Dans un ensemble de résultats 2015 assez médiocres, les serveurs Power d’IBM font exception et semblent de nouveau sur une pente ascendante en redevenant une alternative crédible aux serveurs x86.
D’abord les chiffres. La part des matériels dans le chiffre d’affaires est en baisse depuis des années. Au quatrième trimestre 2015, IBM a réalisé 2,37 mds$ dans le matériel sur un total de 22,1 mds$ soit un peu moins de 11 %. IBM réalisait encore 14% de ses bénéfices via les ventes de matériels il y a trois ans et 35% il y a quinze ans. C’est donc une évolution majeure initiée par Gerstner, largement amplifiée par son successeur Sam Palmisano et poursuivi par l’actuelle CEO Ginni Rometty.
Cette activité matériels est répartie en 70 % pour les serveurs (System z et serveurs Power) et 30 % pour les systèmes de stockage. Sur l’exercice 2015, si l’on ajoute la vente des matériels et les systèmes d’exploitation, on arrive à 7,41 milliards $ auxquels il faut ajouter les 2,49 milliards de dollars des systèmes de stockage pour un total qui frôle les 10 milliards de dollars, soit un peu plus de 12 %.
En ajoutant encore les middlewares, les bases de données, les logiciels système et les services de maintenance, on est aux alentours de 37 %. Donc bien que la part de matériels se réduise, IBM reste donc un fournisseur d’infrastructures.
Après plusieurs mois de déclin, l’activité liée aux ventes de serveurs est repartie à la hausse : 4 % en 2015 en chiffres réels et 8 % si l’on tient compte de l’effet dollar. Ce rebond s’est appuyé notamment sur les modèles haut de gamme Power E870 et E880 et le système Scale-out PowerSystem LC co-développé avec les ODM Wistron et Tyan, tous deux partenaires de l’OpenPower Foundation. Les serveurs Power Systems LC apportent toute la performance Power à l’écosystème Linux et ont été optimisés pour de l’analyse de données, du Cloud et du calcul haute performance (HPC). Un des nouveaux serveurs Power Systems LC traite ainsi des charges de travail Apache Spark (par exemple l’analyse de flux Twitter, le streaming de pages Web vues et d’autres analyses d’importants volumes de données) pour un coût plus de 50% inférieur à un serveur x86, ce qui offre aux clients une performance par euro dépensé 2,3 fois supérieure. Depuis octobre, IBM propose trois serveurs de cette famille optimisés :
– S812LC Power Systems optimisé pour Spark et Hadoop
– S822LC Power Systems pour l’informatique d’entreprise
– S822LC Power Systems pour le calcul haute performance
Comparés à des modèles similaires x86, les S822LC ont, selon IBM, une performance 2 fois supérieure par cœur, un prix vs performance 40% plus faible et une bande mémoire 2 fois supérieure.
Alors que les systèmes Risc ne sont pas récents, IBM a décidé il y a 2 ans d’ouvrir l’architecture Power en créant l’OpenPower Foundation qui permet à d’autres entreprises de concevoir, développer et fabriquer des serveurs Power sous licence IBM. Aujourd’hui, la fondation compte quelque 150 membres. De son côté, IBM a enrichi ses serveurs avec des composants issus de partenaires tiers comme Nvidia ou Mellanox, Canonical, Tyan et Wistron. IBM a également repositionné ses systèmes Power sur le cloud et le big data. Google a testé les systèmes Power pour ses propres data centers même si, à ce jour, aucune décision n’a été prise. En France, Online, membre du Groupe Iliad, utilise les serveurs S822L dans son data center afin d’attirer de nouveaux clients à la recherche de services diversifiés, allant des web domaines à l’hébergement Internet.
IBM a également créé une ligne de serveurs d’entrée de gamme Linux. Il y a deux ans, IBM a investi 1 milliard de dollars avec comme objectif « d’aider les clients à tirer avantage du Big Data et du Cloud Computing avec des systèmes modernes construits pour gérer la nouvelle vague d’applications arrivant dans les data centers à l’ère post-PC ». A cette occasion, IBM avait annoncé un centre européen Power System Linux et un cloud de développement pour Linux on Power. Ce service cloud gratuit devait permettre à davantage d’entreprises la possibilité de concevoir, développer, porter et tester des applications Linux sur plate-forme Power ainsi que des applications pour AIX et IBM i.
IBM tente d’opérer la meilleure transition d’AIX, l’Unix maison, vers Linux. Le premier est perte de vitesse mais reste une activité significative et le second continue à se développer.
Les serveurs Power ne constituent pas la seule alternative aux serveurs x86. Il y a les serveurs ARM mais qui, pour l’instant, n’ont qu’un succès d’estime. Oracle continue à développer les serveurs Sparc hérités du rachat de Sun en 2009 mais semble plus intéressé par les appliances. HP a jeté l’éponge il y a une dizaine d’années en abandonnant son architecture PA-RISC et en pariant sur l’Itanium en co-développement avec Intel dont on connaît les résultats. Depuis, HP a du motoriser ses serveurs haut de gamme avec les microprocesseurs Xeon.
En, 2013, IBM a fait état de 500 M de pertes d’exploitation sur un chiffre d’affaires de 15 milliards en matériels. En 2015, il affiche un bénéficie d’exploitation de 600 M$ sur 8 milliards de ventes. Egalement en 2015, IBM s’est délesté de son activité serveurs x86 en la revendant à Lenovo et a cédé la fabrication de ses microprocesseurs au fondeur GlobalFoudries. Ceci explique-t-il cela ?
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