Rien ne va plus pour BlackBerry. Le titre de la firme de Waterloo cote ce lundi 8,68 dollars au Nasdaq. C’est 25% de moins que les 11,74 dollars enregistrés début juin. A cette époque les investisseurs misaient beaucoup sur QNX, le système d’exploitation destiné au marché des véhicules autonomes. Mais fin juin, la publication de résultats trimestriels en dessous des prévisions des analystes, malgré un retour à la profitabilité, étaient ressentis comme un premier coup de semonce. L’augmentation de 10 à 15% des revenus issus du logiciel, promise par le CEO John Chen pour cette année semblait bien compromise. Le patron de la division QNX de la société, Grant Courville, annonçait toutefois la signature imminente de contrats avec trois parmi les principaux constructeurs automobiles. Mais deux mois après on ne voit toujours rien venir. Au contraire, les mauvaises nouvelles s’accumulent. Intel, qui vient de finaliser l’acquisition pour 15,3 milliards de dollars de Mobileye (qui a développé son propre système d’exploitation), représente de plus en plus une menace pour le Canadien. Ainsi, Audi utilise la technologie Intel pour le système de sécurité embarqué de la prochaine génération d’A8, présentée comme un des véhicules autonomes les plus avancés actuels. Toyota a de son côté rejoint la semaine dernière un consortium technologique réunissant le fondeur, Ericsson et Denso, rejetant au passage QNX au profit d’AGL (Automotive Grade Linux).Enfin, la plateforme de conduite autonome développé conjointement par BMW et Intel, vient d’être ralliée par Fiat Chrysler.

La firme de Waterloo peut toutefois s’enorgueillir d’avoir signé l’an dernier un accord avec Ford pour poursuivre l’intégration de QNX à ses véhicules. Dans ce cadre, le constructeur a d’ailleurs recruté 400 salariés de BlackBerry. Mais cela semble bien maigre aux investisseurs. Et pour ne rien arranger, les analystes estiment que la société canadienne terminera son exercice actuel avec un chiffre d’affaires inférieur à un milliard de dollars, bien loin des 20 milliards de dollars atteints lorsque la société dominait le marché des smartphones. Un déclin qui devrait se poursuivre au cours de l’exercice suivant. « On nous parle de retournement depuis 5 ans. Les gens perdent patience », a résumé à Reuters, Joel Kullina, un spécialiste du secteur technologique de Wedbush Securities.

Grant Courville a toutefois écarté la menace Intel rapporte Reuters, expliquant que QNX était partie prenant d’au moins six projets de voiture connectée, dont certains concernant des véhicules autonomes, sans toutefois citer de noms.