Par Subrata Govil chez Tradeshift

 

Peu de secteurs ont été aussi durement touchés par l’épidémie de COVID-19 que celui du retail et du commerce de détail. Une récente étude montre que le volume des transactions dans les chaînes d’approvisionnement des retailers a chuté de près de 50 % lorsque les restrictions sont entrées en vigueur en avril 2020.

 

Les opérateurs de la chaîne d’approvisionnement ont été pris au dépourvu par la pandémie. La visibilité limitée sur les réseaux de chaîne d’approvisionnement signifiait que beaucoup n’étaient pas au courant des perturbations de leurs réseaux de fournisseurs jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Et tandis que les acheteurs freinaient l’activité, les fournisseurs en ressentaient l’impact. Les commandes annulées, les paiements différés et la demande atone ont laissé d’innombrables petites entreprises avec peu d’autre choix que d’épuiser leurs réserves de fonds de roulement alors qu’elles cherchaient à surmonter la tempête.

 

La volatilité est la nouvelle norme

 

Plus d’un an après les premiers blocages, les premiers signes indiquent une reprise solide tout au long des mois d’été. Ainsi, l’activité du commerce de détail s’est largement rétablie pour se rapprocher des modèles observables avant la pandémie. Des secteurs comme le commerce de détail, où les marges sont minces, s’appuient sur des conditions prévisibles pour réaliser des bénéfices. Les chaînes d’approvisionnement de détail sont habituées à faire face à des pics d’activité saisonniers, mais l’environnement commercial inhabituellement volatil de l’année dernière a bouleversé les processus traditionnels de prévision de la demande.

 

Alors que la reprise s’accélère, il apparait tout de même que jusqu’à un fournisseur sur cinq a du mal à faire face à l’augmentation de la demande. Il existe un certain nombre de facteurs contributifs, mais un thème récurrent est centré sur le manque de fonds de roulement circulant dans les chaînes d’approvisionnement pour aider les fournisseurs à augmenter leur production. Près d’un tiers des fournisseurs ont vu leur trésorerie se dégrader au cours des six derniers mois. Près de la moitié ont constaté une augmentation du nombre de retards de paiement des clients depuis le début de l’année.

 

Il est essentiel de remédier à la crise actuelle des liquidités. Mais les défis pour le secteur ne s’arrêtent pas là. Le COVID a accéléré la transition vers le commerce électronique qui se produisait déjà avant la pandémie. Alors même que les rues commerçantes commencent à rouvrir, les dernières données suggèrent que la fréquentation en mai 2021 était de 27,5 % inférieure à ce qu’elle était en mai 2019. Les détaillants doivent s’adapter assez rapidement à ces changements et faire évoluer leurs dispositifs pour continuer à exister.

 

Tracer un chemin à travers le chaos

 

Les retailers investissent déjà massivement dans des technologies qui transforment l’expérience client, mais la numérisation de nombreuses fonctions de back-office est souvent négligée. Bon nombre de ces fonctions sont vitales pour garantir l’optimisation des opérations et des flux de trésorerie. Nous avons tendance à considérer les chaînes d’approvisionnement comme des machines incroyablement sophistiquées. Pour autant, elles sont maintenues par l’échange de documents papier. La facturation est un bon exemple. Malgré toutes les avancées technologiques récentes, environ 50 % de toutes les factures sont encore envoyées sur papier. Une forte dépendance à ces processus manuels encrasse les systèmes et représente un point de défaillance majeur. Il est de plus en plus admis que la numérisation est le seul moyen pour les acheteurs de nouer des relations transparentes et collaboratives avec les fournisseurs dont ils auront besoin pour faire face aux chocs futurs. L’établissement de ce tissu à travers les chaînes d’approvisionnement permet aux décideurs de repérer les points de défaillance et de faire rapidement les bons choix sur la façon de les gérer.

 

Combler le déficit de liquidité

 

Les données issues de la numérisation peuvent jouer un rôle essentiel dans la résolution des problèmes de liquidité auxquels sont confrontés les fournisseurs. Des dispositions telles que le financement de la chaîne d’approvisionnement sont conçues pour libérer des liquidités afin que les petites entreprises puissent effectuer les investissements indispensables dans leurs propres sociétés. Cependant, le financement de la chaîne d’approvisionnement a largement échoué à soutenir les fournisseurs, car nombre d’entre eux semblent trop en risque pour que les institutions financières leur accordent une ligne de crédit. Les institutions financières sont plus disposées à financer les petits fournisseurs s’ils ont un niveau de visibilité plus élevé sur leurs historiques de transactions, et c’est là que les initiatives de numérisation profitent au fournisseur. Une nouvelle vague de mécanismes de financement axés sur la technologie fait son apparition pour aider les petites entreprises à débloquer l’accès au capital d’une manière qui serait impossible avec les systèmes papier traditionnels.

 

Une défense contre l’incertitude

 

Alors que les détaillants se concentrent sur le renforcement de la résilience aux chocs futurs, ils doivent se rendre compte qu’il est dans leur propre intérêt d’avoir une relation plus équitable avec leurs fournisseurs. La technologie est prête à les aider à combler cet écart en débloquant des flux de trésorerie plus rapides et plus prévisibles. En fin de compte, ce qui est bon pour les fournisseurs est finalement bon pour les acheteurs.