Après avoir déjà publié une analyse du marché du libre, le Conseil national du logiciel libre (CNLL) présente une nouvelle enquête sur l’état des lieux de la filière open source en France. Menée auprès de 140 entreprises et d’une vingtaine de personnalités de l’écosystème, elle est l’occasion de prendre le pouls de la filière et d’exprimer ses attentes.

L’étude affiche d’abord une ambition : « La filière française du libre se voit, à juste titre, comme le fer de lance d’un numérique éthique et responsable, et de la reconquête de sa souveraineté numérique par la France et l’Europe », expose en préambule Stéphane Fermigier, fondateur de l’éditeur Abilian et l’un des co-présidents du CNLL. Pour cela, la filière dit avoir besoin du soutien de toutes les parties prenantes, pouvoirs publics en tête.

Or, seuls 29% des répondants à l’enquête estiment que la France met en œuvre une stratégie industrielle open source pour reconquérir de la souveraineté numérique. Quand 93% des dirigeants de la filière la considèrent comme une priorité pour l’avenir économique et démocratique du pays.

Selon eux, les principes clés de l’open source (ouverture, transparence, contrôle des données…) peuvent contribuer à préserver cette souveraineté numérique. 43% pensent que ce constat est partagé par leurs clients et qu’il est déterminant dans la signature d’un tiers des nouveaux contrats.

Les acteurs du secteur reprochent aussi à l’État de ne pas jouer pleinement son rôle de moteur économique. Deux tiers estiment que les administrations n’encouragent pas suffisamment les logiciels libres et les formats ouverts. Ce que prévoit pourtant la Loi depuis 2016, en particulier au niveau de la commande publique.

Pour contrer l’hégémonie des GAFAM et autres Big Techs américaines, ils appellent à ce que l’État et les régions aillent plus loin dans les actions de définition et de mise en œuvre d’une véritable stratégie industrielle open source. Cela en aidant les administrations à s’engager activement dans l’écosystème du libre et en donnant une vraie priorité à l’achat de produits et services open source français et européens, notamment issus de PME.

Le jeu en vaut la chandelle pour un secteur qui représente 5,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuels et qui est fortement créateur d’emplois. 61% de ses entreprises s’apprêtent à recruter cette année rappelle l’enquête. Encore faut-il que le message soit entendu… Ce qui est toujours plus facile à la veille d’échéances électorales.