Les entreprises françaises se situent légèrement en-deçà de la moyenne européenne en termes de digitalisation (source EC DESI Report 2019). En 2020, elles continuent à combler leurs retards d’adoption d’outils numériques par rapport à l’échantillon européen.
Le plan France THD approche de 2022 qui était annoncé comme l’échéance de la fibre optique pour tous. Or, dans la continuité de 2019, et jusqu’en 2025, l’arrivée de la fibre optique partout en France sous l’impulsion du plan France THD amène les entreprises non pas à faire évoluer, mais à repenser leur IT car le haut débit leur offre de nouvelles opportunités d’être plus efficaces et résilientes (hébergement distant, DRaaS,…) ou d’offrir davantage de services à leurs clients (mobilité, self-care,…).
En outre, la fin de vie de plusieurs offres classiques du marché, historiques pour ainsi dire, alimente cette mutation. La fin du RTC, inscrite dans un horizon similaire au plan France THD, engendre une migration continue vers la ToIP Centrex, voire les UCaaS – la « cloudification » de la voix continue son chemin. Les nouvelles générations ne comprennent plus l’utilité d’un poste fixe isolé du PC. La fin de support Windows SQL pousse à la migration des bases de données vers le(s) cloud(s). La fin annoncée de Skype for Business engendre une vague de déploiement de Teams.
Le monde de l’entreprise continue à migrer intensément vers le Cloud : « Les revenus générés par les services de cloud public sur le marché de l’UE ont augmenté de 25% par rapport à 2017. Ils devraient augmenter de 45% en moyenne entre 2018 et 2020 » (in EC DESI Report 2019). La France, frileuse, est en retard sur ses voisins européens. L’ubiquité de l’offre Cloud via une multiplicité d’acteurs, publics ou souverains, rend la migration inévitable vers le Cloud le plus approprié pour chaque usage.
En 2020, l’attention de tous les fournisseurs d’équipements et de services se reporte sur le segment des PME et les ETI, en quête de performance, de compétitivité mais aussi de résilience.
Sur le marché français des télécoms et IT B2B, un fossé existe encore entre les types d’entreprises, le marqueur étant la taille de l’entreprise. Ainsi, le taux de pénétration de la fibre est très faible encore pour les entreprises de moins de 50 salariés, autour de 16% en 2018 contre 45% pour les entreprises de 50 à 500 salariés. On peut dresser des constats similaires s’agissant de l’adoption de la ToIP, du cloud ou des services de cybersécurité.
Tous les grands fournisseurs du marché, qui ont déjà largement brassé les grandes entreprises et institutions publiques, et se tournent à présent vers les acteurs plus de masse, de moins grande taille, plus distribués dans le territoire national. Or la démarche pour accompagner le client dans son projet, le déployer et l’exploiter, chez des acteurs ne disposant souvent pas de DSI, requiert toujours de la confiance et de la compétence, mais aussi de la proximité et du conseil.
Ainsi les PME et ETI viennent-elles de façon croissante aux outils collaboratifs, aux usages data en mobilité, aux procédures de backup dans le cloud, pour accroître leur performance et leur agilité. Développons deux sujets à cet égard.
Sur le marché français plus que chez nombre de nos voisins européens, Microsoft s’impose parmi les outils collaboratifs avec Teams, qui arrive dans les entreprises moyennes et grandes. Avant même de parler de solution ou de technologie, soulignons sur un changement dans les modèles de fonctionnement des entreprises. Les découpages en silo n’ont plus de sens, le pouvoir n’est plus lié à la maîtrise de l’information par quelques-uns. Cette nécessité du partage de l’information est renforcée par le besoin de communication entre les métiers d’une entreprise et avec ses partenaires. Slack a commencé le travail de sape qui consiste à donner un coup de vieux à la messagerie ; Microsoft le poursuit savamment, qui mise à la fois sur la parfaite intégration avec Office et sur un modèle économique très abordable.
Sur un autre plan, il est de plus en plus clair que même les PME et ETI ne sont plus épargnées par le risque cyber. Que l’on parle de ransomware, d’arnaque au président, de cyber espionnage ou de simple usage des ressources de l’entreprise comme serveurs de rebond pour conduire des attaques sur d’autres cibles, nul n’est à l’abri. A contrario, la protection intégrale n’existe pas. Mais il serait coupable de ne pas se prémunir, et tout au moins (i) d’opérer une sensibilisation intensive du personnel, l’utilisateur humain étant le principal vecteur du cyber risque, (ii) de recourir à une offre de services de détection et de défense, car un assaillant s’en prendra toujours à la demeure la moins défendue et (iii) de se doter des procédures et outils de plan de reprise d’activité.
2020, l’année des multiclouds pour les entreprises, et la nécessité pour celles-ci d’en unifier la gestion et la gouvernance.
Les entreprises françaises sont pourtant encore en retard. Notre classement au sein des 28 pays européens est même médiocre avec une 17ème position sur l’utilisation de services cloud par les entreprises. Un peu moins de 30% des entreprises utilisent des services cloud pour améliorer leur fonctionnement. Et moins de 20% des entreprises utilisent des services cloud moyennement ou hautement sophistiqués comme des bases de données ou des solutions de gestion.
Les freins sont connus : la sécurité du système tout d’abord avec la crainte de voir ses données piratées ou ses services inaccessibles, la sécurité des données – au sens confidentialité et souveraineté, l’accès au réseau en termes de performance et de fiabilité, l’inquiétude des dirigeants face à la rupture de modèle. Sur tous ces sujets, le marché français a réponse.
A la faveur des deux tendances précédentes, un nouveau service naît, en complément de l’offre existante : le Cloud souverain de grande proximité accessible sur des liens ultra haut débit. Faible latence, infrastructures virtualisées et proches, sont pour l’entreprise un gage de confiance. Pour le provider, ce service « edge » exige un maillage du territoire fin avec des capacités d’hébergement distribuées.
Ainsi vont cohabiter différents services cloud. Le Cloud public demeure omniprésent, avec des offres SaaS, PaaS et IaaS performantes, avec des niveaux d’industrialisation et de sécurité élevés, et une élasticité exceptionnelle à la montée en charge. Parmi eux, les clouds souverains rassurent Etats, administrations et entreprises sur la confidentialité de leurs données. Les opérateurs de clouds locaux, qui œuvrent en proximité avec du service très à façon, les opérateurs de service edge, ainsi que les infrastructures d’hébergement propres aux entreprises complètent ce panorama. Un type de service cloud correspond à un type d’usage ou de donnée spécifique.
Sur cette échelle allant du recours à un full cloud public à la création de son propre cloud privé, le cloud hybride s’impose aux entreprises. Elles y trouvent la réponse à des questions de rapidité de déploiement de services IT, de localisation des serveurs/services, de diminution des CAPEX, de formation des équipes internes. La réponse « Cloud » conduit à une distribution de services différents, produits par plusieurs acteurs sur des localisations différentes, et agrégés via une cloud management platform.
Le développement de la connectivité par la fibre va inévitablement accélérer le recours à des instances virtualisées, hébergées par des acteurs de confiance. L’opérateur télécoms et cloud, maîtrisant tant la capacité de transport que le stockage et la cloud management platform, trouve ici toute sa légitimité.
2020, encore une année de consolidation active du marché français des telecoms et de l’IT
2019 a été marquée par une vague inédite d’opérations de fusions-acquisitions dans le monde des opérateurs télécoms alternatifs, mais aussi dans les fournisseurs de services cloud et d’infogérance. Une tendance qui est allée crescendo avec une vague d’annonces au mois de novembre.
On le perçoit à travers les tendances esquissées plus haut, le marché français des télécoms et de l’IT B2B regorge encore et toujours d’opportunités. Or pour les saisir des acteurs de plus grande taille, consolidateurs, sauront acquérir les savoir-faire chez des plus modestes. Des besoins de taille critique, et d’acquisition de compétences dans un environnement où les ressources humaines sont rares pousseront encore les plus modestes à s’allier. En raison du décalage de maturité entre la France et l’Europe identifié plus haut, des acteurs étrangers s’intéressent à notre marché pour profiter de sa pente favorable (cf Destiny / OpenIP ou Eurofiber/Eurofibre), ou des acteurs français partent à la conquête de nouveaux territoires (cf Sewan). Les acteurs du private equity (cf Apax Partners/Destiny, Groupe Chevrillon/VoIP Telecom, LBO France/Ecritel, etc) entretiennent la dynamique du marché.
Les fournisseurs de connectivité se concentrent encore, c’est un effet corollaire du déploiement ubiquitaire de la fibre (cf SFR / Covage). Une note particulière avec le dénouement à venir des aventures de KOSC Telecom. Tous les opérateurs alternatifs espèrent que le marché des opérateurs de gros deviendra enfin compétitif et animé, sous la surveillance du régulateur. Dans l’intérêt des clients finals, les entreprises.