En juin dernier, Bloomberg rapportait sur la foi de personnes « proches du dossier » que Cloudera envisageait de se vendre après avoir reçu des marques d’intérêts de la part d’acquéreurs potentiels. Parmi ceux-ci figuraient des sociétés d’investissement selon ces sources. « Cloudera optant pour la voie privée nous paraît logique, car la société est relativement à la traîne en termes de croissance du chiffre d’affaires par rapport à ses pairs du logiciel », indiquait alors dans une note Raimo Lenschow, analyste chez Barclays. Son collègue de DA Davidson & Co, Rishi Jaluria, penchait pour une vente à IBM, sans écarter toutefois une acquisition par le capital-investissement

Un an après, c’est ce qui se produit. Les acquéreurs de Cloudera sont KKR & Co. et Clayton Dubilier & Rice LLC qui vont dépenser pour cela environ 5,3 milliards de dollars en espèces. Le prix d’achat serait ainsi de 16 dollars par action, ce qui représente une prime de 26% par rapport à la clôture de vendredi (lundi 31 mai, la bourse était fermée pour cause de Memorial Day) et une prime de 30% comparé au cours moyen pondéré en fonction du volume sur 30 jours.

L’accord, finalisé ce mardi a fait grimper l’action de 19% dans les échanges avant l’ouverture. Le document prévoit toutefois un «go-shop» de 30 jours expirant le 1er juillet 2021, ce qui permet au conseil d’administration et à ses conseillers extérieurs « d’initier, de solliciter et d’étudier activement des propositions d’acquisition alternatives de tiers », avec 10 jours supplémentaires pour négocier un contrat définitif. Si l’accord est annulé, Cloudera payera des frais de résiliation compris entre 92,5 millions de dollars et 171,7 millions de dollars selon la raison de l’annulation. Les fonds d’investissement s’engagent quant à eux à verser 290,6 millions de dollars s’ils rompent l’accord

Carl Icahn, qui s’est invité au capital du spécialiste des big data en août 2019 alors que le titre était au plus bas, possède une participation d’environ 18% et détient deux sièges au conseil d’administration. L’investisseur-activiste s’est bien sûr prononcé en faveur de l’opération qui lui permettra de dégager une jolie plus-value.

Cloudera annonce par ailleurs ses résultats financiers du premier trimestre de son exercice 2022. Le chiffre d’affaires a grimpé de 7% en année glissante pour atteindre 224,3 millions de dollars. Les revenus provenant des abonnements ont suivi la même courbe pour s’établir à 200,7 millions de dollars. La perte GAAP s’est élevée à 33,8 millions de dollars ou 0,14 dollar par action, contre 55,8 millions de dollars ou 0,20 dollar par action pour le premier trimestre de l’exercice 2021. En termes non-GAAP, la société californienne a dégagé un bénéfice de 42,5 millions de dollars ou 0,12 dollar par action, contre 17,3 millions de dollars ou 0,05 dollar par action un an auparavant.

Cloudera a été fondé en 2008. Entré au capital en 2014, Intel est le deuxième actionnaire en importance selon les données de Bloomberg. Lorsque la société est entrée en bourse en 2017, sa valorisation représentait environ la moitié des 4,1 milliards de dollars qu’elle valait en tant qu’entreprise privée. La fusion avec son concurrent Hortonworks en 2019 ne lui a pas permis de rencontrer le succès espéré, ni de renouer avec la rentabilité, peinant à rivaliser avec AWS, IBM, Microsoft ou Oracle qui proposent leur propre version d’Hadoop.