Alors que la plupart de ses consœurs en sont encore aux prémisses de la reprise, Ausy voit déjà sa croissance s’envoler. Nous avons demandé à son directeur général, Philippe Morsillo, sa recette.

Channelnews : Vous venez de publier une croissance impressionnante pour votre troisième trimestre fiscal : le chiffre d’affaires progresse de 29,5% dont 16% de croissance organique. Et sur les neuf premiers mois de l’année, la croissance interne atteint 13,3%. Pendant ce temps, la plupart de vos consœurs sortent tout juste de la récession. Et leur croissance est beaucoup moins forte que la vôtre. Même au plus fort de la crise, vous êtes parvenu à maintenir une légère croissance organique (+3% pour l’exercice 2009). Quelle est votre recette ?

Philippe Morsillo : En fait, nous surperformons le marché depuis cinq ans. Cela tient à des raisons internes. Nous bénéficions d’une dynamique opérationnelle tournée vers le développement. Nous avons une équipe commerciale importante et notre activité work package, c’est-à-dire en mode forfait, nous permet d’attirer de bons ingénieurs. Ceux-ci sont séduits par les opportunités d’évolution de carrière que représente le mode forfait. Celui-ci pèse 45% de nos revenus et progresse deux fois plus rapidement que l’assistance technique traditionnelle. Par ailleurs, l’une des clés de notre dynamisme est à mon avis à chercher du côté de notre université interne qui fonctionne à forte cadence tant pour nos ingénieurs que pour nos cadres. Elle permet de maintenir au meilleur niveau nos équipes et de leur assurer une bonne compréhension de nos offres.

Pourtant, les secteurs télécoms et banque-assurance ont beaucoup souffert de la crise et ont fortement réduit leurs dépenses IT. Or ces secteurs représentent près de 45% de vos revenus. Vous n’avez été impactés ?

Philippe Morsillo : Si. Mais lorsque les secteurs télécoms et financiers ont été touchés à partir de la fin 2008, notre activité R&D externalisée a continué à bien fonctionner. Celle-ci est tournée vers le secteur industriel (aéronautique, transport, énergie…) mais est peu exposée au secteur automobile. Elle pèse environ 50% de notre chiffre d’affaires. Depuis, elle est à son tour entrée dans la crise mais les télécoms et la banque-assurance ont bien redémarré, prenant son relai.

Vous avez réalisé cinq opérations de croissance externe en 2009 mais aucune cette année. Avez-vous décidé de vous en tenir là ?

Philippe Morsillo : Non. Nous travaillons sur des dossiers notamment à l’international. Nous avons déjà près de 500 personnes en Belgique mais nous aimerions grossir en Allemagne et en Grande-Bretagne. Deux pays où nous sommes déjà via des joint-ventures avec des acteurs locaux. En Allemagne, nous sommes associés à Edag, une grosse société de R&D bien implantée dans l’aéronautique et l’automobile, avec qui nous avons répondu sur un contrat EADS. C’est via cette filiale et avec l’appui de notre partenaire local, que nous envisons des acquisitions. Nous avons la même approche en Grande-Bretagne, où nous sommes associés à Moltek, spécialisé dans le secteur du spatial. Cette stratégie a déjà porté ses fruits en Roumanie, où nous développons depuis trois ans une filiale commune avec Pentalog. Cette filiale compte plus de 150 personnes et a été rentable dès la première année.

Quelles sont vos perspectives pour cette fin d’année et pour 2011 ?

Philippe Morsillo : Nous n’avons pas communiqué de prévisionnel de chiffre d’affaires pour l’exercice en cours. Mais ce que je peux vous dire, c’est que nous avions annoncé 600 embauches pour l’année et que nous dépasserons en réalité les 700. L’ensemble de nos indicateurs sont au vert. Les volumes d’appels d’offre que nous détectons actuellement sont comparables à ceux que nous avions en 2008. 2010 aura été l’année du retour à la normale sur tous les marchés sur lesquels nous intervenons. On commence d’ailleurs à ressentir des tensions sur le marché de l’emploi. Une réalité qui pousse les salaires à la hausse. Ce qui n’empêche pas notre marge de remonter (elle est passée de 4,5% en 2009 à 6,8% au premier semestre), grâce à la baisse des intercontrats et lamoindre pression tarifaire. En 2011, nous tablons sur 25% de croissance (dont la moitié en croissance organique), conformément à notre plan visant à doubler de taille en trois ans, et nous devrions embaucher 800 à 1.000 collaborateurs, dont 700 à 800 en France.