En annonçant le mois dernier la nomination du COO de VMware Rajiv Ramaswami à la tête de Nutanix, nous nous étonnions de l’absence de clause de non-concurrence dans le contrat de travail liant ce dernier à la filiale de Dell. Ce débauchage nous paraissait d’autant plus surprenant que les deux entreprises concurrentes se sont souvent déchirées au travers de communiqués de presse. Interrogée sur ce départ par nos confrères de CRN, VMware avait alors indiqué que l’intéressé « avait pris une décision de carrière personnelle de quitter l’entreprise à compter du 7 décembre ». « Nous remercions Rajiv pour sa passion et son engagement et nous lui souhaitons bonne chance », avait ajouté la firme de Palo Alto.

Un mois après, il apparait clairement que celle-ci n’a pas accepté que Rajiv Ramaswami rejoigne un concurrent dans des conditions qu’elle juge par ailleurs contraires à l’éthique. Elle a en effet engagé une procédure judiciaire devant la Cour supérieure de l’État de Californie contre son ancien salarié pour « violations substantielles et continues » de ses devoirs et obligations contractuelles. « Rajiv Ramaswami n’a pas honoré ses obligations fiduciaires et contractuelles envers VMware. Pendant au moins les deux mois précédant sa démission de l’entreprise, alors qu’il travaillait avec la haute direction pour façonner la vision et la direction stratégiques clés de VMware, M. Ramaswami a rencontré secrètement CEO, le directeur financier et, apparemment, l’ensemble du conseil d’administration de Nutanix afin de devenir CEO de Nutanix. Il a rejoint Nutanix en tant que CEO seulement deux jours après avoir quitté VMware », fait savoir la filiale de Dell dans un communiqué, ajoutant qu’il s’agit là manifestement d’un conflit d’intérêts. Elle reproche notamment à Rajiv Ramaswami d’avoir dissimulé ce conflit d’intérêts à son employeur. « VMware n’est pas une société litigieuse par nature. En effet, la société a tenté de résoudre cette question sans litige. Mais M. Ramaswami et Nutanix ont refusé de s’engager avec VMware de manière satisfaisante », précise encore le communiqué.

Interrogé par nos confrères de CRN, Nutanix réfute ces accusations et affirme « être allé au-delà des attentes » en étant proactif et coopératif avec VMware. « Nutanix et M. Ramaswami ont assuré à VMware que M. Ramaswami était d’accord pour respecter son obligation de ne pas utiliser ou abuser des informations confidentielles », affirme le spécialiste de l’hyperconvergence dans un communiqué transmis à nos confrères. Il accuse VMware d’avoir demandé à Rajiv Ramaswami d’accepter de limiter « l’exécution ordinaire de ses tâches professionnelles d’une manière qui équivaudrait à un engagement illégal de non-concurrence ». Il ajoute que son concurrent lui a par ailleurs demandé « d’accepter de ne pas recruter de candidats travaillant chez VMware », ce qui est contraire aux lois fédérales antitrust. « Nous pensons que l’action de VMware n’est rien de plus qu’une tentative infondée de nuire à un concurrent et nous avons l’intention de nous défendre vigoureusement devant les tribunaux », indique encore le document.

Ce litige est très mal perçu par le channel américain de Nutanix comme le rapportent nos confrères. « Cela aura des implications majeures pour Nutanix cette année, car cela signifie que le nouveau leader, qui souhaite créer une entreprise plus créative et plus rentable, va être examiné par l’équipe juridique de VMware », a ainsi expliqué un partenaire, ajoutant que ce procès « nécessitera du temps et des ressources alors que Rajiv Ramaswami souhaite se mettre au travail. »