Pierre François, patron de la société de conseil en stratégie et en organisation Vascoo, annonce la fin de la crise dans l’IT. L’opportunité pour l’écosystème de se concentrer sur son adaptation aux mutations du secteur.


Channelnews : Selon vous la crise est terminée. Une vision que beaucoup ont du mal à admettre. Qu’est-ce qui vous fait penser ça ?

Pierre François : Le risque de credit crunch déclencheur de faillite lié au financement des dettes publiques s’éloigne. Bien sûr, tout risque n’est pas écarté et personne n’a sifflé officiellement la fin de la crise. Mais rappelez-vous en 2008-2009 on se demandait si on allait récupérer ses dépôts bancaires. En faisant le choix de la création monétaire (et donc de l’inflation), les banques centrales ont circonscrit cette menace. On rentre donc dans une période de trois à cinq ans d’accalmie.

N’est-ce pas une bonne nouvelle pour le secteur des technologies de l’information qui devrait ainsi renouer avec une franche croissance ?

Pierre François : Les effets de la crise s’estompant, la croissance du secteur va de fait s’accélérer, les entreprises ayant plus que jamais besoin d’adapter leurs systèmes d’informations pour gagner en efficacité. Mais tous les problèmes ne disparaitront pas pour autant. Il faut en effet distinguer les effets de la crise, temporaire par définition, de ceux liés à la mutation du secteur, qui est profonde et irréversible.

Que voulez-vous dire ?

Pierre François : Le marché des technologies de l’information est en pleine transformation. Je vois au moins trois mutations qui se superposent. Il y a évidemment le cloud, dont l’ampleur est plus forte qu’on ne le croit généralement. Il y a aussi le basculement d’un marché de solutions vers un marché de valeur, dans lequel les clients achètent avant tout un retour sur investissement. Enfin, après les USA, le centre de gravité de l’économie mondiale, et donc de notre industrie, se déplace vers l’Asie.

Quelles conséquences pour l’écosystème IT ?

Pierre François : Le secteur informatique va continuer à se développer globalement mais beaucoup d’entreprises IT vont décroitre ou disparaître. Car le réflexe des entreprises lorsque la conjoncture s’améliore c’est de se tourner vers ce qu’elles savent faire. C’est une erreur. Ce qui importe, c’est ce qu’attendent les clients. Or leurs attentes ont changé. Dans un contexte de globalisation des investissements, où tous les projets d’investissements sont en concurrence, il faut pouvoir démontrer qu’un projet informatique est plus générateur de valeur qu’un projet immobilier par exemple. Cela nécessite de plus en plus de ressources en ventes consultatives, de connaître les métiers des clients, d’amener les meilleures pratiques, de verticaliser… On ne s’intéresse plus aux équipements qui remplissent les datacenters mais aux résultats business d’un projet. Ceux qui s’adapteront le plus vite à ces évolutions capteront l’essentiel des profits au détriment des autres.

Vous avez revendu votre centre de formation agréé Microsoft (Homecom) à Manpower l’année dernière pour vous concentrer sur votre activité de conseil en stratégie et en organisation pour le compte des partenaires Microsoft. Quel est votre rôle exactement ?

Pierre François : nous sommes le Partner Development Center (PDC) Microsoft pour les pays francophones. Nous aidons les partenaires Microsoft de toute taille à améliorer leurs performances en développant leurs compétences sur leurs postes clés (marketing, RH management, ventes, production) et en retravaillant leur modèle ou leur positionnement. Microsoft a étudié très précisément les raisons qui faisaient que certains partenaires réussissaient mieux que d’autres. C’est cette connaissance que nous leur transmettons via la réalisation d’études de besoins en compétences, de plans de formation, d’accompagnement au changement, de coaching…

Et ça marche ?

Pierre François : La croissance des partenaires suivis de cette manière est supérieure de 37% à celle des partenaires non suivis.