Les salariés de Scopelec, qui espéraient être fixés sur leur sort le 8 décembre, devront encore prendre leur mal en patience. Après une audience de plus six heures, pour examiner les offres de reprise du groupe coopératif mis en redressement judiciaire, le tribunal de commerce de Lyon a finalement mis sa décision en délibéré au 28 décembre.

Devant le tribunal, les 6 sociétés Alsatis, Circet, Foliateam, Kyntus, Newscope et Solutions 30 ont détaillé leurs offres de reprise, partielles ou totales, dans un but de sauvegarde au bénéfice de la société Scopelec S.A. et sa filiale indirecte Setelen.

Si l’audience s’est tenue à huis-clos, Ralph Blindauer, avocat du comité économique et social (CSE) de Setelen s’est ensuite exprimé sur l’évolution de la situation.  « Les deux administrateurs et les deux mandataires judiciaires, ainsi que le parquet, se sont prononcés en faveur du projet de Circet », a-t-il déclaré à l’AFP. Interrogés par La Tribune, les représentants du CSE de Setelen ont expliqué s’être également positionné en faveur de cette offre qu’ils considèrent comme « plus fiable ».

Circet est un important fournisseur de services d’infrastructures télécoms en Europe et a présenté l’une des deux offres de reprise globale de Scopelec. Dans son offre finale, il propose de s’associer à Foliateam et de reprendre environ 1100 des 2200 salariés de Scopelec. Solutions 30 pourrait en complément reprendre la filiale Scopelec Sud-Est. L’offre de Circet semble donc tenir la corde, surtout sur le plan de la solidité financière. En pleine expansion internationale (14 pays), le groupe qui emploie 12 950 collaborateurs a réalisé un chiffre d’affaires cumulé de 2,4 Md€ en 2021 et vise 3,2 Md€ en 2022. Il est détenu depuis 2021 par le fonds britannique ICG.

La seconde offre globale est le projet Newscope porté par Carlos Verkaeren, président du directoire de Scopelec avec le soutien d’une grande partie des salariés. C’est la mieux-disante sur le plan social avec 1457 emplois conservés. Elle propose de poursuivre le projet coopératif en diversifiant les activités. Kyntus pourrait compléter l’offre avec la reprise d’une partie des activités de Scopelec en Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val-De-Loire et sur l’Île de la Réunion.

Le projet Newscope est soutenu par de nombreux élus, notamment la présidente de la région Occitanie Carole Delga, le maire de Lyon Grégory Doucet et une dizaine de députés dont le député de la Somme François Ruffin.

« Le tribunal de commerce doit choisir entre deux sortes de projets diamétralement opposés. Soit des entreprises dont les fonds sont détenus par des puissances étrangères. Soit les salariés eux-mêmes, qui, à 80% sont favorables au projet Newscope, l’ayant eux-mêmes abondés à hauteur d’1 million d’euros », déclarent-ils dans un communiqué commun. Selon eux, cette solution serait « triplement gagnante » par le maintien de l’emploi, de la souveraineté dans le secteur des télécoms et « avec une gestion rigoureuse, non spéculative ».

Carlos Verkaeren pensait également avoir obtenu le soutien d’Orange, l’opérateur s’étant engagé à fournir à Newscope un acompte à hauteur de 14 millions d’euros pour faciliter le début d’activités. Mais revirement ou clarification, Orange lui a donné tort la veille de l’audience en déclarant que cet engagement n’était nullement exclusif à Newscope.

S’il se défend de soutenir un candidat, l’opérateur n’en pas moins envoyé un courrier aux organes de la procédure pour exprimer « des avis sur les capacités opérationnelles des candidats ». Dans ce courrier, il fait part de ses doutes sur le financement de l’offre de Newscope et se dit en faveur d’une reprise par un consortium composé de Circet, Foliateam, Solutions 30 et Kyntus. Un geste qualifié par Carlos Verkaeren de « coup de poignard dans le dos ».

Il revient maintenant au tribunal de commerce de Lyon de rendre sa décision.