« Le jargon technologique évolue si rapidement que les professionnels du monde entier peinent à comprendre réellement les technologies qu’ils doivent pourtant s’approprier pour construire l’avenir de leur entreprise ». C’est l’une des conclusions de l’étude réalisée menée par Morar Consulting qui, pour le compte d’Epicor Software, a interrogé 2.450 décideurs et collaborateurs d’entreprises dans douze pays différents. Cette enquête internationale met en évidence une méconnaissance inquiétante de la terminologie technologique dans l’Hexagone.

Ainsi, près d’un quart des dirigeants d’entreprise français reconnaissent avoir déjà entendu des termes technologiques qui nous semblent courants comme « big data » (24%) et « cloud » (32%), sans qu’ils leur soient familiers pour autant.

Alors que l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine, ainsi que les objets intelligents, figurent parmi les tendances technologiques de 2017 répertoriées par Gartner, l’enquête d’Epicor laisse penser que ces termes sont encore moins familiers aux utilisateurs français que « cloud » et « big data ». Par ailleurs, près de la moitié des personnes interrogées en France indiquent ne pas maîtriser les concepts d’internet des objets (49%), d’impression 3D (42%) et d’apprentissage machine (53%). Ils sont même nombreux à ne jamais avoir entendu parler de ces technologies.

L’évolution technologique accélérée s’accompagne d’un vocabulaire très spécifique, ce qui peut sans doute expliquer qu’un nombre si important de professionnels en entreprise méconnaissent les innovations majeures intéressant leur métier. Bien que déconcertés par ce qu’ils considèrent comme un jargon, ils estiment malgré tout qu’il est essentiel d’investir dans les nouvelles technologies pour accompagner la croissance de leur activité. « De nombreuses entreprises sont convaincues de l’importance des investissements technologiques et en recueillent les bénéfices. Pourtant, certaines méconnaissent les dernières technologies à leur disposition. La complexité de la terminologie et l’évolution rapide de l’environnement expliquent ce paradoxe », explique dans un communiqué Celia Fleischaker, vice-présidente senior et directrice du marketing chez Epicor Software. « Cela est inquiétant car s’ils sont incapables de distinguer l’IA de l’IdO, ou encore de discerner le potentiel d’une usine intelligente et connectée, les dirigeants d’entreprise pourraient freiner leurs investissements dans les nouvelles technologies. Les entreprises sont lasses des termes tendance et du jargon. Il est temps que les fournisseurs et la communauté technologique s’efforcent d’échanger et de communiquer avec leurs clients, les industriels et les distributeurs de manière plus limpide, dans la langue de leur métier. En présentant aux entrepreneurs les avantages des nouvelles technologies, ils les aideront à prendre des décisions stratégiques à l’avenir. »

 

On le constate tous les jours : un grand nombre de ces termes sont en anglais, ce qui suscite l’ire des défenseurs de la langue française. Toutefois les choses évoluent. Le réseau d’experts de la Commission d’enrichissement de la langue française s’emploie à présent à offrir leur traduction dans la langue de Molière. Une fois validés par l’Académie française, ils paraissent au Journal officiel et sont rendus accessibles à tous sur le site FranceTerme. Deux nouvelles livraisons de termes technologiques viennent ainsi de faire leur apparition. La première, consacrée à la sécurité, valide notamment 14 termes parmi lesquels figurent cyberattaque, cyberdéfense, cyberespace, cyberprotection, cyberrésilience, cybersécurité ou encore lutte informatique défensive (et offensive). La seconde livraison du JO, toute chaude, concerne les domaines de l’informatique et des télécommunications. Parmi les 10 mots approuvés on relève notamment : conception d’interfaces adaptatives, expert(e) en mégadonnées, internet clandestin ou encore toile profonde.