Après bien des tergiversations, le conseil d’administration d’Apple consent à démocratiser davantage la gestion de l’entreprise. Toutefois, le fabricant refuse toujours de rémunérer ses actionnaires.

 

Réclamée à cors et à cris par certains actionnaires, notamment par le fonds de pension CalPERS qui figure parmi les principaux investisseurs du groupe à la pomme, l’élection des administrateurs à la majorité absolue a finalement été approuvée lors de l’assemblée générale du 23 février, y compris par le board nous apprend la presse américaine. Il y a un an déjà, le fonds de pension des salariés du secteur public californien, qui détient environ 2,8 millions d’actions du constructeur, avait réussi à faire adopter une motion en ce sens par 73% des participants à l’assemblée générale. Toutefois cette dernière avait été ignorée par le conseil d’administration.

Le directeur juridique d’Apple, Bruce Sewell, a expliqué au cours de la réunion qu’Apple avait longtemps résisté car ce changement amenait des complications juridiques. « Mais nous sommes chez Apple et nous ne laissons pas traîner des complications sur notre chemin », a-t-il conclut.

Ce changement était considéré comme indispensable par les actionnaires « activistes » qui souhaitent peser davantage sur les décisions du groupe et mettre fin au refus de la société de verser un dividende à ses actionnaires, ce qu’ils considèrent comme une incongruité dans la mesure où Apple dort sur un trésor d’environ 100 milliards de dollars.

Ils devront toutefois encore prendre leur mal en patience. Le CEO, Tim Cook, a reconnu qu’avec le pactole dont elle dispose, la société avait plus de liquidités qu’il n’en faut pour fonctionner et que le conseil d’administration « réfléchissait profondément à l’utilisation du cash ». « Nous ferons ce qui nous semble être dans l’intérêt de nos actionnaires », a-t-il ajouté, refusant d’aborder le sujet plus en profondeur.

Bientôt des télévisions Apple ?

Lors de la réunion, la société n’a pas failli à la tradition qui consiste à refuser d’évoquer les nouveaux projets à l’étude. Elle a donc tout naturellement évacué la question d’un actionnaire à propos de l’entrée éventuelle d’Apple sur le marché de la télévision en 2012, une rumeur qui se répand outre-Atlantique.

D’autres rumeurs se propagent depuis longtemps et pas seulement aux Etats-Unis sur les conditions de travail déplorables des ouvriers du sous-traitant Foxconn.

Si le problème n’a pas été abordé à l’assemblée générale, il s’est rappelé à la mémoire des participants à la sortie de la réunion où les attendaient une poignée de manifestants exigeant, pancartes à l’appui, des « iPhone plus éthiques ».

Des revendications auxquelles Apple n’est heureusement pas complètement sourd. La compagnie a ainsi confié à la Fair Labor Association (FLA), une mission d’audit sur les conditions de travail sur le site de Foxconn à Shenzhen. La société a par ailleurs demandé à la chaîne de télévision américain ABC de filmer les conditions de travail sur les chaînes de l’usine. Un reportage édifiant si l’on en croit nos confrères de 01Net qui l’ont visionné où l’on découvre une jeunesse chinoise sacrifiée, un nouveau Germinal.

Quant à la commission de la FLA elle aurait, si l’on en croit Appleinsider, été bernée par la direction de l’usine, qui aurait fait sortir de l’usine une partie de ses employés mineurs et aurait accordé une pause supplémentaire à ses salariés lors de l’audit.

Même avec de la bonne volonté, les iPhone « éthiques » ne sont pas pour demain.