C’est une enquête qui va à contre-courant de tout ce qui s’écrit sur le cloud. Une enquête menée par EuroCIO, qui rassemble des grands utilisateurs d’informatique européens, auprès d’une centaine de ses membres indique un mécontentement grandissant envers les principaux fournisseurs de cloud. Mécontentement qui se traduit par un appel au réveil de ces fournisseurs, par une ralentissement de l’adoption du cloud et même quelquefois sur la mise en place d’une stratégie de sortie du cloud. Sont pointés du doigt SAP, Oracle, Microsoft, IBM, Salesforce, Google et, dans une moindre mesure, Amazon pour leur tarification et leurs modèles de gestion des licences et contrats. « Environ 20% de la base de clients des principaux fournisseurs de cloud computing choisissent de réduire leurs services en nuage. De plus, les récents changements apportés aux modèles de tarification génèrent des coûts de licence supplémentaires et obligent les DSI / utilisateurs professionnels à étudier les stratégies de sortie », indique un communiqué de l’organisation.
Avec son nouveau modèle d’activité et de licence et son approche d’accès indirect, SAP concentre le plus de critiques. « Le nouveau système de mesure «non humain» (accès indirect / numérique) constitue une aggravation majeure pour les membres d’EuroCIO, car il génère des augmentations de coût liées à des règles de conversion non équilibrées et non transparentes », peut-on lire. Voice, le réseau qui regroupe des DSI allemands a d’ailleurs déposé plainte auprès du Bundeskartelam (Office fédéral de lutte contre les cartels) à propos du nouveau modèle de licence de l’éditeur.
Autre fournisseur en point de mire pour ses pratiques commerciales : Oracle. Destinataire de plusieurs courriers d’EuroCIO mais aussi du Cigref (réseau des grandes entreprises et administrations françaises), la firme californienne est critiquée pour ses « contrats inflexibles et non transparents, son manque d’engagement envers les clients et ses audits hostiles ». Le communiqué pointe notamment la nouvelle politique de licence concernant Java. Le fournisseur a en effet introduit une politique de « double licence » avec une version freemium open source publiée tous les six mois pour les développeurs (cycle court) et des licences payantes de 3 ans pour les entreprises, ce qui selon l’organisation a un impact financier sur les grandes entreprises et les PME.
La principale critique à l’encontre de Microsoft est l’absence d’outils permettant aux clients de contrôler leur coûts et leur capacité dans Azure. « Avec le nouveau modèle de licence par cœur, les coûts annuels peuvent augmenter de 50%. Un autre grief est que dans Microsoft Azure, la réduction de la taille n’est pas une option : les clients doivent s’engager pour une certaine capacité », s’insurge EuroCIO
Enfin, selon les DSI ayant participé à l’enquête, Google obtient le score le plus bas en termes de protection et de propriété des données. « Pour une entreprise qui gère autant de données personnelles, il s’agit d’un problème sérieux qui devrait motiver Google à améliorer ses performances », constate l’association, qui dénonce le comportement de tous ces éditeurs. « Un grand nombre des principaux éditeurs de logiciels en place montrent des signes de comportement monopolistique. Bien que le marché du cloud soit maintenant plus concurrentiel avec un éventail plus large de fournisseurs, certains des nouveaux venus à la croissance rapide essaient la même tactique ou sont achetés par des opérateurs historiques et alignés sur leurs politiques de domination du marché ».
Les résultats de cette enquête on fait l’objet au mois de septembre dernier de discussions avec la direction générale de la concurrence de la Commission européenne. EuroCIO a notamment demandé à cette dernière que ces pratiques figurent à l’agenda politqiue de la Commission. L’organisation se dit également prête à engager des discussions individuelles avec les fournisseurs au sujet de ces pratiques.