Si Broadcom a obtenu le feu vert sous conditions de la Commission européenne pour son projet d’acquisition de VMware, il doit encore convaincre outre-manche la CMA (Competition and Markets Authority). Comme le rapporte nos confrères de The Register, l’autorité de régulation a mis en ligne la semaine dernière la réponse de Broadcom aux questions soulevées par son enquête.

Ce long document d’une cinquantaine de pages, expurgé de ses données confidentielles, expose les arguments choisis pour démontrer que l’accord n’entravera pas la concurrence. Sur la question centrale de l’interopérabilité de certains composants matériels interopérables avec les logiciels de virtualisation de VMware, le géant des semi-conducteurs explique d’abord que les deux entités ont fait leur réputation sur l’interopérabilité matérielle et n’ont pas l’intention de se nuire en modifiant cette politique.

Mais une autre partie des réponses cherche à convaincre que l’accord doit permettre de faire émerger un acteur capable de rivaliser sur la virtualisation avec les hyperscalers, ce qui de manière plus inattendue amène Broadcom à déclarer que VMware n’est pas en mesure d’exécuter ses stratégies de croissance.

« VMware dispose d’une technologie de base solide et opère sur un marché éprouvé et en croissance pour les charges de travail d’entreprise. Mais les propres documents internes de VMware décrivent sa position sur le marché comme [Expurgé]. Broadcom pense pouvoir fournir à VMware l’échelle et les capacités pour réaliser son potentiel. »

Broadcom souligne que « VMware perd des charges de travail au profit du cloud public » et que même s’il dispose de toute l’offre nécessaire, il « n’a pas été en mesure de persuader ses clients de déployer son logiciel de cloud privé » (VMware Cloud Foundation).

« Les entreprises veulent une solution de cloud privé qui offre la facilité d’utilisation, la flexibilité et la résilience du cloud public. Malgré la technologie et les incitations nécessaires pour le faire, VMware n’a pas été en mesure de répondre à la demande des entreprises, après de nombreuses années d’efforts », résume-t-il sévèrement.

Pour Broadcom, les raisons de cet échec sont que VMware n’a pas l’échelle nécessaire pour développer son logiciel de cloud privé et augmenter la consommation, n’investit pas assez en R&D et n’apporte pas suffisamment de support de déploiement faute de moyens.

Pour redresser le tir, Broadcom rappelle que son plan consiste à investir 1 milliard de dollars supplémentaires par an en dépenses R&D et de doubler les capacités de services professionnels de VMware de 1 milliard de dollars à 2 milliards de dollars par an.  Broadcom déclare enfin vouloir renforcer chez VMware la mise sur le marché de ses solutions et sa structure administrative. Il n’oublie pas de rappeler son historique en matière de discipline financière et de synergies de coûts.

Un argumentaire qui apportera peut-être des réponses au régulateur britannique mais pourrait aussi soulever quelques questions chez VMware.