La reprise se dessine peu à peu dans les services, tout en restant hésitante. Dans ce contexte, les SSII de taille moyenne s’en sortent plutôt mieux que les grands groupes.

 

Second volet de notre bilan des résultats semestriels des SSII, avec les groupes de taille intermédiaire, ayant une dimension européenne. Des sociétés qui, majoritairement, ont déjà retrouvé le chemin de la croissance, contrairement à des groupes mondiaux comme Capgemini ou Atos-Origin.

croissance mais en dents de scie

A 832,1 M€ pour le premier semestre 2010, le chiffre d’affaires de Steria progresse de 1,4 % à taux de change constant. La marge opérationnelle est stable sur un an à 6,9 %. Si la SSII peut se féliciter d’avoir renoué avec la croissance, le bilan de ces six mois montre tout de même un coup de frein au printemps (avec une croissance zéro au second trimestre). Au premier trimestre, Steria enregistrait une progression de 2,9 % (à taux de change constant toujours). Cette relative déception doit beaucoup au retournement de tendance en Grande-Bretagne, premier pays pour le groupe depuis le rachat de la SSII britannique Xansa : alors que cette filiale était en croissance de 1,7 % au premier trimestre, elle encaisse finalement un recul de 1,2 % sur le semestre.

 

Dans le pays, Steria est confronté à la brutale réduction des budgets informatiques publics, suite à l’arrivée aux commandes du nouveau gouvernement conservateur de David Cameron. La SSII dirigée par François Enaud reconnaît que nombre de contrats ont été annulés ou suspendus. Tout en se disant bien positionnée pour répondre aux attentes de réduction des coûts du secteur public, du fait de sa présence offshore (héritée de Xansa). Une affirmation illustrée par la signature d’un contrat de 10 ans avec la police de Cleveland (IT, BPO), pour 211 M€. Ce tassement de la croissance sur le second trimestre est aussi perceptible en Allemagne.

En France à l’inverse, la SSII accélère son redressement amorcé depuis plusieurs trimestres déjà. La croissance passe ainsi de 2,6 % au premier trimestre, à 4,9 % au second.

Toujours freiné par des activités de conseil et d’intégration qui peinent à se relever franchement (décroissance de 1 % sur le semestre), Steria peut compter sur dynamisme de l’infogérance et du BPO, segment en progression de plus de 5 %. Après un raté au premier trimestre, le ratio prise de commandes sur facturation repasse dans le vert, à 1,13.

Steria compte 18 350 salariés, soit le même niveau qu’il y a six mois, dont 5 650 en France. Si les effectifs dans les pays européens ont tendance à augmenter légèrement, la SSII voit ses effectifs en Inde décroître rapidement : les forces offshore de la société ont fondu de près de 10 % en un an.

Sopra retrouve sa vitesse de croisière

Déjà 4,3 % de croissance pour Sopra au premier semestre (à 569 M€). Ce qui témoigne d’une accélération de la croissance au printemps. Même satisfaction côté marge d’exploitation, qui revient à des niveaux pré-crise (7,4 % contre 4,9 % un an plus tôt). Déjà net en début d’année, le redressement de la filiale logicielle Axway, que Sopra prévoit d’introduire en bourse (le projet doit être soumis aux actionnaires courant septembre), se confirme : la croissance de cette activité atteint 13,7 % sur le semestre. Un bond qui s’explique certes largement par le marasme qu’avait connu cette activité au premier semestre 2009, ce qui fournit au groupe des bases de comparaison flatteuses.

Principal facteur de résistance du groupe durant la crise, l’intégration en France (387 M€ env.) continue sa marche en avant avec une croissance de 3,9 % au premier semestre. Très fragiles pendant la récession du fait de leur manque de poids, les filiales européennes sont parvenues à revenir à l’équilibre au second trimestre. Mais, sur les six premiers mois de l’année, ces activités sont toujours en décroissance de 3,3 %.

Au 30 juin, Sopra employait 13 000 personnes environ, 580 de plus qu’en fin d’année dernière.

GFI voit le bout du tunnel

Après avoir mangé son pain noir en 2009, avec une perte de près de 60 M€ et un désengagement d’Allemagne et surtout d’Italie, GFI va mieux. Pour les six premiers mois de l’année, la SSII publie un chiffre d’affaires en croissance de 1 % (336,8 M€, hors activités cédées). Cette croissance reste toutefois totalement liée à l’acquisition de l’éditeur Fortsum au Canada (qui amène quelque 13 M€ de chiffre d’affaires).

Malgré cette réserve, les chiffres de GFI témoignent d’une amélioration de l’activité au second trimestre, puisque, sur les trois premiers mois de l’année, la SSII dirigée par Vincent Rouaix affichait encore une décroissance. Même si, en se délestant de deux filiales européennes et d’une activité de conseil en monétique en France, le groupe a perdu en surface : au premier semestre 2009, GFI pesait encore 367 M€.

En France, GFI a réalisé un chiffre d’affaires de 241,4 M€, témoignant d’une nette inflexion de tendance au second trimestre (facilitée il est vrai par des bases de comparaison favorables). GFI met en avant les contrats remportés auprès du ministère de la Justice pour l’infogérance de la chaîne pénale (autour de l’application Cassiopée) ou ceux gagnés avec les trois opérateurs mobiles pour le paramétrage de leurs offres.

Surtout, avec une amélioration de la marge brute passant de 4,4 à 5,6 % en un an, GFI parvient à dégager un bénéfice (2,6 M€), alors que la SSII avait essuyé une perte de 11 M€ au premier semestre 2009. La vente des trois activités dont s’est débarrassé le groupe ces derniers mois devrait permettre d’améliorer sensiblement la rentabilité au second semestre (les activités cédées généraient encore 1,7 M€ de perte sur les six premiers mois de l’année). GFI estime, dans un communiqué, que la situation devrait continuer à s’améliorer au second semestre.

Bull sans souffle

Marqué par la prise de pouvoir de Crescendo (et de son dirigeant Philippe Vannier), le premier semestre de Bull se termine par un recul de son chiffre d’affaires à périmètre constant : à 591,2 M€, il affiche une décroissance de 3,1 %. Certes, en valeur brute, l’activité progresse, mais cette croissance résulte de l’arrivée d’Amesys (l’activité amenée par le nouvel actionnaire, Crescendo) dans le groupe. Bull explique en grande partie ce revers par son retrait des activités de distribution (en chute de plus de 40 % sur un an).

Il n’empêche : l’activité services & solutions, la plus importante du groupe, manque elle aussi de souffle. A 241,2 M€ sur le semestre, elle est quasi-stable sur un an (+ 0,1 %). Bull continue à s’appuyer sur ses grands contrats d’infogérance, notamment auprès du secteur public (Chorus, Paperlinx). La marge brute de cette activité atteint 15 %, en recul de 0,6 point sur un an.

Au printemps, Devoteam réenclenche la marche avant

Comme ses homologues, la SSII Devoteam (4 500 personnes) est sortie de la spirale de la décroissance au premier semestre 2010. Après trois premiers mois de l’année encore hésitants, le groupe a vu son activité progresser de 9 % au cours du printemps, une progression il est vrai dopée par les rachats de la SSII allemande Danet et des activités de Tieto en France.

Sur le semestre, le chiffre d’affaires s’établit à 240,2 M€, en croissance de 5 %, mais stable à périmètre constant. La marge, elle, abandonne 0,3 point, à 5,4 %, un tassement que Devoteam explique par la hausse des coûts de sous-traitance et ses investissements commerciaux. Le résultat net, en croissance, atteint 7,3 M€.

Portées par les effets de change et l’acquisition de Danet, les activités à l’international bondissent de près de 10 % et représentent désormais 54 % du total. L’intégration de Tieto dans le groupe permet à Devoteam d’afficher une stabilité en France sur le semestre.

Pour l’année, la SSII prévoit désormais de réaliser un chiffre d’affaires compris entre 485 et 490 M€, soit sensiblement plus que ses estimations précédentes. Devoteam signale qu’il est désormais en possession de 46,7 % du capital de la SSII polonaise Wola Info, sur lequel il a lancé une OPA en mai dernier.

Groupe Open toujours à la peine

Sévèrement touchée pendant la crise – alors qu’elle était alors en pleine absorption de sa concurrente Sylis – la SSII Groupe Open peine encore à retrouver sa stabilité. La SSII a certes freiné légèrement la décroissance de la fin d’année 2009 et du premier trimestre (-11,3 % au T1). Mais le recul reste sévère : à 136,6 millions d’euros, l’activité des six premiers mois de l’année se tasse encore de 9,8 %, témoignant d’une amélioration de l’activité toute relative au printemps.

La société dirigée par Guy Mamou Mani désormais président de Syntec Informatique, explique ce résultat par « l’effet embarqué négatif dû à la baisse d’effectifs en 2009 ». La société confirme du coup son objectif de 400 nouvelles embauches en 2010 sur le plan national afin de retrouver le niveau d’effectifs d’avant la crise, à 3 400 salariés. Enfin, il est à noter que les activités à l’international (21,3 millions d’euros) souffrent encore avec un chiffre d’affaires en baisse de 15,9 % sur le semestre. En conséquence, Groupe Open prévoit un plan de redressement qualifié de « vigoureux » pour ses activités en Hollande et en Belgique.

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