En décidant de couper la Russie de l’Internet mondial la semaine dernière, les américains Cogent et Lumen Technologies, principaux fournisseurs mondiaux de dorsales d’accès à Internet, ont-ils rendu service au gouvernement de Vladimir Poutine ?

La législation russe exige depuis des années que tous les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) locaux fassent passer le trafic par des serveurs gérés par l’autorité de régulation des télécommunications du pays. Ces serveurs peuvent agir comme coupe-circuits et déconnecter la Russie de l’extérieur tout en réacheminant le trafic internet à l’intérieur du RuNet, l’espace internet russe. C’est également ce qui est en place au sein de la Chine où s’opère un contrôle strict du contenu partagé sur Internet.

Tant que les fournisseurs d’internet russes n’utilisent pas uniquement le DNS de leur gouvernement, ils disposent de connexions web avec le monde extérieur mais ils encourent des risques importants désormais. Le gouvernement russe bloque depuis plusieurs jours les réseaux sociaux Facebook, Twitter ou encore YouTube à l’intérieur de ses frontières et a promulgué une nouvelle loi qui punit jusqu’à 15 ans de prison la diffusion « d’informations mensongères ».

Göran Marby, le PDG de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), n’est pas en faveur de la déconnexion totale de la Russie d’Internet mais uniquement de ses réseaux militaires, tout en maintenant la connexion au réseau mondial pour les citoyens.

Interviewé par notre confrère de ZDnet, Andrew Sullivan, le PDG de l’Internet Society (ISOC), une association américaine créée en 1992 par les pionniers de l’Internet, estime que « la plupart des Russes ne pourra plus s’informer qu’à travers la propagande d’Etat mais les élites russes trouveront toujours un moyen de rester connectées à l’internet mondial ».

Plusieurs radios, telles que la BBC, ont pris la décision de diffuser à nouveau des programmes d’information en ondes courtes qui peuvent être écoutés avec un transistor depuis l’Ukraine ou la Russie.