C’est un peu retour vers le futur. Les systèmes convergés redeviennent au-devant de la scène et concurrencent les architectures traditionnelles.

Au début de l’informatique, les systèmes intégrés étaient la norme. A commencer par le mainframe IBM dont l’appellation indique que, autour du « main frame » qui supportait les processeurs, étaient d’autres frames pour les périphériques et leurs contrôleurs, les réseaux… D’ailleurs, l’IBM 360 était une machine totalement intégré comprenant le matériel et l’ensemble des logiciels incluant le système d’exploitation, le système de fichiers, la base de données, les moniteurs transactionnels… Les systèmes de la génération suivante, les minis et superminis (respectivement 16 et 32 bits), le Vax de Digital Equipment, le HP 3000 d’HP et les System/36, 38 et AS/400 étaient également des systèmes intégrés.

Puis, sont arrivés les PC dont les processeurs sont devenus suffisamment puissants pour motoriser des serveurs et ainsi éclater les systèmes informatiques en différents modules, principalement serveurs, systèmes de stockage, systèmes de communication, avec une composante logicielle complètement séparée.

Dans son baromètre dédié (existant depuis 5 trimestres), IDC observe l’évolution de cette nouvelle génération de systèmes. Le cabinet classe ces systèmes en trois grandes catégories (définition dans l’encadré ci-dessous) : systèmes intégrés, systèmes de référence et systèmes hyperconvergés. Le phénomène des appliances n’est pas vraiment nouveau mais il concernait des systèmes spécialisés (système bureautique comme ceux proposés par Wang ou Bull avec sa TTX, système de BI proposé par Teradata), mais c’est Cisco qui a relancé le modèle des systèmes convergés généralistes avec ses solutions Unified Computing Systems en 2009. Cette incursion n’était pas gagnée d’avance mais Cisco a réussi son pari en devenant en quelques années, un acteur important dans les serveurs.

Les 3 catégories de systèmes convergés selon IDC
– Integrated systems are pre-integrated, vendor-certified systems containing server hardware, disk storage systems, networking equipment, and basic element/systems management software.
– Certified reference systems are pre-integrated, vendor-certified systems containing server hardware, disk storage systems, networking equipment, and basic element/systems management software. Certified reference systems, however, are designed with systems from multiple technology vendors.
– Hyperconverged systems collapse core storage and compute functionality into a single, highly virtualized solution. A key characteristic of hyperconverged systems that differentiate these solutions from other integrated systems is their ability to provide all compute and storage functions through the same server-based resources.

L’activité générée par l’ensemble des systèmes intégrés aura représenté quelque 10 milliards de dollars soit un peu de 10 % des ventes de matériels incluant les serveurs (50 milliards $), les systèmes de stockage (30 milliards $) et les commutateurs (25 milliards $). C’est donc une évolution assez rapide à laquelle on a assisté.

Ces solutions ne sont pas seulement destinées aux grandes entreprises mais elles sont aussi tout à fait adaptées aux besoins et aux contraintes des PME. C’est ce que soutient le Gartner dans un rapport publié il y a quelques mois intitulé Simplify the Midmarket Data Center With Hyperconverged Infrastructure Solutions et dans lequel elle positionne les principaux fournisseurs (voir ci-dessous). L’utilisation de ces systèmes facilite les tâches de maintenance et simplifie la complexité de l’intégration, deux arguments de poids pour les PME qui n’ont pas toujours les ressources nécessaires pour gérer leurs data centers.

Dans les trois catégories de systèmes, c’est celle des systèmes hyperconvergés qui est la plus modeste (279 M$ au troisième trimestre 2015) mais qui concentre le plus d’intérêt et connaît la plus forte croissance (+ 155 % au 3e T2015). IDC n’effectue pas encore de classement et les principaux acteurs en sont Nutanix, VMWare, Simplivity, EMC, Maxta, Pivot 3, Scale Computing. Mais les deux sociétés les plus en vue sur ce nouveau segment sont sans doute Nutanix et Simplivity.

Créé en 2009, Nutanix a atteint un chiffre d’affaires de 241 M$ pour son exercice clos en juillet dernier au terme d’une croissance de 90 %. Mais l’entreprise accumule aussi les pertes, environ 312 M$ depuis la création, un montant équivalent aux fonds levés, valorisant l’entreprise à quelque 2 milliards de dollars. Nutanix se prépare à entrer en bourse en 2016, une initiative qui sera scruté avec beaucoup d’attention d’autant que nombre de sociétés ont cherché à lever des fonds via d’autres canaux, notamment du capital risque. La solution de Nutanix est basée sur deux familles de produits logiciels, Acropolis et Prism, des matériels X86 standards. Acropolis offre des fonctionnalités de gestion distribué de stockage et d’application étendu par Nutanix avec des fonctions d’hyperviseur permettant à de multiples systèmes d’exploitation permettant de partager un même matériel. De son côté, Prism fournit des applications de virtualisation et de gestion d’infrastructure. Parmi ses clients, Nutanix fait état de Best Buy, Kellogg, Nasdaq, Total S.A., Toyota…

Interview Dheeraj Pandey Ceo Nutanix from Canaltech on Vimeo.

Créé la même année que Nutanix mais sur la côte Est – à Westborough dans le Massachusetts, renouant avec le succès des fournisseurs de minis – SimpliVity a lancé son premier produit en 2012 et lever 276 M$. « 2015 s’est révélée être une année charnière pour SimpliVity. Notre évaluation a augmenté, atteignant désormais plus de 1 milliard de dollars, notre carnet de commandes s’est largement étoffé trimestre après trimestre et nous avons lancé la troisième génération de notre solution OmniStack », soulignait récemment Klaus Seidl, Vice-Président des ventes EMEA chez SimpliVity. L’entreprise a ouvert un nouveau bureau à Munich qui servira de pôle régional pour l’Europe.

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