29,4% pour les systèmes EPIC et de 21,6% pour les serveurs Risc. Les mainframes perdent encore 1 point de part de marché sur les ventes de serveurs et ne représentent plus que 7,6% pour 235,5 millions de dollars de revenus générés sur la zone EMEA.
En termes de système, Windows recule de 4% sur un an pour atteindre 51,4% du marché. Il n’est plus très loin le moment historique où l’OS phare représentera moins de la moitié des ventes en volume. A moins que la sortie ces jours ci de Windows Server 2012 ne viennent relancer l’intérêt pour cette plate-forme en dépit de la morosité du marché. De son côté, Linux supporte plutôt bien la crise et ne recule que de 1,2% lui permettant de supplanter les Unix, une configuration qui n’est arrivée que trois trimestres dans l’histoire des études IDC. Même les serveurs lames (blades) généralement résilients en matière de crise voient leur vente décroitre brutalement avec un recul de 12,3% à un peu moins de 600 millions de dollars. Preuve, selon IDC, de la maturité de la technologie.
HP demeure le numéro un du marché dans la zone EMEA et – en dépit d’un recul des ventes de l’ordre de 10,6% – arrive une fois de plus sur sa ligne Proliant x86 à dépasser le milliard d’euros de revenus pour s’octroyer quasiment la moitié des parts de marché sur ce segment.
IBM demeure un poid lourd – du fait de son hégémonie sur le mainframe – et conserve plus du quart du marché en dépit d’un recul supérieur à 10% de ses revenus. IDC estime que Big Blue pourrait limiter la casse sur 2012 car sa ligne mainframe – particulièrement fragile au 1er semestre avec un recul de plus de 50% au T2 – vient d’être renouveller; ce qui pourrait relancer les ventes d’ici la fin de l’exercice.
Dell profite le plus de la crise en augmentant sa part de marché EMEA de 2 points. La ligne x86 PowerEdge voit même ses ventes augmenter, une gageure dans le marasme ambiant. Dans le Top 5, le Texan est le seul à réussir à enregistrer une croissance.
De son côté, Oracle, héritier de Sun, poursuit sa descente aux enfers et participe lourdement à la baisse avec un chiffre d’affaires serveurs en recul de 28,6%. Les Sparc (technologie Risc sur plate-forme Unix) représentent plus de la moitié des ventes. Un handicap lourd dans un marché porté par les serveurs les plus légers.
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