La CGT Econocom-Osiatis France renoue avec la logique du rapport de force avec la direction de l’entreprise au sujet des rémunérations. Apprenant qu’il n’y aurait, de nouveau, pas de participation cette année et que l’enveloppe consacrée aux augmentations de salaires serait famélique, le syndicat a mis en ligne une nouvelle pétition demandant une augmentation générale des salaires de 3%. Lancée le 30 mars, celle-ci a déjà réuni 840 signatures.
Premier syndicat représentatif au sein de l’entreprise avec plus de 40% des suffrages aux dernières élections, la CGT Econocom-Osiatis France a bon espoir de dépasser les 1.500 signataires. C’est le chiffre qu’avait atteint l’année dernière une pétition semblable également lancée par la CGT pour l’obtention d’une prime compensatrice de participation et de NAO – et qui avait débouché sur le déblocage d’une prime de 250 € bruts versés à tous les salariés de l’entreprise en septembre dernier. « Les salariés sont encore plus remontés que l’année dernière sur ce problème de rémunération », justifie un délégué syndical. Et l’effectif de la société s’est sensiblement renforcé entretemps, passant de quelque 3.700 colaborateurs fin 2016 à 4.800 au 1er janvier 2018, suite au transfert des 1.000 salariés d’Econocom Services au sein d’Econocom-Osiatis France.
Pour ces derniers, c’est un peu la double peine. Non seulement ils risquent de ne plus toucher de participation sur les bénéfices au cours des prochaines années en raison des déficits reportables générés par cette opération, mais ils viennent d’apprendre qu’ils ne verraient jamais la couleur de la participation aux bénéfices 2017 à laquelle ils auraient dû avoir droit au titre de l’accord de participation groupe dont ils bénéficiaient avant la fusion – qui leur avait permis de toucher 1.200 € l’année dernière, la fusion ayant un effet rétroactif au 1er janvier 2017.
De fait, Econocom-Osiatis France semble être un peu le parent pauvre du groupe Econocom en comparaison de ses autres activités. Ainsi, sur l’exercice 2017 le taux de marge opérationnel de son acticité location ressort à 6,7% et celui de l’activité distribution affiche 3,1%. En revanche, celui d’Econocom-Osiatis France, ne dépasserait pas 1,9%, selon la CGT – alors que celui d’Osiatis tournait autour de 7% au moment de son rachat. Un taux de marge insuffisant pour faire des bénéfices et distribuer de la participation. À en croire l’analyse de la CGT, cette faible marge ne serait pas inéluctable mais serait la résultante d’une stratégie délibérée consistant à vendre les services à bas coût pour mieux valoriser la location et la distribution dans le cadre de ses packages associant les trois activités.
Toujours est-il qu’ils seraient de plus en plus nombreux à se formaliser du décalage entre les communications financières du groupe toujours très positives – dans son dernier communiqué, celui-ci annonçait ainsi une croissance de 25,5% de facturations services (+12,7% en organique), un résultat net en progression de 13,8% à 94,5 M€ et des dividendes en hausse de 14% – et l’évolution de leur rémunération. Une enveloppe de 1,4% de la masse salariale a bien été dégagée pour les augmentations cette année. Mais cette enveloppe contient aussi les primes. Seule une partie sera consacrée aux évolutions de carrière et aux augmentations. Et encore celles-ci ne seront distribuées qu’au mérite. Autrement dit, la majorité n’aura rien. De quoi inciter à aller voir ailleurs. Surtout si l’on a les compétences actuellement recherchées par le marché.