Six mois après le rachat des activités infogérance d’APX, Gilles Brazey, le DG de Spie Communications revient avec nous sur cette opération, qui fait de la société le cinquième intégrateur français, et dresse le bilan de l’année écoulée.


Comment a évolué l’activité de Spie Com en 2012 ?

Gilles Brazey : Le chiffre d’affaires est resté stable à périmètre constant (ndlr : 325 M€ en 2011). Les activités télécoms, périmètre historique de la société, ont décliné tant en intégration qu’en services. Mais cette baisse est compensée par la croissance des autres activités, notamment la sécurité, l’infogérance, les datacenters, la visio…

Quelles sont les activités les plus dynamiques ?

Gilles Brazey : La sécurité est en croissance significative. Cette activité est passée de 13 à 18 M€ en un an et pèse désormais 5% de notre chiffre d’affaires. On s’intéresse à tous les aspects de la sécurité : postes de travail, firewall, gestion de logs… Et plus on va vers le cloud et plus il y a de besoins.

Vous n’évoquez pas vos activités datacenters et bâtiments intelligents que vous citiez pourtant parmi les huit domaines d’activités stratégiques dans votre projet d’entreprise Ambition 2015 présenté l’année dernière ?

Gilles Brazey : L’activité datacenter, qui englobe tout ce qui se rapporte au stockage et à la virtualisation, a fait une croissance d’environ 10% en 2012 mais reste encore modeste avec un chiffre d’affaires inférieur à 15 M€. Il s’agit d’une des activités que l’on envisage de renforcer via de nouvelles opérations de croissance externe. Mais nous n’avons pas de dossier en cours. Quant aux bâtiments intelligents, il faut reconnaître que c’est encore un sujet expérimental en France. Le groupe y croit beaucoup du fait qu’il est déjà actif dans la conception, la construction et l’exploitation de bâtiments et notamment sur des sujets tels que les contrats de performance énergétique. À ce titre, on a les moyens de devenir un acteur de référence. Mais il n’y a pas encore de modèle économique et les cotations restent rares. Toutefois, nous venons de réaliser notre première installation d’éclairage sur IP. Cela mérite d’être mentionné.

Comment se porte votre activité services opérés, issue du rachat de VeePee en 2010 ?

Gilles Brazey : VeePee a eu à surmonter la perte de son premier client, le groupe Hersant, qui a disparu des écrans radars. Mais la société est parvenue à renouveler tous ses clients en fin de contrat. Du coup, l’activité reste stable.

L’événement marquant de cette année 2012 a été le rachat de l’activité infogérance d’APX au mois d’août dernier qui a porté votre effectif de 2200 à 3200 collaborateurs et va vous apporter 60 M€ de chiffre d’affaires additionnel en année pleine, faisant désormais de Spie Com, le cinquième intégrateur IT français, derrière Econocom et devant Nextiraone. Comment se déroule l’intégration ?

Gilles Brazey : Plutôt bien. Nous préparons le rapprochement d’APX avec notre filiale Spie Infoservices, elle-même issue des rachats de Fast en 2005 et Sertig en 2011, en vue de constituer un grand pôle infogérance. Mais compte tenu de ce qu’il reste à faire (information-consultation des IRP, harmonisation des statuts), je ne suis pas en mesure de dire quand nous aboutirons. En attendant, APX Infogérance va changer de nom.

Que vous apporte cette acquisition ?

Gilles Brazey : Cette opération nous permet de renforcer nos services IT (d’infogérance pour les deux tiers) qui pèsent désormais autant que nos activités conseil/intégration traditionnelles (contre 30% du CA global auparavant). Au passage nous avons amélioré notre proximité clients, notamment en doublant le nombre de nos techniciens itinérants, passés à 800. Je rappellerai à ce titre que nous diposons d’un des réseaux de proximité les plus denses du marché avec 70 implantations (chiffre stable).

Avez-vous vous fait évoluer votre portefeuille de partenaires clés ?

Pas spécialement. Cisco a continué à monter en puissance. Nous avons d’ailleurs été la deuxième société française à obtenir l’ensemble des certifications Cisco dès le premier trimestre 2012. Aastra reste notre second partenaire. Ce qui est nouveau en revanche, c’est que nous avons-nous-même classifié nos partenaires en fonction du volume qu’ils représentent dans nos ventes et de notre engagement. Nous avons ainsi distingué une demi-douzaine de partenaires gold : Cisco, Aastra, F5, Juniper, Netasq et Palo Alto. Cette distinction signifie que l’ensemble du réseau Spie Com est capable de fournir conseil, ingénierie, services d’intégration et maintenance autour de ces marques. Nous avons également distingué une demi-douzine de partenaires Silver.

Vous mentionniez au début de cet entretien que vos métiers historiques étaient plutôt en perte de vitesse, tandis que les métiers de l’IT étaient en croissance ? Comment gérez-vous la transition au niveau des ressources humaines ?

Gilles Brazey : Il est vrai que nos métiers sont en pleine mutation. Nous avons historiquement une forte population de techniciens en téléphonie, que nous accompagnons pour les former aux nouveaux métiers. Nous consacrons 3 M€ par an à la formation, ce qui représente entre 40.000 et 45.000 heures de formation. C’est un enjeu important car certaines compétences sont complexes à faire évoluer. À côté de ça, pas mal de nouveaux profils entrent dans l’effectif. Nous recrutons 200 CDI par an et, à l’exception des activités infogérances, il s’agit essentiellement de profils Bac+4 et 5.

Comment se présente 2013 ?

Gilles Brazey : Le début de l’année va être calme. Les débuts d’année ne sont jamais propices aux investissements. Fort heureusement, la part contractualisée de notre chiffre d’affaires est importante (grâce notamment à l’apport d’APX), ce qui est rassurant. Le chiffre d’affaires devrait rester stable en organique. Nous ne prévoyons pas de croissance externe avant, au plus tôt, la fin de l’année.