Le recentrage sur le haut de gamme de l’activité hardware d’Oracle ne donnerait pas les résultats escomptés, analyse l’éditorialiste américaine Barbara Darrow sur la foi de témoignages de clients et de partenaires.


L’évolution des ventes de serveurs Sparc commence à donner des sueurs froides aux dirigeants d’Oracle, révèle Barbara Darrow, directrice éditoriale chez TechTarget dans l’une de ses dernières chroniques. Au point que Mark Hurd, actuel co-président se demanderait tout haut s’il n’est pas temps de réviser la stratégie établie au moment du rachat de Sun début 2010. A l’époque, Ellison avait annoncé vouloir céder son activité serveurs x86 de commodité à un concurrent pour se concentrer sur les serveurs à forte valeur ajoutée et les appliances de gestion d’entrepôt de données Exadata et de cloud computing Exalogic, rappelle Barbara Darrow.  Des appliances dont le ticket d’entrée démarre à 300.000 dollars pour un quart de rack (hors logiciels, support et maintenance) et monte jusqu’à 1,5 M$ pour un rack complet tout compris.

Une stratégie qui montre aujourd’hui ses limites. Lors des derniers résultats trimestriels, Oracle s’est vanté du fait que son activité hardware générait 55% de marge opérationnelle mais les observateurs ont surtout retenu que les ventes hardware du groupe avait tout juste atteint le milliard de dollars sur la période, manquant de près de 15 M$ le consensus des investisseurs. Certes il est encore trop tôt pour tirer un premier bilan des ventes d’Exalogic, dont les premières offres (à base de x86) sont disponibles depuis décembre et alors que les versions Sparc ne le sont pas encore.

Reste que les clients ne semblent pas disposés à migrer vers ces solutions très haut de gamme d’après plusieurs témoignages recueillis par Barbara Darrow. Malgré les remises spectaculaires qu’il est possible d’obtenir (jusqu’à 60% du prix liste), les facilités de financement et une mobilisation de toutes les forces de vente (y compris software) pour pousser ces offres, la plupart des clients semblent s’en tenir à la gamme de serveurs conventionnels, quand ils ne basculent pas tout simplement vers les serveurs d’entrée de gamme HP, IBM ou Dell. « Oracle est en train de passer à côté du cycle de renouvellement majeur à l’œuvre dans les entreprises qui avaient gelé leurs investissements durant de la crise », écrit Barbara Darrow, citant un partenaire américain.

La hausse des prix et les changements de politique de support n’ont rien arrangé. Beaucoup de clients qui font tourner des applications Oracle sur serveurs Sun cherchent à s’affranchir d’Oracle sur la partie matérielle, ne serait-ce que pour ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier.

Mais les méventes de Sun ne sont pas seulement imputables au comportement d’Oracle souligne Barbara Darrow. Mais aussi à la chasse aux coûts qui sévit dans les entreprises. Et de citer l’exemple de ce grand compte de 16 milliards de dollars chiffre d’affaires, au budget IT de 16 M$ dont le DSI ne peut pas signer de chèque de plus de 40.000 dollars sans réunir le comité de direction.