Nouveau changement de pilote chez Atos. Le groupe a promu lundi son directeur financier Paul Saleh au poste de directeur général. Succédant à Yves Bernaert, nommé seulement en octobre dernier, Paul Saleh devient le quatrième DG de la société en moins de deux ans. Prenant les commandes dans un épais brouillard, il va devoir se saisir en urgence des trois dossiers brulants du moment: le refinancement de la dette, la vente de l’activité Tech Foundations au fonds EPEI de Daniel Kretinsky et la vente des activités Big Data & Security (BDS) à Airbus.

« Paul est un dirigeant chevronné, doté d’une grande expérience en matière de finance, de redressement et de restructuration d’entreprises, notamment dans le secteur des technologies. Il est la bonne personne pour diriger Atos pendant cette période de transformation, alors que nous prenons des mesures décisives et rigoureuses pour assurer la viabilité à long terme de notre entreprise, dans l’intérêt de nos 105 000 employés, de nos clients et de nos investisseurs », déclare à son sujet Jean Pierre Mustier, Président du Conseil d’administration d’Atos.

Annoncée à l’été 2023, la cession de Tech Foundations devait être l’opération permettant à Atos de se défaire de ses activités déclinantes d’infogérance pour se recentrer sur ses activités les plus porteuses dans les domaines du numérique, du cloud et de la cybersécurité logées dans l’entité Eviden. Dans un point de marché le 3 janvier, Atos avait admis pour la première fois la possibilité d’un échec des négociations. C’est bien le scénario qui semble se dessiner. Selon Les Échos, une réunion de la « dernière chance » doit se tenir dans les prochains jours.

Un échec mettrait Atos encore plus en position de faiblesse pour négocier la cession de BDS à Airbus, dont l’offre initiale retiendrait une valeur d’entreprise entre 1,5 et 1,8 Md€, à peine plus que son chiffre d’affaires annuel.

Or Atos est endetté à hauteur de 5 milliards d’euros, dont 2,25 arrivent à échéance en 2025 et dont certaines lignes doivent être renégociées dès janvier avec les 22 banques créancières du groupe comme le rappelle Le Figaro. Si dans son point de marché du 3 janvier, Atos avait déclaré ne pas exclure de recourir aux mécanismes de protection juridiques à sa disposition, il précise dans son dernier communiqué n’avoir à ce stade « pas déposé de demande de désignation d’un mandataire ad hoc ou d’ouverture d’une procédure de conciliation. »

Dans ce contexte incertain, le groupe confirme toutefois qu’il atteindra ses objectifs financiers 2023 en termes de chiffre d’affaires et de marge opérationnelle. En revanche, il avertit que son flux de trésorerie disponible pour le second semestre devrait être inférieur de 100 M€ à son objectif.

Des nouvelles qui sont loin de rassurer les investisseurs. L’action Atos a dévissé de 15% lundi et de plus de 40% depuis le début de l’année.