La grande majorité des éditeurs français ne parvient pas à atteindre une taille critique. C’est ce qui ressort du dernier Truffle 100 France. Ses auteurs souhaitent un soutien plus manifeste de l’État.

 

 

Le tableau qui ressort de la 5ème édition Truffle 100 France laisse finalement planer beaucoup d’inquiétude. En effet, si la croissance était au rendez-vous en 2008 avec un chiffre d’affaires global pour les 100 premiers éditeurs nationaux de 3,8 milliards d’euros, elle était bien faible (+ 2,7%), ce qui laisse présager des jours plus sombres en 2009.

D’autre part, le marché français souffre de dystrophie. Arrivées à un certain stade, les éditeurs français sont en effet bloqués dans leur croissance et n’ont souvent d’autre ressource que de se faire racheter par une société étrangère pour pouvoir aborder les marchés internationaux.

 

« En 2 ans, pas moins de 11 sociétés parmi les plus importantes ont disparu du Truffle 100 pour cause de rachat par des éditeurs américains, allemands ou anglais », regrette Bernard-Louis Roques, DG et co-fondateur de la société Truffle Capital, à l’initiative de la publication. L’an dernier, cinq sociétés – parmi lesquelles Ilog rachetée par IBM et GL Trade passée dans le giron de SunGard – ont subi un tel sort.

Dans une interview qu’il nous avait accordée en février, Pierre-Yves Dargaud, président du cabinet AP Management, comptabilisait de son côté 50 transactions chez les éditeurs français en 2008, pour un montant total de 558 millions d’euros.

 

Un Small Business Act à la française

 

Le problème est donc bien réel, comme le reconnaît d’ailleurs la secrétaire d’État chargée de la prospective et du développement de l’économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui souhaite faciliter l’accès des entreprises françaises du secteur du logiciel à la commande publique « en faisant largement connaître auprès d’elles et des acheteurs publics la possibilité prévue par la Loi de Modernisation de l’économie de leur réserver 15% d’un marché public ».

 

Se faisant l’écho de la profession, Bernard-Louis Roques espère de son côté la mise en place d’un véritable Small Busines Act à la française, une mesure qui a fait ses preuves aux États-Unis où 23% des commandes publiques sont réservés aux PME, lesquelles bénéficient en outre de la garantie financière de l’administration pour leurs emprunts bancaires.

 

Il souhaite aussi le rallongement du statut de Jeune Entreprise Innovante de 8 à 15 ans. Des revendications que l’on retrouve par ailleurs dans le livre blanc que l’AFDEL (Association Française des Editeurs de Logiciels) devrait rendre public demain.

 

Transformer le crédit d’impôt recherche en crédit d’impôt innovation

 

Partie prenante du Truffle 100, le Syntec Informatique lance lui aussi un cri d’alarme. L’organisation patronale, qui compte en son sein près de 500 éditeurs, aimerait que le crédit impôt recherche soit transformé en crédit d’impôt innovation pour en faciliter l’accès aux développeurs de logiciels.

 

En attendant, ces derniers ne restent pas inactifs et mettent en place de nouvelles offres dont le SaaS, pour lequel les analystes prévoient un bel avenir. Espérons qu’ils ne se trompent pas.