Comme on le sait, le gouvernement (Emmanuel Macron et Manuel Valls en tête), les syndicats et les associations de consommateurs s’inquiètent du rachat de Bouygues Telecom par SFR-Numericable, rachat qui selon eux

risque détruire des l’emplois, provoquer le ralentissement des investissements dans les réseaux télécoms et augmenter la facture du client.
Cette position est loin d’être partagée par l’Idate.

Selon le think tank spécialisé dans l’économie numérique, les médias, l’internet et les télécommunications, les prix – particulièrement bas, et ce au détriment de l’investissement et de l’innovation – ne devraient pas forcément augmenter en France.  » Free dans le mobile devrait rester logiquement agressif sur un plan tarifaire pour réduire l’écart de part de marché : il ne représenterait qu’un peu plus de 7% des revenus du secteur loin derrière Orange (43%) et le nouvel SFR (avec un peu moins de 50%). Dans le fixe les parts de marché sont moins dispersées (respectivement 23,5%/41,5%/35%), mais la concurrence ne devrait pas disparaître », estime l’Idate.

Par ailleurs, si en Autriche le passage de 4 à 3 opérateurs a stoppé la tendance à la baisse des prix et s’est même traduite par une hausse conséquente en 2013 (environ 20% d’augmentation en un an), au Royaume-Uni la consolidation n’a pas empêché le mouvement de recul des prix. Le prix moyen de la minute mobile a ainsi baissé de 17% entre 2009 et 2012.

En ce qui concerne l’investissement, l’Idate constate que celui-ci a déjà baissé en 2014 dans l’Hexagone. Il estime que le risque que cette baisse se poursuive reste théorique  » si l’on prend en compte la situation d’un secteur qui a du mal à se relever et à investir à la hauteur de la croissance du trafic THD fixe et mobile « .

Concernant le fixe, il pense que cette opération, si elle se réalise, pourrait servir de levier aux pouvoirs public pour obliger les opérateurs (notamment les principaux investisseurs que sont SFR-Numéricable et Orange) a déployer les réseaux THD en fibre conformément à leurs engagements.

Evoquant l’évolution du marché de la mobilité outre-Manche, l’institut fait remarquer que suite à la consolidation, l’investissement du nouvel ensemble s’est replié en 2010 mais est remonté ensuite. En Autriche, l’investissement de l’entité consolidée regroupant Orange et Hutchison (sous l’appellation « 3 ») s’est légèrement replié mais l’effort relatif est passé de 16,5% en 2012 à près de 20% en 2014.

Une opération avantageuse pour les quatre opérateurs

L’Idate n’évoque pas la situation de l’emploi dans le secteur mais s’attache aux avantages que les quatre opérateurs actuels pourraient retirer de l’opération.

Numericable-SFR devrait bénéficier de quelques 2 milliards d’euros de cash provenant de la cession du réseau de Bouygues à Iliad/Free et trouver des occasions d’économies d’échelle dans l’apport de la clientèle de Bouygues. Ce dernier.trouverait une porte de sortie  » à des conditions bien supérieures à ce qui était envisagé il y a 6 mois alors même qu’à court terme les perspectives de free cash flow positif ne sont pas assurées « .??

Iliad pourrait quant à lui anticiper la fin des accords de roaming avec Orange et bénéficier rapidement d’un des deux meilleurs réseaux 4G en matière de couverture et, probablement, disposer de nouvelles fréquences.??

Quant à Orange, il pourrait perdre plus tôt que prévu les revenus de roaming de Free mais aurait tout à gagner d’une stabilisation des prix.

Le grand perdant de l’opération pourrait être (si l’on exclut les salariés de Bouygues et de SFR-Numericable) l’Etat qui comptait sur des enchères à quatre acteurs pour l’attribution prochaine des bandes de fréquences 700 MHz.