L’Arcep a suscité l’ire de Celeste en décidant de doubler les tarifs de location des infrastructures de génie civil d’Orange par lesquelles transite 95% de son réseau de 12.000 kilomètres fibre optique. C’est donc dans l’espoir de faire annuler cette décision que l’opérateur alternatif s’est résolu à saisir le Conseil d’État le 14 février dernier. Cette augmentation doit avoir lieu en deux temps : une première hausse de 70% est applicable depuis le 1er mars et une seconde de 30% est programmée pour le 1er mars 2025.

Une augmentation qui représente un surcoût d’environ 3 millions d’euros pour Celeste (sur un chiffre d’affaires d’environ 130 M€), a calculé son PDG Nicolas Aubé. Cette hausse de tarif est d’autant plus contestable selon lui qu’elle ne correspond à aucune contrepartie en termes d’amélioration des infrastructures de génie civil d’Orange, qui tend à réduire ses investissements et dont les coûts d’entretien diminuent.

Si cette décision ne remet pas en question son modèle économique – l’opérateur entend procéder à des optimisations de son réseau censées déboucher des économies sans incidence sur sa qualité – elle est de nature à distordre la concurrence avec Orange et à fragiliser l’ensemble des opérateurs alternatifs à l’heure où le gouvernement revoit à la baisse les subventions au déploiement de la fibre, estime-t-il. Surtout, cette hausse va inévitablement se répercuter sur les clients finaux, contribuant à alimenter l’inflation.

Celeste n’est pas le seul opérateur à protester. L’Informé révélait le 19 février dernier que Netalis avait intenté un recours gracieux contre l’Arcep et que l’Aota, une association regroupant une quarantaine d’opérateurs locaux, envisageait de demander l’arbitrage de Bruxelles.

Du côté de l’Arcep, on justifie cette augmentation en rappelant que, selon les principes adoptés en 2010, les tarifs d’accès au génie civil pour la fibre, initialement très bas, étaient voués à augmenter au fur et à mesure de la transition du cuivre vers la fibre et assumer une péréquation géographique au profit des zones les moins denses du territoire.

Pour l’instant, la date à laquelle le Conseil d’État prendra sa décision n’a pas été communiquée.