Broadcom écope d’un nouveau carton rouge dans le deuxième rapport de l’Observatoire européen de la concurrence dans le cloud (ECCO). Émanation du CISPE (Cloud Infrastructure Service Providers in Europe), l’ECCO est chargé de surveiller les pratiques de licence déloyales dans le secteur du cloud européen. Il dénonce dans ce rapport « des clauses contractuelles abusives à grande échelle » et « une approche de plus en plus litigieuse de Broadcom envers ses partenaires et clients ».
L’observatoire rappelle que depuis le rachat de VMware, Broadcom a mis fin aux licences perpétuelles et consolidé son portfolio avec des offres groupées imposant de payer pour des logiciels superflus. Les nouveaux abonnements ont entrainé « des augmentations exponentielles et injustifiées des coûts de licence », avec des prix souvent multipliés par dix. Des membres du CISPE ont signalé des hausses entre 800% et 1500%. Une remise de 30% à 50% sur la hausse des prix est généralement proposée mais à condition d’accepter des contrats fixes de trois ans.
L’ECCO considère que la brutalité des changements et l’absence d’alternatives immédiates ont contraint les clients à accepter sous pression de nouveaux contrats. D’ailleurs tous les membres du CISPE, à l’exception d’un seul en position de couper les ponts avec VMware, ont dû se plier aux nouvelles règles. Beaucoup ont dû également faire évoluer leur infrastructure pour limiter l’impact, fragilisant encore leur équilibre financier.
Un autre point de mécontentement est la difficulté d’accès au programme partenaires, surtout pour les petits fournisseurs de services cloud (CSP). Sont également critiquées les modifications apportées au programme, qui obligent les partenaires à choisir entre le statut de prestataire de services et celui de revendeur, alors qu’ils cumulent souvent ces deux rôles en Europe.
Au final l’observatoire estime que depuis son premier rapport, Broadcom a amplifié ses pratiques anticoncurrentielles et est resté sourd au dialogue.
« Contrairement à Microsoft, Broadcom ne montre aucun intérêt à trouver des solutions, ni même à collaborer avec des fournisseurs d’infrastructures cloud européens. Broadcom peut signaler que la plupart d’entre eux ont signé de nouveaux contrats, mais nous savons que ceux-ci sont punitifs et menacent la viabilité des fournisseurs de services liés à l’écosystème VMware. Il est urgent d’agir », déclare Francisco Mingorance, secrétaire général du CISPE dans un communiqué.
Dans cette situation, l’ECCO juge qu’une action réglementaire est nécessaire et salue la décision de l’association allemande VOICE d’avoir déposé une plainte contre Broadcom auprès de la Commission européenne pour violation du droit de la concurrence.
« En l’absence de changements et d’adaptations critiques à ses conditions de licence, des mesures incluant le rétablissement du contrat précédent, la suspension du litige en cours initié par Broadcom à la suite d’un changement de conditions, devraient être envisagées de toute urgence par le régulateur », plaide l’observatoire en conclusion de son rapport.