A l’occasion du lancement du plan Ambition 2015, le directeur général de Spie Communications, Gilles Brazey, évoque la redistribution du marché IT, la nouvelle organisation de la société. Et la crise.

 

Channelnews : Vous venez de dévoiler un nouveau plan stratégique baptisé Ambition 2015. Quel est son but ?

Gilles Brazey : Il y a un petit moment que plusieurs sujets me trottaient dans la tête. La force de Spie Communications c’est d’avoir un spectre d’activités très large sur le marché. Sa faiblesse, c’est d’avoir un discours qui n’est pas assez clair, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur.

J’ai monté un groupe de travail qui a travaillé sur ce sujet pendant deux ans. Dans un premier temps ses travaux ont abouti à la décision de s’orienter vers une nouvelle structuration de la société. J’ai alors demandé à Eric Magny, notre directeur du développement commercial, de prendre le dossier en charge et d’aboutir rapidement afin de pouvoir lancer une campagne de communication, l’objectif étant de déboucher sur une introduction en bourse d’ici 2015.

Votre plan s’intéresse notamment à la redistribution du marché IT et à la frontière de plus en plus ténue qui se situe entre SSII et intégrateurs. De quel côté de cette frontière vous situez-vous ?

Gilles Brazey : Je pense que les deux métiers vont converger. Cela dit, Spie Communications est avant tout un intégrateur. C’est un secteur qui n’est pas encore trop sujet à la concentration. Toutefois le métier de SSII représente un tiers de notre activité.

Nous avons segmenté la société en huit domaines d’activités stratégiques, dont cinq sont des solutions : communications unifiées et collaboration, infrastructures IP, sécurité, datacenter, et bâtiment intelligent, ces deux dernières étant appelées à un fort développement. Le bâtiment intelligent représente un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros. Nous avons en effet la chance d’appartenir à un groupe qui est un leader dans le domaine du bâtiment.
Nous avons ensuite trois grands secteurs de services qui sont le conseil et l’ingénierie, l’infogérance, et les services opérés et le cloud. Ce dernier domaine représente un petit 10% de notre activité mais constitue un fort relais de croissance pour les trois prochaines années.

Nous avons pu travailler jusqu’à aujourd’hui sur six de ces huit secteurs, le temps nous manquant pour aborder les autres. Le groupe de travail, animé par les membres des directions régionales, était constitué d’une soixantaine de personnes qui ont vraiment bâti le projet, défini où se situait le marché. Pour chacun des DAS, nous avions une vision très claire, avec leur taux de croissance. Nous avons confronté tout cela avec le terrain afin d’avoir une vision encore plus fine. Nous avons ensuite retouché le tout afin que cela cadre avec notre objectif qui est d’atteindre un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros en 2015.
Nous avons aujourd’hui une centaine d’ambassadeurs qui propagent tout cela dans l’entreprise.

 

Vous avez l’ambition de devenir un acteur important du cloud, un domaine dans lequel tout le monde s’engouffre.

Gilles Brazey : Tout le monde peut-être pas. Je ne sais pas si le client s’y engouffre. Toutefois, tous les clignotants sont au vert pour que cela décolle. Tous les ingrédients étant réunis, il n’y a d’ailleurs pas de raisons pour que cela ne décolle pas.
Cela dit, avant de se lancer les clients veulent comprendre les équilibres financiers, être rassuré sur la sécurité, comprendre ce qu’est un PRA. Ce n’est pas le même cycle pour tous les interlocuteurs.

 

Dans le communiqué annonçant le lancement de votre plan stratégique vous évoquez la recherche d’une plus forte proximité métier avec le secteur d’activité visé.

Gilles Brazey : Dans les valeurs affirmées par le groupe il y a la proximité. Nous voulons être plus proches de nos clients, mieux les connaître. Nous ne traitons pas avec un banquier de la même manière qu’avec un directeur d’hôpital. Et pour faire du conseil en amont il faut bien connaître son client.
Nous avons gagné un bel appel d’offres dans le secteur de la santé en Picardie. Ce n’est pas possible si on n’est pas dans la sphère. Nous avons embarqué dans notre projet un spécialiste, professeur au CNRS.
Par ailleurs, nous disposons de 70 agences en France. OBS communique sur sa proximité avec bien moins d’agences que nous. La capillarité est un de nos points forts qu’il faut mettre en avant. Si on vend du cloud à Limoges, il faut avoir l’accent limougeaud. 

 

Permettez-moi de vous poser une question désormais incontournable :  comment vivez-vous la crise ?

Gilles Brazey : On sort d’une bonne année 2011, avec un beau carnet de commandes, un bon backlog pour 2012.
Cela dit, nous constatons que les clients investissent moins, sauf sur des créneaux pour lesquels nous leur apportons un ROI. S’ils n’investissaient pas dans ces créneaux, ce serait pire pour eux, ils prendraient du retard par rapport à leurs concurrents.
Pour les clients internationaux et les PME, la situation est contrastée. Cela dépend s’ils sont ou non sur des secteurs porteurs. Les autres serrent plutôt les boulons. L’informatique n’est pas trop leur sujet en ce moment.
Il y a ensuite le secteur public où on attend un serrage de vis sur la plupart des projets. Par contre l’infogérance constitue pour eux une source d’économie.
Si on additionne tout cela on est en décalage avec tout ce que l’on entend. Ce n’est pas la catastrophe annoncée. On est plutôt sur du zéro plus.

 

Vous poursuivez vos recrutements ?

Gilles Brazey : Oui bien sûr, nous en avons besoin. Il y a dix ans, nous étions à 100% dans le domaine de la voix. Aujourd’hui celle-ci ne représente que 40% de notre activité. Il y a eu entretemps une transformation de l’entreprise, notamment à cause des rachats que nous avons effectué.
Nous avons aujourd’hui besoin d’expertises. Bon an, mal an nous réalisons une centaine de recrutements ciblés. Sans parler des recrutements que nous faisons pour honorer que nous avons décroché.

 

En mai dernier vous avez changé d’actionnaires, le fonds PAI Partners ayant revendu sa participation majoritaire à un consortium financier où les Américains sont majoritaires. Qu’est-ce que cela change pour vous ?

Gilles Brazey : Nous étions sur un LBO primaire à 5 ans. Comme nous l’avions dépassé, l’actionnaire a souhaité réaliser son gain. Nous avions par ailleurs besoin pour notre introduction en bourse  d’actionnaires plus spécialisés.
Cela dit, il n’y a pas de date fixe de définie pour cette introduction. Cela dépend de la situation du marché, qui n’est d’ailleurs pas très bonne actuellement. Nous allons voir ce qui se passe en 2013. S’il y a une fenêtre de tir, nous allons peut-être essayer d’introduire une première tranche représentant entre 0 et 15% des actions.

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