À une semaine de la cérémonie d’ouverture, Didier Lejeune, directeur exécutif de SCC France, a accepté de répondre aux questions de Channelnews. L’occasion de parler des retombées attendues des JO 2024 pour SCC et des résultats de l’exercice 2023-2024 clos fin mars.
Channelnews : SCC France est supporteur officiel des JO 2024. Alors, vous êtes prêts ?
Didier Lejeune : on est très, très occupé.
Channelnews : Vous vous présentez comme le fournisseur IT officiel des JO. Votre centre logistique de Lieusaint a notamment été certifié par le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques Vous assurez la logistique, c’est ça ?
Didier Lejeune : On fait plus que ça. D’abord, on fournit le matériel. C’est à la fois des postes de travail, des télévisions – beaucoup –, des imprimantes, des téléphones et plein d’autres devices. En tout, on va en fournir près de 65.000. Mais ce n’est pas que de la fourniture puisque ces devices, on les masterise, on les intègre, on les déploie, on les finance et, à l’issue des épreuves, on les reprendra pour améliorer l’empreinte RSE globale des Jeux.
Channelnews : Apparemment vous avez dû adapter votre centre logistique.
Didier Lejeune : Oui, la chaîne logistique est extrêmement complexe. On a réservé un espace de 5000 mètres carrés dédié aux JO qui est particulièrement sécurisé pour répondre aux normes du CIO. Nos transports sont également ultra sécurisés, ce qui permet de livrer directement les matériels sur site sans passer par les scanners.
Channelnews : C’est un travail que vous avez démarré quand ?
Didier Lejeune : On a démarré durant l’été 2022 par des workshops techniques pour élaborer le scope service. Il a fallu définir le niveau de service pour chacun des sites de compétition qui ont tous des problématiques différentes et qui sont répartis sur toute la France. On a énormément aidé les membres de Paris 2024 à définir le service, à le mettre en place, même s’il y avait quand même quelques personnes ayant participé aux JO de Tokyo et de Pékin qui avaient des spécifications très précises.
Channelnews : C’est un investissement important pour vous ?
Didier Lejeune : Oui, c’est un gros investissement. Notamment humain. C’est probablement 500 personnes – soit 200 à 250 équivalents temps plein pendant plus d’un an – qui ont été mobilisées sur la préparation de ces Jeux. Pendant les épreuves, on aura plus de 350 personnes mobilisées sur les quelque 200 sites pour supporter les devices. On n’a jamais eu de projet avec autant de complexité organisationnelle, industrielle et humaine à gérer. Mais l’année prochaine, SCC va fêter ses 50 ans, donc c’était important pour nous de le faire. Pour montrer qu’on avait la capacité technique à délivrer un bon service sur notre cœur de métier et à répondre aux exigences – très importantes – de Paris 2024 et du CIO.
Channelnews : En termes de retombées, ça vous rapporte quoi ?
Didier Lejeune : Beaucoup. Ce sont d’abord des retombées de communication et d’image. Nos clients et nos partenaires nous ont félicité d’avoir relevé ce défi. Ça nous donne une visibilité sur le marché français extrêmement importante, y compris d’ailleurs auprès de prospects qui ne connaissaient pas particulièrement SCC.
Et en termes de savoir-faire, ça nous permet de développer des nouvelles lignes de services extrêmement sécurisées, notamment de stockage, d’intégration, de masterisation, de transport, pour des clients qui ont besoin de ce niveau de sécurité.
Enfin, la reprise des machines s’inscrit tout à fait dans notre stratégie RSE. Elles seront recommercialisées dans le cadre de la loi AGEC [loi antigaspillage pour une économie circulaire] qui impose aux clients d’acheter 20 % de leur matériel en seconde main.
Channelnews : Vous avez récemment clos votre exercice fiscal 2023-2024. Quelle a été votre dynamique de croissance ? Quelles activités l’ont soutenue et quelles activités l’ont ralentie ?
Didier Lejeune : Les comptes n’ont encore été audités mais je peux dire que le chiffre d’affaires a progressé d’environ 5 % à 2,75 milliards d’euros. C’est une croissance plus modeste que celle de l’année précédente puisqu’on avait fait quasiment +30%. On est quand même parvenu à progresser malgré cet effet de base et malgré un marché très difficile. Comme vous le savez, le marché du workspace (postes de travail) était en forte décroissance – de l’ordre de 15 à 20 % – et le marché de l’infrastructure était également décroissant sur les serveurs et le stockage.
Dans le détail, la distribution a progressé de 6 % et les services de 4%. On a fait une progression supérieure à 8% sur le financement. L’effectif a cru d’à peu près 4 % à un peu plus de 2500 personnes.
On n’a pas franchement eu d’activité en décroissance. Le secteur privé a très bien marché, dans la continuité de la tendance observée depuis 3-4 ans. L’activité logiciels est en forte croissance. Nos régions marchent très bien aussi. On y a signé pas mal de nouveaux clients qui alimenteront la croissance des prochaines années.
Channelnews : Quels événements marquants retiendriez-vous de l’exercice écoulé ? Je pense par exemple à la création de l’unité d’affaires Hyperscale.
Didier Lejeune : En effet, le lancement de cette BU qui a vocation à accompagner les clients dans leur Move-to-cloud en est un de toute première importance. On a fait énormément d’embauches dans ce domaine. On a porté l’activité à 70 personnes et on a un plan de développement assez important.
On a aussi pas mal de succès avec notre BU « Usages et data » qui adresse notamment les marchés de l’IoT et des Smart Cities. On fait des projets sur des cas d’usage assez intéressants embarquant de l’intelligence artificielle et associant des partenaires ISV. On s’intéresse de plus en plus à la data parce que le préalable de l’intelligence artificielle, c’est d’avoir des datas bien organisées et fiables. Nos clients ont beaucoup de travail à faire dans ce domaine et donc on les aide à mettre en place leurs réservoirs de données et on les accompagne dans leurs projets d’intelligence artificielle et dans la sécurisation de ceux-ci.
On a également réalisé de très beaux projets avec la BU multimédia : équipement des salles de visioconférence, murs d’images… C’est une activité qui se développe et dans laquelle on va encore investir.
Channelnews : Comment se présente l’exercice en cours. On traverse une période particulière d’instabilité politique qui inquiète un peu tout le monde. Avez-vous eu à subir vous aussi des reports de projets ?
Didier Lejeune : On n’a pas vu de décroissance due à des gels de décision. On a continué à croitre sur la prise de commande. Bon, ça ne veut pas dire pour autant que la situation soit idéale et qu’on n’a pas certains clients qui effectivement ont reculé des grands projets ou des prises de décision. C’est sûr que dans les ministères, on a besoin de décideurs pour pouvoir avancer dans les projets. Mais pour l’instant, encore une fois, on ne le mesure pas sur le terrain. On a un assez beau portefeuille et on a signé de beaux projets en ce début d’année. On prévoit une croissance du même ordre de grandeur que l’année dernière.
À noter, on réfléchit beaucoup à l’évolution de nos plateformes clients. On souhaite offrir à nos clients une expérience plus moderne, unifiée, quelle que soit leur consommation et leur type de besoin. À terme, ils pourront se procurer via une plateforme unique baptisée Atrium, du matériel, du logiciel, des services ou du cloud en mode as a service ou en mode investissement.