Le plus dur de la crise semble être passé dans le secteur IT. Le business revient progressivement à la normale depuis juillet. Attention toutefois, les périodes de reprise sont traditionnellement les plus dévastatrices.

 

 

Le marché IT profiterait-il déjà du début de reprise économique annoncé par tous les média ces dernières semaines ? Oui répondent unanimement les acteurs du channel que nous avons interrogés. Henri Viard, pdg de Computacenter, a constaté une croissance sur juillet-août et parie sur une sortie de crise progressive durant le deuxième semestre. « Nous devrions être stables ou en faible croissance par rapport à l’année dernière mais probablement pas en décroissance comme au premier semestre ».

Même constat chez Euralliance’s où Jean-Pierre Leconte table sur un bon dernier trimestre au regard du niveau de prises de commandes au cours de l’été. Chez Econocom, Jean-Philippe Roesch anticipe une bonne croissance au troisième trimestre grâce à la signature de gros contrats. Même optimisme de  Benoît Mauran, pdg de l’intégrateur marseillais Groupe Scala, pour qui septembre confirme le mieux constaté au mois de juillet.

Chez Tech Data, Gérard Youna se montre plus prudent même s’il reconnaissait récemment dans nos colonnes que le mois de juillet n’avait pas été mauvais. Il juge que l’Europe, contrairement aux Etats-Unis, ne paraît pas encore sortie d’affaire. Il s’attend encore à trois ou quatre trimestre de décroissance du marché IT tout en se disant confiant sur la capacité de l’entreprise à surperformer le marché.

 

« On ne meurt pas d’un mauvais bilan mais d’un défaut de trésorerie »


Une prudence qu’affiche également  René-Luc Caillaud, pdg d’ETC. Certes, les serveurs et le stockage résistent pas trop mal. Et certains segments, comme les logiciels, la vidéo-conférence ou les tableaux blancs interactifs, seraient même carrément dynamique.  Mais les PC et les imprimantes continuent de souffrir, note-t-il. Cela dit, il s’attend comme ses confrères à une fin d’année positive.

Au point de juger utile de mettre en garde les revendeurs contre les risques d’une reprise mal anticipée : « il est important avant de se jeter sur le business de bien assurer ses arrières en termes de financement. On ne meurt pas d’un mauvais bilan mais d’un défaut de trésorerie. Les dépôts de bilan les plus retentissants sont toujours advenus alors que les carnets de commande des victimes étaient pleins. C’était le cas de ABMicroconseil, Motilogie, Qualité SA, etc. »

Peut-on parler pour autant de surchauffe ? « Nous n’en sommes pas là », estime Jean-Pierre Leconte sans cacher qu’une telle situation ne lui déplairait pas si tant est qu’elle n’est pas la conséquence de la pandémie grippale. Benoît Mauran est plus nuancé : « nous n’en sommes pas loin sur notre activité développement. Mais la situation serait trop nouvelle pour que nous réagissions autrement qu’en arbitrant les urgences. » En clair : pas d’embauche dans l’immédiat.