Des galettes de silicium jusqu’aux batteries de portables, l’ensemble de la production japonaise est mise à mal par les conséquences du tremblement de terre. Pour certains analystes, l’impact sur les prix, déjà sensible, est parti pour durer.

 

Les difficultés rencontrées par l’industrie japonaise sur une bonne partie de l’archipel suffisent à réveiller le spectre de la pénurie de composants et autres produits manufacturés alimentant le marché électronique mondial. Dès vendredi, l’arrêt d’une seule des usines Toshiba produisant des mémoires flash NAND (celles des smartphones et tablettes) a entraîné une flambée de 17% des cours sur ce segment de marché dont Toshiba est numéro 2 (avec 35% de parts de marché).

Même constat pour les mémoires DRAM, pour lesquelles les fabricants ont cessé de fixer les prix sur le marché Spot, après un bond de 7 %. En amont, c’est le ralentissement de l’activité des fondeurs de silicium nippons (60% de la production mondiale) qui inquiète, bien que non touchés par la catastrophe mais, indirectement, par les possibles ruptures d’alimentation électrique.

La liste est longue des industriels impactés -au Japon- par les difficultés logistiques et -ailleurs- par les problèmes d’approvisionnement en composants à prévoir. Depuis les semi-conducteurs (21% de la production mondiale est d’origine nippone) jusqu’aux batteries de portables (10% du marché mondial), en passant par les écrans LCD, les lecteurs Blu-Ray, les diodes laser, etc. Tant il est vrai que sur tous ces segments de la filière électronique, le Japon occupe une place prépondérante (14% sur le total de la filière).

Impact sur les prix jusqu’au 3ème trimestre

 

Selon les analystes d’IHS iSuppli, l’impact au niveau mondial, et en termes de difficultés d’approvisionnement, ne devrait pas se sentir dans les deux semaines à venir, compte tenu des réserves de composants en tous genres déjà dans le pipeline. Et de la bascule vers d’autres fournisseurs qu’opère le sourcing des industriels concernés. Comme le mentionne, ce mardi, par exemple, le communiqué d’Ingenico (fabricant de terminaux de paiement) qui fait état de sa politique de double sourcing (Malaisie, Chine, Vietman) « pour contourner d’éventuelles tensions dans la chaîne ».

Pour autant, selon IHS iSuppli, les ruptures de supply chain ? voire la pénurie de certains composants ? à prévoir dès avril, et surtout leur incidence sur les prix risquent de s’étaler jusqu’au troisième trimestre. Ce qu’anticipe évidemment le marché boursier, avec des valeurs hightech en chute depuis le début de cette semaine sur toutes les places. Entre autres, Cisco déjà en chute de 14% jeudi dernier après l’annonce de ses résultats trimestriels, qui continue ce mardi sa descente au Nasdaq.

A noter, enfin, que la solidarité, déjà à l’œuvre au Japon entre industriels, commence à faire des émules dans le secteur. Après Google, c’est aujourd’hui Microsoft qui propose ses services, notamment en mettant à disposition gratuitement sa plate-forme Azure pour la communication des administrations et des ONG sur place (Voir aussi l’initiative de Ricoh).