La situation se tend entre la direction d’Atos et des actionnaires mécontents. Vendredi, alors que la société publiait un communiqué pour répondre aux critiques sur le projet de cession de Tech Foundations, les avocats du fonds Alix PM, actionnaire minoritaire du groupe, déposaient une plainte pour corruption active et passive auprès du Parquet national financier (PNF).
D’après le site Médiapart, la plainte vise nommément Nourdine Bihmane, directeur chargé des activités opérationnelles de Tech Foundations et Diane Galbe, directrice de la stratégie du groupe, tous deux mandataires sociaux chargés de négocier la cession avec Daniel Kretinsky. Les avocats du fonds estiment que les plans d’intéressement proposés pour continuer de travailler avec l’homme d’affaires les placent en situation de conflit d’intérêt.
Une mise en cause déjà formulée avant la plainte et qui est qualifiée par Atos dans son communiqué d’« injuste et injustifiée ». « Le projet de management package, qui a été proposé à l’ensemble de la future équipe dirigeante de Tech Foundations et non à certains dirigeants uniquement, est habituel dans ce type d’opérations. En outre, ce management package serait supporté exclusivement par EP Equity Investment [le fonds de Daniel Kretinsky] si l’opération se concrétise », fait valoir le groupe.
Sur le projet de cession annoncé le 1er août, Atos réaffirme qu’il « permettrait de concrétiser, dans les meilleures conditions possibles au regard des circonstances actuelles, le projet de séparation d’Eviden et de Tech Foundations qui avait été annoncé le 14 juin 2022. »
Critiqué pour ne pas avoir soufflé mot du projet lors de l’assemblée générale du 28 juin dernier, Atos affirme qu’il n’était « pas possible d’annoncer plus tôt une entrée en négociations exclusives qui n’existait pas encore ». Ce même argument de calendrier est repris concernant l’annonce d’une augmentation de capital. La direction a exclu son éventualité pendant l’assemblée générale car elle travaillait alors sur un autre plan.
Sans citer nommément les actionnaires qui contestent son projet – il s’agit notamment du fonds Ciam et de l’UDAAC – le Conseil d’administration déplore qu’ils aient choisi la voie médiatique plutôt que le dialogue. Il estime que les critiques « portent préjudice » à la société et « fait le jeu des vendeurs à découvert ».
« La société n’hésitera pas, si elle le considère opportun, à saisir les juridictions compétentes pour faire sanctionner toutes les manœuvres visant à la déstabiliser », menace Atos.
L’entreprise n’apporte aucune information nouvelle sur le projet de cession et ses modalités. Elle rappelle que « les actionnaires pourront se prononcer sur le projet de cession et les augmentations de capital liées, sur la base d’une information qui sera complétée lors de l’éventuelle signature des accords définitifs et en amont d’une assemblée générale. »
En attendant l’examen de la plainte déposée au parquet financier, les difficultés pour la direction d’Atos pourraient aussi venir de l’éxécutif. Selon un nouvel article de Mediapart publié ce week-end, l’Élysée, qui s’inquiète de la dégradation de la situation, « a décidé de nommer deux hauts fonctionnaires chargés « d’encadrer » la direction . »