Lundi dernier, le procureur fédéral de l’Etat de Washington, Bob Ferguson, portait plainte contre l’interdiction faite aux habitants de six pays d’Afrique et du Moyen-Orient de pénétrer sur le territoire américain. Le temps que cette plainte (ainsi que celles déposées par plusieurs juges fédéraux) soit examinée, le juge fédéral de Seattle James Robart (nommé par Georges W. Bush) a bloqué le décret Trump sur l’ensemble du territoire. Suspension confirmée jusqu’à ce lundi par la cour d’appel de San Francisco qui a rejeté l’appel de la Maison Blanche. Le juge Robart avait reçu auparavant un amicus brief (mémoire) signé par 97 chefs d’entreprises technologiques, dont une majorité de la Silicon Valley, demandant la suspension du décret, qui rappelons-le révoque également 60.000 visas accordés aux ressortissants de ces pays.

Le document rappelle que plus de 200 entreprises du Fortune 500 ont été fondées par des immigrants ou des enfants d’immigrants (c’est notamment le cas d’Apple, fondé par le fils d’un immigrant syrien). Par ailleurs, depuis 2000 un tiers des prix Nobel américains en chimie, médecine et physique ont été attribués à des immigrants.

Les signataires sont d’autant plus remontés contre le décret que l’administration Trump a fait savoir qu’elle allait « écraser » l’immigration dans la Silicon Valley en changeant la nature du visa H-1B, accordé à des profils très spécialisés. Selon le Silicon Valley Business Journal, 85.000 de ces visas ont été délivrés en 2016. Facebook à lui seul emploie 3.339 salariés détenteurs du précieux visa.

Le mémoire a été notamment signé par les patrons d’Apple, Airbnb, Autodesk, Dropbox, Cloudera, Citrix, DocuSign, Dynatrace, Facebook, Google, GoPro, Intel, LinkedIn, Meetup, Microsoft, Mozilla, Netflix, Netgear, PayPal (dont le co-fondateur Peter Thiel soutient activement Donald Trump), Pinterest, Salesforce, Spotify, Twitter, Uber, Wikimedia, Workday ou encore Zynga.

Comme le remarque malicieusement le Silicon Valley Business Journal, Cisco, Oracle (dont la co-présidente Safra Catz figure parmi les conseillers de Donald Trump) et Tesla (dont le CEO Elon Musk figure lui aussi parmi les membres du conseil économique du président américain) ne figurent pas parmi les signataires. Nos confrères auraient également pu citer IBM dont la CEO Ginni Rometty participe aussi aux réunions du conseil.