Accenture révèle dans une étude sortie en août que les entreprises américaines, britanniques et irlandaises adoptent désormais l’Open Source, non plus pour ses coûts réduits, mais bien pour sa qualité logicielle, sa fiabilité et … sa sécurité.
Eté 2010 : l’été où l’Open Source a atteint l’âge de la maturité ? C’est une des questions que l’on peut se poser en regardant de près une étude Accenture publiée en août qui analyse le comportement de 300 entreprises américaines, britanniques et irlandaises face aux logiciels libres. Premier résultat surprenant : la réduction des coûts, une des caractéristiques inhérentes au modèle ouvert – qui avait notamment fait progresser l’Open Source durant la très longue de période de récession – , n’est plus le moteur n°1 d’adoption des logiciels en code ouvert. Le facteur coût est en effet désormaus dépassé par les facteurs de qualité, da fiabilité et de sécurité, trois éléments clés qui n’apparaissaient que très rarement dans la liste des critères d’adoption de l’Open Source. Jusqu’à cette étude.
Si l’étude révèle que 69% les entreprises sondées envisagent d’augmenter leurs investissements en 2010, un tiers d’entre elles comptent utiliser l’Open Source au sein de systèmes critiques durant les prochains 12 mois. Et parmi celles qui ont déjà “basculé”, 88 % comptent muscler leur existant Open Source. Sur la totalité, 50 % affirment être déjà engagées dans l’Open Source et 28% testent les logiciels ouverts. Autre information, signe d’une croissance assurée de l’ Open Source, 65 % des répondants déclarent avoir une stratégie très documentée sur le déploiement des logiciels libres tandis que 32 % ont un plan en cours de déploiement.
La qualité devant la fiabilité
Bref, si ces chiffres viennent confirmer la tendance – l’adoption grandissante de l’Open Source dans les entreprises – , ils constituent également “un véritable tournant”, comme se plait à le dire Accenture, dans les critères qui poussent les entreprises à basculer vers le modèle ouvert. La qualité des logiciels est citée par 76% des entreprises sondées, l’amélioration de la fiabilité par 71%, la sécurité et la correction de bogues dans 70% des cas. En moyenne, le faible coût de l’Open Source demeure un argument de poids en matière d’adoption, cité par 50 % des entreprises sondées. Encore présent donc, mais plus prédominant.
Il est vrai que ces chiffres peuvent également s’inscrire dans la déferlante Cloud Computing, dont on sait que l’Open Source constitue l’ossature de base. Fin août, d’ailleurs, le spécialiste de la sécurité Black Duck Software, indiquait dans sa propre étude que le nombre de projets Open Source pour le Cloud connaissait une forte augmentation, une progression dopée par la multiplication de projets reposant notamment sur Hadoop, Eucalyptus, Hyperic, deltaCloud, Open Stack et OpenECP – des bases technologiques du Cloud. En analysant le code des projets contenu dans sa base, Black Duck Software avait dénombré presque 80 nouveaux projets Open Source pour le Cloud en 2008. Ils étaient presque 140 en 2009, et devraient avoisiner les 180 en 2010.
Et si en France, les études s’accordent à dire que le secteur public reste le plus gros client de l’Open Source, l’étude d’Accenture montre qu’aux US, en Grande-Bretagne et Irlande, c’est le secteur financier qui est le plus actif (sur la moyenne des 3 pays) en matière d’adoption du libre.
Les contributions mises à mal
Reste que tout n’est pas totalement rose au pays du libre, en tout cas si l’on en croit Accenture. Adoption galopante, investissement en hausse, offre désormais perçue comme mature, choix du modèle Open Source dès les phases de développement…. L’Open Source se tisse un écosystème de confiance, certes, mais au prix de certains sacrifices, semble conclure à demi-mot l’étude du cabinet de conseil. Et notamment celui des contributions. Si le nombre de projets de développement ayant opté pour un modèle Open Source est en hausse – de 20% en 2009, il devrait atteindre 23% en 2010, puis 27% en 2013 nous livre Accenture – le taux d’entreprise souhaitant partager leurs travaux ne représente que 29%. Un petit tiers seulement souhaite ainsi alimenter les communautés de leur contribution.
Brisant quelque peu le traditionnel schéma du développement collaboratif cher à l’Open Source. Ce point avait par ailleurs déjà été mentionné par la Fondation Eclipse en juin 2010 dans son étude annuelle (Eclipse Community Survey – PDF). Celle-ci avait notamment mis au grand jour des politiques des entreprises très restrictives face à l’Open Source. Si en 2009, 48% des développeurs Eclipse affirmaient être autorisés par leur employeur à contribuer du code en retour, ils n’étaient plus que 35,4 % en 2010, alors même que le nombre de projets Open Source allait en grandissant. Preuve que le modèle doit s’adapter, ou qu’un effort d’éducation doit être fait auprès des entreprises.
Un point que ne manqueront certainement pas d’aborder les acteurs de l’Open Source lors de l’Open World Forum, 2e édition du grand raout de l’Open Source en France, les 30 septembre et 1er octobre à Paris. Tant cette problématique de contribution est devenue clé pour l’avenir du modèle économique de l’Open Source.
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