La direction d’HP demeure inflexible, la proposition de Xerox sous-évalue la société. Le fait d’avoir obtenu l’engagement de trois banques de financer l’opération à hauteur de 24 milliards de dollars n’y a rien changé. Le vice-président directeur général de Xerox – et homme lige de Carl Icahn – John Visentin s’était pourtant évertué à faire savoir la chose, notamment au travers d’une lettre envoyée à ses « chers Chip et Enrique » (Chip Bergh, et Enrique Lores, respectivement membre du conseil d’administration et CEO de HP). La lettre datée du 6 janvier, rendue publique, se voulait d’ailleurs convaincante quant à l’issue prétendument inéluctable d’une OPA. « Au cours des dernières semaines, nous avons engagé un dialogue constructif avec plusieurs de vos principaux actionnaires concernant les avantages stratégiques de notre proposition d’acquérir HP. Il demeure clair pour nous tous que le rapprochement de nos entreprises générerait des synergies substantielles et une amélioration significative des flux de trésorerie qui pourraient, à leur tour, permettre des investissements accrus dans l’innovation et de meilleurs rendements pour les actionnaires », écrivait le dirigeant. « Mais il est également ressorti clairement de notre dialogue avec vos actionnaires que vous et vos conseillers remettiez en question notre capacité à lever le capital nécessaire au financement de notre proposition. Nous avons toujours soutenu que notre proposition n’était pas soumise à une éventualité de financement, mais afin de lever tout doute, nous avons obtenu des engagements de financement contraignants (qui ne sont soumis à aucune condition de diligence raisonnable) de Citi, Mizuho et Bank of America », pouvait-on encore lire.

Cette mise sous pression supplémentaire n’a pas fait fléchir le conseil d’administration du fabricant de Palo Alto. « Votre lettre du 6 janvier 2020 concernant le financement ne résout pas le problème clé – la proposition de Xerox sous-estime considérablement HP – et ne constitue pas une base de discussion », ont répondu sèchement les deux destinataires dans une lettre qu’ont pu consulter nos confrères de CRN. « Chip » et « Enrique » rappellent que le conseil d’administration de HP se concentre sur « la création d’une valeur durable à long terme pour les actionnaires », ce qui selon eux ne peut pas être réalisé par l’offre de rachat de Xerox. « Le conseil d’administration de HP reste déterminé à promouvoir les meilleurs intérêts de tous les actionnaires de HP et à rechercher les opportunités les plus créatrices de valeur », conclut le document.

Contacté par nos confrères, Xerox n’a pas souhaité répondre.

Le 5 novembre, le spécialiste de la reproduction de documents a proposé de racheter HP en offrant aux actionnaires 17 dollars par action en numéraire, plus 0,137 action Xerox par action HP, ce qui équivaut à une offre de 22 dollars par action.

Dans leur précédent courrier, les deux dirigeants d’HP se plaisaient à rappeler que leur agresseur avait généré des revenus inférieurs aux prévisions au cours de quatre des cinq derniers trimestres et qu’entre juin 2018 et juin 2019, le chiffre d’affaires était tombé de 10,2 milliards de dollars à 9,2 milliards de dollars, une tendance qui selon eux devrait se poursuivre. Ils mettaient également en doute la réalité des synergies résultant d’un rapprochement. « Il semble que vos hypothèses incluent des économies importantes déjà incluses dans les plans de réduction des coûts annoncés de manière indépendante par chaque société. », indiquaient-ils.