Le projet présenté pendant l’été de cession de Tech Foundations à l’homme d’affaire tchèque Daniel Kretinsky ravive un vent de fronde chez les actionnaires d’Atos. Cette semaine le fonds activiste Ciam et l’association UDAAC (Union des Actionnaires d’Atos Constructifs) sont montés simultanément au créneau pour contester le projet et critiquer la direction et sa gouvernance.

Dans une lettre adressée mardi au conseil d’administration et à l’Autorité des Marchés Financiers, Ciam dénonce les conditions envisagées pour la cession, des irrégularités dans la communication et la gouvernance, et demande l’abandon de la vente.

« La modification du plan de transformation décidée par le conseil d’administration afin de céder l’activité Tech Foundations à Monsieur Kretinsky est défavorable à la société et à ses actionnaires », font valoir les fondatrices de Ciam, Catherine Berjal et Anne-Sophie d’Andlau, dans un communiqué.

« Nous nous opposerons à la mise en œuvre de ce plan ainsi qu’à toute proposition qui conduirait à la dépossession des actionnaires d’Atos SE sans un juste partage de valeur », previennent-elles.

Concernant les augmentations de capital prévues avec le projet, Ciam reconnait leur nécessité si elles servent à financer la restructuration de Tech Foundations mais « seulement si cette activité prometteuse demeure dans le périmètre des actifs sociaux. »

« Nous sollicitons un retour à de bonnes pratiques en matière de gouvernance et d’information du marché », réclement-elles enfin.

Parallèlement à cette initiative, l’UDAAC, association créée pour défendre les intérêts des actionnaires minoritaires d’Atos, a également adressé une lettre aux administrateurs. Elle demande plus de transparence sur la vente en demandant la publication de documents incluant la description précise de la transaction qui justifie l’ouverture de négociations exclusives entre Atos et le fonds de Daniel Kretinski.

Rejetant la cession et l’augmentation de capital, elle défend un projet alternatif qui recentre Atos sur un périmètre plus réduit, sans le démembrer mais avec la vente de l’activité BDS (Big Data et sécurité) pour financer la restructuration.

L’association annonce également qu’elle a fait appel au cabinet Vermeille & Co et son avocate Sophie Vermeille pour la représenter. « C’est le début d’un combat épique qui s’annonce entre l’UDAAC et la Gouvernance d’Atos », clame-t-elle sur son site internet.

Si les deux initiatives sont indépendantes, l’UDAAC dit avoir pris contact avec Ciam dans l’espoir de pouvoir coordonner leurs actions.

Atos a confirmé avoir reçu la lettre de Ciam sans apporter de commentaires. Le président de son conseil d’administration Bertrand Meunier avait pris lundi la parole dans La Tribune pour défendre son projet. Réfutant les critiques, il a présenté l’opération comme « parfaitement cohérente avec notre projet de séparation » et déclaré que l’offre de Daniel Kretinsky était « tangible » et « la meilleure ».

Le dernier mot sur le projet de cession reviendra aux actionnaires qui seront consultés lors d’une assemblée générale qui doit être organisée d’ici la fin de l’année.